Chapitre 90

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après cette discussion, nous avons été… productifs. Pour mettre toutes les chances de notre côté. Valentin a tout juste 40 ans, et moi, même si je n’y suis pas encore tout à fait, je m’en approche dangereusement. J’ai donc fais tout un stock de tests de grossesse pour pouvoir vérifier régulièrement. Et après quelques essais qui n’ont rien donné…

« Valentin, Valentin !! »

Je déboule dans la chambre alors qu’il était déjà au lit. Péniblement, il se redresse et s’assoit.

« Qu’est-ce qui se passe… ?

— Ça y est ! Je suis enceinte ! »

Je peux voir que son cerveau a du mal à faire les connexions nécessaires comme je l’ai réveillé en sursaut. Puis soudain…

« Woooooh trop cool !! s’exclame-t-il. »

Il se lève et va me prendre dans ses bras, me faisant rire.

« On l’annoncera aux enfants demain, tu peux retourner te coucher.

— Je ne suis pas sûr d’arriver à dormir maintenant, je suis bien trop euphorique !

— Il faut bien, sinon tu vas avoir du mal à tenir le coup devant tes élèves. »

•

Malgré les nausées que j’avais eues quand j’attendais Aegis, je n’avais jamais vraiment vomi. Mais alors là, cette fois, c’est la fête…

Les premières semaines, j’ai l’impression de ne rien pouvoir avaler sans le rendre immédiatement l’heure qui suit… super.

Valentin, de son côté, essaie de me soulager comme il peut, mais malheureusement, il n’y a pas grand-chose qu’il puisse faire. Enfin, si, il a commencé à chercher une maison. Ah bah oui, on va être trop nombreux pour cet appartement, avec le nouveau monstre…

Les enfants, eux, vivent comme si de rien n’était. Ils ne réalisent pas trop, je pense. Aegis a été contente quand je lui ai dis qu’elle allait finalement avoir un petit frère ou une petite sœur, mais c’est tout. Enfin, pour l’instant, ça ne se voit pas beaucoup, que j’attends un enfant, ça sera sûrement différent après.

Et puis, comme lorsque j’attendais Aegis, j’ai beaucoup de mal à diminuer le sport…

Bon, pour l’instant, je sais que je peux me le permettre. Mais je vois bien les regards inquiets de Valentin quand il me voit revenir du travail, ou transpirante après une séance. J’ai beau lui dire que je fais comme quand j’attendais Aegis, ça ne change rien. Mais je ne lui en veux pas, j’ai accepté qu’il allait probablement beaucoup s’inquiéter tout au long de ma grossesse. D’ailleurs, j’ai ralenti beaucoup plus tôt que pour Aegis, du coup… mais c’est aussi à cause de mes nausées persistantes. Je ne peux pas vraiment faire une vraie séance de sport sans être malade.

Du coup je m’ennuie un peu, en ce moment, par la force des choses… ce qui n’est pas du tout le cas d’Aegis, si vous voulez mon avis ! Comme il y a souvent de la musique allumée chez nous, je la surprends régulièrement en train de danser, comme quand elle était petite.

Je lui ai demandé si elle voulait que je l’inscrive en cours de danse, et elle m’a dit que pour l’instant elle préférait juste comme ça. Soit ! C’est toi qui décide, ma puce.

« J’ai proposé à Camille de danser avec moi, mais il aime pas trop… Peut-être que je pourrais apprendre au bébé, comme ça on fera des duos !

— Oula, ça ne sera pas tout de suite ça ma chérie, haha.

— Bah je sais roh… ! »

Elle est mignonne…

Albae passe toujours régulièrement, et elle a été ravie d’apprendre que j’attendais un nouvel enfant. Elle m’a dit qu’avec son copain actuel ils se posaient la question, mais pour l’instant rien d’acté. Ça veut dire qu’elle se sent (enfin) bien avec quelqu’un en tout cas, et ça, ça me fait plaisir ! Hâte de rencontrer l’homme qui supporte soutient ma sœur ! Hm.

Alala, quand je les vois tous les trois comme ça, ça me fait plaisir… Mon amoureux qui s’entend bien avec deux des femmes les plus importantes de ma vie.

