Un matin, alors que je suis tranquillement en train de prendre mon petit-déjeuner…
… j’ai soudainement une très vive douleur dans le ventre.
Oh, bon sang, ce que ça fait mal… !!
J’appelle maman en catastrophe, et elle me dit qu’elle passe immédiatement me chercher avec papa pour m’emmener à l’hôpital. Quelle n’est pas ma surprise lorsque papa me donne un sac avec tout ce qu’il faut quand je suis rentrée dans la voiture. Il me fait un clin d’œil et je lève les yeux au ciel. Ils ont tout prévu, évidemment… Ils savaient que c’était eux que j’appellerai.
Maman se gare et je sors de la voiture.
« Laisse le sac ma chérie, j’arrive, me prévient papa.
— Ok… »
Je ne l’attends pas et me dirige vers l’entrée de l’hôpital. Je vais tout de suite voir la personne à l’accueil pour lui faire part de mon accouchement imminent.
« Bien sûr madame, vous allez être prise en charge immédiatement.
— Merci… Oof… Ça fait un mal de chien ! »
J’attends patiemment, vite rejointe par papa. Il me demande si je tiens le coup, et je le rassure comme je peux.
« Mademoiselle Berry, vous êtes prête ? »
Je relève la tête et aperçoit mon obstétricien.
« Oh, bonjour, oui ! »
Papa m’aide à me lever et s’apprête à me suivre quand le médecin l’arrête.
« Je suis désolé M. Berry, mais seuls les futurs parents sont admis en salle de travail…
— Oh, mais-
— Ça ira papa, ne t’inquiète pas.
— Mh… Je t’attends là, ok ? »
Je lui fais un sourire qui se veut rassurant, mais qui est tout de même légèrement tordu par la douleur. Je ne peux pas m’apitoyer longtemps sur mon sort, j’ai trop mal, il faut que cette crevette sorte !
Je suis mon médecin et, arrivée dans la salle de travail, je me change et m’allonge. Sur les conseils du docteur, je prends de grandes inspirations. Je peux le faire… Tout va bien se passer…
« On est parti ?
— Oui, je suis prête. »
La suite se passe un peu dans le brouillard. J’ai conscience d’avoir mal, puis très mal, et enfin… plus du tout. Enfin… Ça, c’est sûrement dû à l’euphorie d’entendre des pleurs d’enfant. Mon bébé… est né.
« Félicitation, Mlle Berry ! C’est une petite fille, et elle est en parfaite santé ! »
Oh. Une petite fille… Je renifle, et remarque que je me suis mise à pleurer, sans même m’en rendre compte. Je me lève difficilement, et après m’être rhabillée, je la prends dans mes bras.
« Bonjour toi. Je m’appelle Sélana, et je suis ta maman. Ton papa n’est pas là, mais il pense fort à toi de là où il est, je suis sûre.
— Vous avez décidez d’un prénom ? me demande le médecin en prenant un bracelet vierge.
— Oui. Elle s’appelle Aegis*. »
On en avait déjà discuté, avec Théo. On hésitait entre deux ou trois prénoms, et il m’a dit qu’il me laissait le choix final. Eh bien c’est chose faite… J’ai hâte de l’appeler pour lui parler de notre petite puce.
Mon médecin vérifie avec moi que je suis en pleine santé également, et je rejoins mon père dans le hall, le couffin dans les mains. Lorsqu’il me voit arriver, il place ses mains devant sa bouche et se met à pleurer. Rah, stop papa, j’avais arrêté, moi…
On ne traîne pas plus longtemps et nous nous dirigeons vers la voiture pour retourner chez moi. Papa et maman sont gagas… Et j’ai dû dire plusieurs fois à maman de regarder la route. ‘Tu la verras en arrivant, c’est bon !’. Bande d’impatients… !
J’allaite Aegis pendant le temps du trajet, et elle s’endort immédiatement lorsque je la remets dans son couffin. Eh bah… J’espère qu’elle restera un bébé calme comme ça.
