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Chapitre 98

Ça fait quelques mois que le mariage a eu lieu, et notre vie a repris son cours, dans toute sa monotonie (que j’apprécie hein !). Enfin, non, c’est pas tout à fait vrai, il y a eu un autre élément majeur quelques semaines plus tôt : Cam a fait son coming-out à maman et Valentin (une fois que je lui ai donné le feu vert après avoir enquêté).


On les a espionnés de la cuisine avec Aran, alors qu’ils parlaient dans la salle à manger. Ils ont beaucoup pleuré, tous les trois. Mais pas parce que ça s’est mal passé hein ! En fait, Camille s’est mise à pleurer parce qu’elle a finalement lâché tout ce qu’elle gardait pour elle depuis tout ce temps, et maman et Val ont pleuré surtout par empathie, et parce qu’ils étaient heureux qu’elle se confie enfin à eux. La conversation a duré des plombes, mais tout est bien qui finit bien !


Bon, Cam n’a pas encore son nouveau prénom, mais d’après ce qu’elle m’a raconté (parce qu’on a fini par se faire virer de la cuisine), Val a dit qu’il voulait un peu de temps pour intégrer l’information, pour ensuite pouvoir discuter en étant moins submergé d’émotions. Compréhensible. Mais j’suis trop contente pour elle, parce que maintenant, Camille ne se fait plus mégenrer dans la maison ! Bon, on a encore des ratés de temps en temps, mais on se reprend tout de suite, alors elle s’en fiche. Ils finiront bien par disparaître ! Et ça s’entend qu’elle en est heureuse, ils sont beaucoup plus joyeux les morceaux de guitares qu’elle joue, depuis.



Eh ben… Je ne m’y attendais pas du tout, je dois l’avouer. J’ai cru remarquer qu’il y avait un petit éloignement entre nous en effet, mais je m’étais dis que c’était simplement que Camille grandit et s’éloigne de ses parents, c’est normal. Jamais je n’aurais pensé que… qu’elle traversait une période difficile comme ça. Mais maintenant, nous allons pouvoir l’aider au maximum ! Ça fait quelques semaines qu’elle nous a tout dit, et avec Valentin nous sommes prêt à discuter avec elle des tenants et aboutissants d’une possible transition médicale et administrative, après avoir fait quelques recherches de notre côté. Comme elle est mineure, elle est obligée de passer par nous, évidemment.


On a fini par se réunir tous les trois dans le salon pour en parler. On a discuté un peu, et Valentin a fini par demander si elle voulait commencer à s’intéresser à la prise d’hormones. A notre grande surprise, Camille a fait un grand sourire, a sorti son téléphone, et a commencé à nous faire la liste de tous les médecins qui pourraient l’aider. Je vois qu’elle y a bien réfléchi ! Ça semble impliquer un coming-out à l’extérieur du cadre familial, mais elle a l’air prête. Soit.

« Mais avant, je voudrais qu’on discute de… mon prénom.

— Tu veux le changer, c’est ça ? demandé-je avec un sourire rassurant.

— Oui. Et, en fait, j’aimerais… j’aimerais que ça soit vous qui le choisissiez. Si vous voulez bien. »

Je ne peux m’empêcher d’être touchée par sa proposition. Qu’elle demande à Valentin n’a rien d’étonnant, mais qu’elle m’inclue me fait étrangement très plaisir.


« Avec joie. Mais tu dois déjà avoir des idées, non ? Les parents imposent un prénom à leur enfant quand il naît parce qu’il ne peut pas décider, mais on va quand même profiter du fait que tu sois en âge de donner ton avis, non ? demande Valentin en riant. »

Camille rit aussi.


« Oui, c’est vrai. Hum… J’ai quelques idées, en effet. Je sais pas si vous vous rappelez, mais quand Aran est né, j’avais demandé si vous aviez hésité entre plusieurs noms, et vous m’en aviez mentionné quelques uns, masculins et féminins. J’imagine que ce sont toujours des prénoms qui vous tiennent à cœur, alors… je me disais… qu’on pourrait choisir parmi ceux-là ? »


Valentin et moi partageons un regard avant de tourner à nouveau notre attention vers notre fille.


« Tu as raison, et c’est une excellente idée ! m’exclamé-je, alors que mon mari hoche la tête. »


Nous refaisons ensuite la liste, et on en élimine quelques uns, y compris celui qui aurait servi pour Aran s’il avait été une petite fille. Camille et lui sont deux personnes différentes, ça serait peut-être trop les assimiler, je ne sais pas… De toute façon, ce n’est pas ce prénom-là qui plaît le plus à Camille.


« Oh… J’aime vraiment beaucoup celui-ci, dit-elle en pointant du doigt celui que vient de noter Valentin.

— C’est vrai ? C’est aussi un de mes préférés.