Oh, d’ailleurs, en parlant de femmes importantes dans ma vie, je vous ai pas dis, mais Sonia et Laura ont eu un petit bout aussi ! Une petite fille, très exactement. Elle s’appelle Aude. Et elle a poussé récemment, les filles me disent de passer les voir pour constater à quel point elle grandit vite ! Je l’ai vue quelques fois quand elle était tout bébé, et là elles m’ont envoyé des photos pour essayer de m’attirer, les coquines… Eh, Brindleton Bay n’est pas si loin, je suppose qu’on pourrait faire un effort… !

•

On s’est organisé avec elles, et on a pu aller les voir. Il fallait coordonner tous nos emplois du temps, ça n’a pas été facile ! Si bien que mon ventre a déjà bien poussé. Lorsque Sonia a ouvert la porte, elle m’a fait un énorme câlin. On se voit pas souvent, mais ça m’a surprise quand même !

« Oooh, je suis trop contente de te voir !

— Moi aussi So’, moi aussi. »

On s’est ensuite tous installés dans leur salon. C’est vraiment mignon chez elles ! Ce n’était pas comme ça la dernière fois que je suis venue… La plupart du temps, c’est elles qui viennent à San Myshuno, alors forcément… !

Les enfants participent aussi à la conversation, et j’en suis contente. J’avais peur qu’ils s’embêtent.

« Alors Valentin, content de redevenir papa ?

— Un peu effrayé, je dois l’avouer, mais content, oui, c’est sûr. Et la petite, comment va-t-elle ?

— Oh très bien ! Bon, là, elle fait la sieste, vous la verrez peut-être tout à l’heure. »

Sonia nous annonce qu’elle a eu une commande pour créer une robe pour une célébrité, comme les Topisims se tiennent bientôt, elle est extrêmement stressée mais très contente qu’on lui fasse confiance, et je dois avouer que c’est impressionnant ! Mine de rien, elle reste assez jeune dans le domaine de la mode.

« Mais tu vas réussir, je suis sûre que tu vas faire un travail du tonnerre !

— Merci Lana, j’aimerai avoir ta confiance, haha. »

On a soudainement entendu des pleurs alors Laura s’est levée pour aller récupérer la petite. Elles ne sont redescendues qu’un bon quart d’heure plus tard, la miss habillée avec son habit de dehors.

« Elle voulait mettre son imper… Je ne sais pas pourquoi, informe Laura en posant la petite sur le sol.

— Nah ! s’exclame-t-elle avant de repartir dans l’autre sens. »

Ah, je crois qu’elle n’a pas envie de nous voir. On la regarde s’éloigner un peu, amusés, avant que Laura ne la rattrape.

« Reviens ici, coquine ! »

Mais nous les entendons ensuite monter. Elle est très timide, donc… ?

« Je crois que je n’ai jamais demandé, mais vous avez adopté Aude ? demande Valentin. »

Ah oui, je ne lui en ai pas parlé…

« Non, répond Sonia en souriant. Nous sommes toutes les deux ses mères biologiques. La science a fait des progrès fulgurants ces dernières décennies, et ça nous a beaucoup aidées ! C’est moi qui l’ai portée, mais elle a nos deux patrimoines génétiques.

— Ah, en effet, je crois que j’ai entendu parler de ça. Notamment par mes collègues de la fac de sciences. »

Sonia hoche la tête et profite du sujet pour nous poser quelques questions d’éducation. Comme nous avons tous les deux des grands enfants, on a potentiellement expérimenté des cas de figures différents. Nous répondons avec plaisir.

L’après-midi se termine, et nous décidons de rentrer. Nous avons revu la petite Aude qui s’est finalement décidée à revenir nous voir, sans fuir cette fois, mais juste avant de partir.

« Merci d’être venus, ça m’a fait vraiment plaisir, me dit Sonia en m’enlaçant.

— Moi aussi ! Il faut qu’on essaie de faire ça plus souvent ! »

« Oui, mais tu risques d’être occupée avec le petit qui arrive !

— Certes, mais au moins, cette fois, je ne suis pas toute seule pour m’en occuper !

— C’est vrai, haha. »