A la maison, je la mets dans le berceau que j’ai prévu dans ma chambre, au pied de mon lit, à côté duquel je pose le sac que m’ont fait papa et maman. Ils l’observent tendrement avant de s’asseoir.
« Tu vas t’en sortir ? Tu le dis si tu as besoin que l’un de nous deux reste ici pour t’aider.
— Merci maman, mais ça ira, ne vous en faites pas… Je suis en congés maternités pour l’instant, on verra après ! »
Ils n’insistent pas. En même temps, ils me connaissent bien, ils savent que je n’accepte pas facilement de l’aide ! Et en même temps, pour l’instant, je n’en ai pas besoin !
Ils finissent par partir après un dernier au revoir à leur petite-fille. Du coup, je vais faire comme elle je crois, et faire une petite sieste, avant d’appeler Théo…
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Aegis est un bébé très sage, comme je l’avais espéré. Elle sourit beaucoup, et pleure peu. Ou alors c’est parce que je m’en occupe bien ? J’espère en tout cas !
Dès que j’ai une question de toute façon, je sais que je peux appeler papa ou maman. Ils sont ravis de me répondre, surtout que ça leur permet d’avoir des nouvelles de leur première petite-fille ! Enfin, première… Albae n’en est pas encore là, et puis moi… Un seul ça suffit pour l’instant, hein !
J’ai également pu retrouver mon premier amour, le sport. Bien sûr, je garde toujours un babyphone près de moi au cas où la puce se met à pleurer, mais au moins je n’ai plus peur de la mettre en danger si je m’active trop… et c’est fantastique, comme sensation !
Mais il a quand même une chose dont je me suis rendue compte très vite… Cette petite a beau être un parfait accident, je l’aime déjà de tout mon cœur.
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Théo a enfin pu se dégager un week-end. Il a dû mettre en pause ses devoirs à rendre, mais il a dit qu’il s’en fichait, et qu’il se débrouillerait pour rattraper. Pas question qu’il passe une journée de plus sans voir sa fille !
« Regarde ma puce, qui est-ce qui est là ? C’est papa ! Tu dis bonjour ? »
Bon, évidemment, elle est trop petite, mais j’ai quand même l’impression qu’elle gazouille un peu plus en le voyant… Coïncidence ? Je ne sais pas. En tout cas, Théo, lui, a le sourire jusqu’aux oreilles.
« Elle est trop belle… »
Je ris devant son expression on ne peut plus niaise et repose Aegis dans le berceau, qui s’endort quasiment immédiatement. Il laisse ensuite déborder sa curiosité et me pose bien de question sur elle et ce qui s’est passé depuis sa naissance. Sachant qu’on parle déjà d’elle tous les jours, hein. Je crois qu’il compense parce qu’il ne peut pas la voir quand il veut, ce qui est compréhensible. Au moins, ça me rassure, il a l’air de l’aimer autant que moi. Ça me faisait un peu peur, comme aujourd’hui est la première fois qu’il la voit en vrai, et on ne sait pas quand est-ce qu’il pourra revenir. Mais apparemment, les photos et mes rapports quotidiens lui suffisent.
« Tiens, je vais te montrer les dernières photos, y’en a des trop rigolotes ! »
J’espère que ça continuera comme ça, et puis, avec un peu de chance, il pourra se rapprocher de nous une fois ses études terminées.
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* Vous commencez à connaître mon amour pour les langues anciennes et les étymologies… Aegis a donné « égide » en français moderne. A l’origine, c’est le nom du bouclier de Pallas (Athéna) en latin. Mais ça signifie également « protection », « sauvegarde ». Connaissant les objectifs de la G5, j’ai estimé que c’était parfait (même si, on est bien d’accord, Lana n’aura peut-être pas qu’un seul enfant, et la petite Aegis ne sera peut-être pas l’héritière…). Et j’adore la sonorité ! Toutes les lettres se prononcent, et le « g » se prononce « gu », comme s’il y avait un « u » avant le « i ».
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