top of page
Photo du rédacteurongatheringsims

Chapitre 76

Plusieurs semaines sont passées depuis cette fameuse soirée. Sonia m’a avoué le lendemain qu’elle avait tout manigancé pour que je rencontre Théo et pour que je « m’amuse un peu », selon ses mots. Je lui en ai un peu voulu, mais pas longtemps, parce que pour la première fois, je ressentais quelque chose de fort pour quelqu’un. En effet, nous avons continué à nous voir et… comment vous dire ça… c’est explosif. Dans le bon sens du terme, hein !

Tout est allé très vite entre nous, je n’ai rien pu contrôler. Mais je ne me plains pas le moins du monde ! Et j’ai quand même réussi à berner mes parents quant à la nature de notre relation. Enfin… En tout cas j’espère.


Lorsque nous sommes ensemble, tout a l’air trop beau pour être vrai. Il est attentionné, gentil, drôle, sportif comme moi, et en plus il me fait voir les étoiles à chaque fois qu’on couche ensemble ! Que demander de plus ? Je suis sur un petit nuage, depuis notre rencontre.


Mais il ne s’est pas passé que ça, voyons… Maman a eu des cheveux blancs, comme papa.

Elle a l’air de plutôt bien le vivre, alors je suis contente. Ça doit être chouette de pouvoir vieillir avec sa moitié, vous ne trouvez pas ? Regardez comme ils sont mignons…

Ah, et il y a aussi mes débuts dans l’équipe régionale de foot de BB ! Brindleton Bay, pour les intimes. Je suis trop contente, quand je pense que je gagne ma vie avec ma passion… ! Enfin, gagner ma vie… Pour l’instant, pas suffisamment de quoi partir de chez papa et maman, mais bientôt, qui sait ? Non pas que j’ai hâte de partir, mais j’avoue que l’idée de prendre mon indépendance me vend du rêve…


Tellement de rêve que je décide d’en parler à Théo. Pas pour lui dire que je veux vivre avec lui, je suis pas folle, mais… pour… tâter le terrain, vous voyez…


Cette fois-là, nous sommes dans Brindleton Bay, dans un bar, et on discute de tout et de rien, comme souvent. C’est facile et agréable, même s’il fait froid.


« Je sais pas du tout comment il en est arrivé à faire ça, mais à un moment je courrais vers le ballon, et la seconde d’après, je me le prenais en pleine tête…

— Aïe, ça a dû te faire super mal…

— Mais ouais ! Bon, mon coéquipier s’est excusé, mais quand même… »

Les anecdotes de lycée s’enchaînent souvent avec lui, il est bavard, mais j’adore l’écouter.


« Tiens, d’ailleurs, ton entrainement d’hier, pas trop dur ? me demande-t-il soudainement.

— Non, ça a été ! La coach est intransigeante, mais en même temps, si elle ne l’était pas, je remettrais en question ses compétences, haha. »

Il rit aussi, et au détour de la conversation, je finis par lui demander :


« Tu sais quand est-ce que tu vas partir de chez tes parents ? L’indépendance, ça a l’air cool, mais j’sais pas… »


Sauf que l’expression qui prend place sur son visage n’est pas celle à laquelle je m’attendais. Il semble… surpris ?


« Comment ça, quand est-ce que je vais partir de chez mes parents ?

— Bah, oui, t’as pas envie d’avoir un appart à toi tout seul ? Ou une petite maison ?

— Mais… Lana… »


Je hausse les sourcils. Qu’est-ce qu’il a ? Il me regarde maintenant avec un air sceptique, comme s’il me suspectait de le faire marcher, pour une raison que j’ignore.

« Bah qu’est-ce qu’il y a ?

— Tu… T’es pas au courant ?

— Au courant de quoi ? »


Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Pourquoi j’ai un mauvais pressentiment ?


« Je pensais que Sonia te l’aurait dit quand elle t’a parlé de moi mais… je vais commencer un semestre à l’université, dans quelques semaines. Et c’est à… l’institut Foxbury. »


J’ai soudain l’impression d’avoir avalé un gros rocher. Je me force à sourire lorsque je trouve la force de répondre.


