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Chapitre 96

C’est bientôt le mariage de maman et Valentin ! J’ai hâte. J’ai acheté une super jolie robe pour l’occasion, héhé. On les a aidés à faire les préparatifs et tout, c’était sympa, ça nous a fait passer du temps en famille ! On va faire ça dans le jardin. Pas besoin d’une grande cérémonie dans un lieu chic, ça les intéresse pas. Ce que je comprends !

Bon, j’ai essayé de voir si je pouvais créer un robot capable de faire le service pendant la fête, mais apparemment, j’ai encore du travail… Tant pis ! Une prochaine fois, peut-être.


Maman est aux anges, elle n’arrête pas de sourire, tout le temps. Ça me fait vraiment plaisir de la voir aussi heureuse.

Même si j’aimerai bien que ça soit pareil pour papa… enfin, je perds pas espoir ! Et puis, il n’est pas malheureux non plus, d’après ce qu’il dit, et je le crois. D’ailleurs, je lui ai demandé s’il voulait que j’empêche maman de l’inviter au mariage, et il a dit non, que ça ne le gêne pas de venir. Boh… Ok. Il est bizarre quand même… Je le soupçonne d’avoir envie de la voir en robe de mariée. C’est vrai que ça doit valoir le détour, de voir ma sportive de mère dans une robe de princesse ! Bon, je dis ça, mais en vrai, sa robe est pas si froufrouteuse que ça… mais ça change !


Val, bah… il est comme maman, toujours le smile. Mais en plus lui il a une raison supplémentaire, il vient d’être nommé directeur de département à la fac. Fini les mômes ! Il n’enseigne plus du tout au lycée (ni au collège) maintenant. Seulement à la fac. La classe… Du coup ça doit moins le saouler de s’occuper d’enfants comme nous après, héhé.

Ah et j’vous ai pas dis, mais le petit, là… Je l’ai vu se trémousser sur des airs de jazz et de blues l’autre jour, alors je lui ai montré un peu comment bouger son popotin, et il est doué ! Je danse plus trop, j’avoue, je préfère faire de la robotique… mais ça m’a quand même fait délirer de lui apprendre !

En plus, son anniversaire a lieu un peu avant le mariage. Qui sait, on va peut-être enflammer la piste tous les deux, le jour même ? Ça va être stylééé… !


Ah et j’ai aussi réussi à remotiver Camille pour les devoirs. Il avait jamais arrêté de les faire hein, mais il trainait toujours un peu la patte. Du coup maintenant on se soutient et on s’aide mutuellement, c’est cool !

Surtout qu’il est meilleur en chimie que moi, alors quand papa est pas dans le coin (c’est-à-dire… souvent), c’est lui qui m’aide. Et en échange, je l’aide en physique ! Un bel échange de bons procédés, moi j’vous le dis ! P’is y’a Valentin pour les matières littéraires, comme c’est la littérature qu’il enseigne… On est rodés.


Et puis, un jour, alors que je cherche désespérément mon bouquin de maths, je me rappelle que je l’ai laissé dans mon casier comme une idiote… On est vendredi soir. J’ai un devoir à rendre lundi… et j’ai pas commencé. Parfait ! Paniquée, je sors de ma chambre mais m’arrête avant de rentrer en trombe dans celle de Camille. Ça a beau être mon meilleur-pote, je vais quand même pas débouler comme ça…


Je l’entends fredonner à l’intérieur. La porte est juste posée sur le chambranle, elle n’est pas fermée, alors je pousse un peu. Je devrais pas rentrer sans qu’il me voit, mais je sais pas, c’est plus fort que moi…


Il est devant son miroir, souriant, les cheveux lâchés. Woah… Ses cheveux ont poussé… Il les garde tout le temps attachés, alors c’est difficile de se rendre compte.

Il ne fait rien de spécial (à part s’admirer j’veux dire), mais pourtant j’ai l’impression d’empiéter sur son intimité.

Je referme alors doucement la porte, et toque. J’entends un ‘merde !’ dans la pièce et il s’écoule quelques secondes avant que la porte ne s’ouvre.


« Hey, Ae’ ! Que… Qu’est-ce que tu veux ? »


Oh. Il a rattaché ses cheveux. Mais pourquoi… ?

Il me regarde bizarrement, comme je ne réponds pas, mais je finis par reprendre mes esprits.


« Oh, euh, pardon. Est-ce que je peux t’emprunter ton livre de maths ? J’ai oublié le mien au lycée, et j’ai un DM super long à faire pour lundi.

— Haha, c’est bien ton genre ça, tête en l’air, me charrie-t-il en se dirigeant vers sa bibliothèque. »


Je ne reste pas dans l’entrée et pénètre dans la pièce. Machinalement, je regarde sur la gauche, et aperçois un drapeau piqué au dessus de sa commode.


« Ah, c’est nouveau ça, non ? C’était pas là la dernière fois que je suis entrée dans ta chambre. »

« De quoi tu – oh. »


On dirait qu’il a vu un zombie. Genre, un vrai, pas dans un film. Mais finalement, il me sourit.


« Ouais, je le trouvais joli.

— Oui, il est beau. Ça a une signification particulière, ou –

— Ah ! Voilà le livre. Tiens ! me coupe-t-il en me mettant le bouquin dans les mains. Tu ferais mieux de te dépêcher, j’ai eu cette prof l’année dernière, elle est intransigeante pour les devoirs en retard !

— Euh… Oui, tu as raison. Bon bah… A toute… !