— Et toi, Lana, tu en penses quoi ? »

« Je pense que si il te plaît, il sera parfait pour toi, réponds-je avec un grand sourire. »


Elle me regarde un instant, puis prend une grande inspiration avant de regarder à nouveau la feuille. Petit à petit, un sourire se fraye un chemin sur ses lèvres.


« Je… Je veux essayer, oui. Je sens que je peux m’y habituer très vite.

— Alors c’est décidé. Si tu sens que finalement ce n’est pas le bon après quelques temps, dis-le nous, mais à partir de maintenant, nous t’appellerons Syrah*. »


Des larmes commencent à couler sur ses joues, alors Valentin et moi nous nous empressons de la prendre dans nos bras. Ça doit être un terrible soulagement pour elle. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un mois riche en émotions !



Vous savez quoi ? Ma sœur a un nouveau prénom ! Mais non, pas Aegis… Camille. Enfin, c’est plus Camille, du coup. C’est Syrah. Et j’aime bien ! Il faut que je m’habitue, mais même elle des fois elle se trompe, comme c’est tout récent. On va s’y faire.


Enfin, en attendant, j’ai faim ! Je sors de ma chambre après avoir fini mes devoirs pour descendre prendre un goûter. Sur le trajet, je croise papa et Syrah qui discutent.


« Ma chérie, c’est assez loin, tu n’as pas trouvé plus près ? On n’habite plus là-bas depuis des années.

— Tu crois que c’est facile de trouver un médecin qui acceptera d’entendre parler de transition médicale ? Je t’ai dis que la discrimination était encore bien présente à ce niveau-là, non ? »

« Oui, bien sûr, et je l’ai constaté moi-même en regardant des témoignages, mais –

— Papa. Je me suis renseignée. Ce médecin est le plus proche de chez nous parmi ceux recommandés dans la communauté trans de la région. On peut essayer d’aller en voir un plus près, mais… je… j’ai vraiment peur de me retrouver face à quelqu’un de… de…

— Oh, ma puce… Je suis désolé. Je comprends. Tant pis, nous irons jusqu’à San Myshuno. Et puis, après réflexion, ce n’est pas si loin. »


Syrah sourit et prend papa dans ses bras en le remerciant.

Y’a vraiment des médecins qui sont méchants avec leurs patients ? Mais pourquoi ? Ok, elle m’a expliqué qu’il y a des gens qui discriminent les personnes transgenres, mais des médecins ? Pour moi c’était les superhéros du monde réel. Avec les pompiers.

Ça me plaît pas trop cette histoire. Mais s’il y a des médecins méchants, peut-être que pour contrebalancer, il faut qu’il y ait plus de médecins gentils ? Et si… Et si je devenais moi-même un médecin gentil ? Ooh, c’est une bonne idée, non ? Comme ça, je pourrais aider les gens comme Syrah qui veulent transitionner sans qu’ils ou elles aient peur de me parler !


Je m’arrête immédiatement de marcher vers la cuisine et tourne les talons pour finalement retourner dans ma chambre. Je vais réfléchir à tout ça !



J’en ai parlé à maman, et elle m’a dit que c’était vraiment très bien comme projet, mais elle a insisté sur le fait qu’il fallait que je travaille dur, parce que c’est très difficile d’être médecin. M’en fiche ! Moi ça m’fait pas peur ! Alors j’ai recommencé à travailler à l’école. Bon, ça m’ennuie toujours, du coup j’ai demandé à la maîtresse si elle pouvait me donner du travail supplémentaire, comme en maths ou en sciences. Elle a été surprise mais a accepté. Chouette !


Et maman m’a même acheté un kit de médecin, pour que je puisse m’entraîner à faire les bons gestes. J’suis trop content. Bon, là, je pratique sur un nounours, je sais que c’est pas pareil, mais c’est un début. Peut-être que je pourrais demander à papa si il accepterait que je l’ausculte ?

Et puis, Syrah a fini par le savoir, alors que je voulais lui faire la surprise le jour où j’aurai eu mon diplôme ! … Bon, j’imagine que c’est pas trop possible. Tant pis.


« Maman m’a dit que tu voulais devenir médecin, Aran ?

— Oui ! J’t’ai entendue dire à papa que y’avait beaucoup de méchants médecins, alors j’ai envie de devenir un gentil médecin pour aider les gens qui se font discriminer. »

J’ai dû lâcher mon stéthoscope parce qu’elle m’a pris dans ses bras tout de suite en me disant que j’étais trop mignon et qu’elle espérait de tout son cœur que j’y arrive. Alors ça, si c’est pas un super boost pour ma motivation, j’sais pas c’que c’est !


• • •


* La syrah est un cépage noir français et suisse, caractéristique de la partie septentrionale des Côtes du Rhône et de la Vallée du Rhône (oui j’vous copie littéralement Wikipedia, j’assume). C’était un des prénoms que j’avais présélectionnés pour les enfants de Lana, et donc… voilà !

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