J’ai souvent des fringales nocturnes pendant cette grossesse aussi… En fait, quand j’attendais Aegis, c’était plutôt calme, quand je vois comment je me comporte en ce moment ! Mais mon médecin m’a rassurée, il n’y a aucun soucis, tout est parfaitement normal. Soit…
Enfin, j’approche du terme, donc c’est normal que le bébé mange plus, il est presque à sa taille finale… J’ai hâte de rencontrer ce petit chat en tout cas !
Je profite des derniers jours tranquilles pour montrer à Camille les règles des échecs. Il a manifesté l’envie d’apprendre, et comme j’ai joué plusieurs fois avec papa, même si je ne suis pas très douée, je peux au moins lui montrer.
« Exactement, c’est ça ! Et le cavalier, il bouge comment ? »
Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il comprend vite !
Théo continue de passer. En général, il vient une fois par semaine passer du temps avec Aegis. Elle a toujours des choses à lui raconter, et lui, il l’écoute avec grand plaisir.
« C’est comment de travailler dans un laboratoire, papa ?
— Oh, c’est très intéressant. Si tu veux je t’emmènerai un jour, quand tu seras plus grande, tu pourras voir de toi-même. Bon, il y aura des endroits où tu n’auras pas le droit d’aller, et il faudra mettre une tenue spéciale, mais ça serait possible.
— C’est vrai ? Trop cool !! »
Une chose est sûre, Aegis est plus intéressée par le champ professionnel de son père que par le mien… ! Enfin, elle s’intéresse un peu, mais beaucoup moins. Avec moi, elle préfère parler de musique. Ce qui me va tout à fait.
Je discute un peu avec Théo quand il vient aussi, pour parler d’Aegis, et de lui. Et puis, il a aussi appris, pour mon futur enfant. Il a été très heureux pour moi.
Aujourd’hui, il a même demandé à toucher mon ventre. Il m’a dit qu’il aurait aimé pouvoir le faire quand j’attendais Aegis, du coup, il se rattrape. Il m’a fait rire.
Valentin est arrivé pour le saluer. Ils ne s’entendent pas trop mal tous les deux, c’est cool.
« Ah tiens, bonjour Théo ! »
« Ah, le futur papa ! Bientôt le terme… Tu es prêt ?
— Oui, on ne peut plus prêt ! »
Théo est au courant de ce qu’a vécu Valentin, alors sa question n’est pas juste une formule de politesse. Je suis rassurée d’entendre Val répondre de cette façon. Je veux dire, je m’enquiers régulièrement de son état psychologique au fur-et-à-mesure que ma grossesse progresse, mais il a l’air de vraiment faire un travail sur lui pour dissocier complètement notre situation de celle qu’il a vécue dix ans plus tôt.
•
Seulement, le jour du terme, ses angoisses sont revenues d’un coup.
« Tu-Tu as des contractions ?! Ça va ?! Tu n’as pas l’impression que tu vas t’évanouir ?!!
— Mais non, Val… J’ai juste très mal, alors si on pouvait aller à l’hôpital, je t’avoue que ça m’arrangerait…
— O-Oui, j’appelle un taxi ! »
Et dire que j’étais tranquillement en train de dormir… Mais non, le monstre veut sortir maintenant, évidemment… !
Une fois le taxi appelé, Valentin passe dans la chambre des enfants pour les réveiller et leur dire qu’on file à l’hôpital pour rencontrer leur petit frère ou petite sœur, et qu’ils doivent être sages. J’entends Aegis demander si je vais bien, et il la rassure comme il peut, c’est trop mignon. Aaaah bon sang, ça fait mal, où est ce fichu taxi ?!!
Il finit par arriver, et au bout d’un trajet dont je n’ai pas l’impression de voir le bout, il nous dépose devant l’hôpital. Valentin est toujours en train de paniquer, mais moi, j’ai besoin d’un médecin.
« Tu m’en veux pas si je t’attends pas, j’ai pas tellement envie d’accoucher dans la neige… ! »
« Non ! Lana ! Attends-moi !! »
Et j’entends le bruit de ses pas précipités me rejoindre. Une fois près de moi, il tente comme il peut de prendre de longues respirations pour calmer son stress.
« Ne t’inquiète pas, tout ira bien… ! »
Nous nous présentons à l’accueil et on nous indique de patienter, en attendant l’arrivée d’un médecin. Heureusement, c’est assez rapidement que je suis appelée en salle de travail. Fiou, je n’en peux plus… !
On emprunte le couloir et pénétrons dans le bloc. Apparemment ce n’est pas mon obstétricien habituel que je vais avoir. Je m’allonge après m’être changée, et relève la tête vers le médecin. … Hein ?
« Tout va bien ? me demande-t-elle. »
« Euh… Oui… »
J’hallucine ? Oui, je dois halluciner, je crois… La douleur, sûrement. Et Val qui est trop occupé à paniquer… Aiaiaie enlevez-moi cet enfant… !
Je crois que je perds un peu connaissance à un moment donné à cause de la douleur, mais lorsque je rouvre les yeux, j’aperçois le regard plein d’amour de Valentin.
« Tu veux le rencontrer ? »
Le ? C’est un petit garçon, alors ? Je me lève comme je peux, avec son aide, et m’approche du berceau. Oh, bonjour toi… Enchantée de faire ta connaissance, Aran…
• • •
Aran c’est « prune » en basque. C’est aussi peut-être de là que vient arándano, qui lui signifie « myrtille » en espagnol. Ça se prononce presque comme « Allan » ou « Alan », mais juste avec un « r » légèrement roulé au lieu du son « l ».
Comments