— Ouais, courage ! »


Et c’est limite s’il me pousse pas dehors avant de fermer derrière lui. Est-ce que j’ai dis quelque chose qu’il ne fallait pas… ?



Plus les jours passent, et plus je me dis que ouais, j’ai dû faire un truc nul, parce qu’il m’évite. Enfin… quand on est en famille ça va, mais dès qu’on est tous les deux, il s’arrange toujours pour trouver une excuse et partir. Et c’est vraiment bizarre, parce qu’on passe normalement beaucoup de temps juste tous les deux…


Du coup, vu qu’il a pas l’air de vouloir me dire ce qui cloche, je décide de faire moi-même un peu de recherches. Je tape ‘drapeau rayé bleu, rose et blanc’ sur google, parce que je peux pas m’empêcher de me dire qu’il y a un lien, vu qu’il m’a mise dehors au moment où je lui ai demandé si ça avait une signification.

Bon… une signification, y’en a une. Et pas des moindres.


‘Faut vraiment que je lui parle…



Le jour de l’anniversaire d’Aran est là, et je n’ai toujours pas trouvé de moment pour parler à Camille. J’espère avoir une opportunité ce soir…


Enfin bon. Je sais pas si Aran est ravi de grandir, regardez-le… Il a l’air de faire la tête un peu là non… ?

Mais deux minutes plus tard, il saute dans les bras de Valentin pour souffler ses bougies. Bon bah j’me suis plantée hein !

Mon petit frère est tout beau !

On est resté un peu pour profiter de la bonne ambiance d’anniversaire, mais j’ai vu Camille partir discrètement, alors je lui ai un peu couru après. Je me suis mise devant la porte de sa chambre pour l’empêcher de passer.


« Hey, Cam…

— Aegis ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu… Tu peux me laisser passer ?

— Euh, oui, mais… juste… je… »

Son regard me fait comprendre que je ferais bien de me dépêcher de dire ce que j’ai à dire.


« Je veux que tu saches que… Peu importe ce que tu traverses, ce que tu ressens, tu peux m’en parler. Je tiens vraiment à toi, et je n’aimerai pas que tu aies peur de te confier à moi. Bien sûr, rien ne t’oblige, mais… voilà. Je voulais que tu le saches. »


Je ne sais pas trop ce que veut dire son air surpris, mais… j’espère que mon message est passé.

« Je… Je vais te laisser maintenant. La porte de ma chambre est grande ouverte si tu veux. »


Je m’apprête à y entrer quand sa voix m’interrompt.


« Attends, Ae… »


Je me retourne et l’observe en attendant la suite.


« … Peut-être… Peut-être que j’aurai besoin de parler, c’est vrai… Tu… Tu viens ? »


Je lui fais un grand sourire, et nous pénétrons dans sa chambre avant d’aller s’installer sur le lit.


« Ça me touche vraiment ce que tu dis, et… J’avais pas l’intention d’en parler à qui que ce soit, mais… en t’écoutant, je me suis rendue compte que j’avais besoin d’en parler à quelqu’un dont je suis vraiment proche… et qui me rejettera pas. »

Je hoche la tête mais ne dis rien pour lui laisser l’opportunité de continuer.


« Hum… Comment te dire ça… Quand… Quand je suis née, on a dit à mon père que j’étais un petit garçon. Et j’ai jamais tellement remis ça en question. Je suis un garçon, très bien. Et puis… l’adolescence est arrivée, et j’ai commencé à me sentir très mal dans ma peau, avec la puberté. J’ai pas trop compris pourquoi, au début… mais… j’ai fini par comprendre que le corps que je voyais dans le miroir, c’était pas… c’était pas moi, en quelque sorte… »


Je l’observe un moment, puis, en voyant que la conversation n’allait pas reprendre avant que je dise quelque chose, j’ai ouvert la bouche :


« Est-ce que… Est-ce qu’il y a quelque chose que je puisse faire pour toi ? Pour te faciliter la vie, et t’aider ?

—Eh bien… Oui, il y aurait bien quelque chose…

— Je t’écoute.

— Est-ce que tu pourrais… quand on est juste toutes les deux… utiliser le féminin, quand tu parles de moi… ? »


Ah, ça, c’est dans mes cordes !

« Ok, ça sera fait ! Euh, je m’excuse d’avance si j’ai des ratés, mais… oui, je ferais attention, promis.

— Tu es une sœur géniale, vraiment.

— Je sais, je sais… ! Oh, et… est-ce que je continue de t’appeler Camille, ou… ?

— Hm. Pour l’instant oui… En fait j’aimerai… j’aimerai choisir un nouveau prénom, et j’aimerai le faire avec papa et Sélana… mais ça implique… leur faire mon coming-out… et j’ai très peur de leur réaction, je t’avoue…

— Je comprends, oui. Si tu veux, je peux t’aider à tâter le terrain !

— Comment ça ?

— Beh j’leur parle d’une amie que j’ai au lycée… qui a été assignée garçon à la naissance… mais que ce n’est pas comme ça qu’elle se voit… Un truc simple, quoi !

— Oh, c’est… c’est peut-être une… bonne idée.

— Mais oui, t’inquiète ! Si tu me donnes ton accord, je prends les choses en main !

— Hahaha, eh bah vas-y, tu as mon autorisation. »


Je vais prendre ma mission très à cœur. Je pense que Val et maman n’auront aucun souci avec le fait que Cam entame une transition (j’veux dire, c’est le bébé de Val, dans tous les cas, et maman est trop gentille de toute façon), mais si ça peut la rassurer, alors je vais le faire !


• BONUS •



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