« F-Foxbury… ? A… A Britechester ?

— Oui.

— Oh. C’est… C’est chouette. »

Britechester… C’est… C’est à l’autre bout du pays. Ça veut dire que je… le verrais plus ? Mais…


Mon visage a dû prendre une expression triste puisque je vois Théo commencer à paniquer.


« Eh, Sélana, non, pleure pas ! Je suis désolé, j’aurai dû t’en parler moi-même. Mais ça change rien ! Enfin, je veux dire, ça change pas ce que je… ce qu’on éprouve l’un pour l’autre. Si tu veux bien, j’aimerai qu’on reste ensemble, même une fois que je serais parti. Et puis, je reviendrais, certains week-ends, et tu pourras peut-être venir me voir aussi là-bas ! »


Je sens mon cœur se desserrer un peu. Au moins, il ne m’a pas fait croire à une relation dont il connaissait la date de fin… mais je ne peux pas m’empêcher d’être inquiète.


« Tu es sûr que c’est ce que tu veux ? Il y aura sûrement plein de jolies filles à Britechester… »


Je ne le regarde pas, mais je l’entends bouger. Il s’est levé. Il a peut-être pensé que j’ai raison, finalement ? Sauf que je sens mon bras être attrapé et je sens qu’on force à me lever. Je me retrouve dans ses bras presque aussitôt.


« Ne dis pas des choses pareilles, Lana… Je m’en fiche des autres filles. »

Il est proche… Je sens le souffle chaud de sa respiration qui se matérialise sous forme de vapeur dans l’air froid. Mon cœur bat la chamade. Est-ce que c’est ça, être amoureux ? Je lui fais un sourire timide et l’enlace de toutes mes forces.


« Je t’aime. »


C’est sorti tout seul. Pendant un instant, j’ai peur qu’il me lâche et me dise que lui non, mais je sens ses bras se resserrer autour de moi, alors qu’il me murmure « moi aussi je t’aime » au creux de l’oreille.


Et là, en cet instant, je n’aurais pas pu être plus heureuse, je crois.



Le mois qui a suivit, on a passé chaque moment possible ensemble. Mes parents ont d’ailleurs fini par nous griller, mais cette fois-ci, mon père ne m’a pas fait une scène. En même temps, je suis une adulte, je fais ce que je veux maintenant, mince ! Enfin, je préfère ne pas trop tenter le diable, alors on se retrouve le plus souvent dans un lieu public, ou chez lui, quand on a besoin d’un peu d’intimité… Ses parents sont moins étouffants regardants, on va dire.


Aujourd’hui, on a décidé d’aller faire du sport ensemble à Willow Creek. Ça le motive apparemment, qu’on fasse ça à deux. Parce que contrairement à moi, il n’en a pas fait son métier, et il a tendance à se laisser aller, selon ses mots.

Ça fait une heure qu’on y est, et j’ai toujours un peu de mal à me concentrer sur l’exercice, parce qu’il part déjà dans deux jours, et demain je ne pourrais pas le voir parce qu’il faut qu’il prépare tout.


Je donne un grand coup dans le punching-ball. Ok, peut-être que je suis aussi un peu en colère…

« Ooh, Sélana, respire, tu vas te froisser un muscle, tendue comme tu es ! me fait-il remarquer.

— Pardon… »


J’enlève mes gants et les jette dans un coin avant de me prendre la tête dans les mains. Je le sens bouger et se placer derrière moi. Il me dépose un baiser dans la nuque, et ça me calme un peu. Je me tourne vers lui et lui fait un sourire désolé.


« J’ai du mal à me dire que c’est la dernière journée qu’on passe ensemble avant un moment, pardon… »

« Tu n’as pas à t’excuser de ressentir des choses, tu sais. Je t’avoue que je serais probablement en train de me morfondre si je n’avais pas fais un petit travail pour essayer d’enfermer tout ça à l’intérieur avant mon départ. »


Il garde le sourire en disant ça. Je l’envie un peu. Je gère beaucoup moins bien mes émotions que ça…

« Allez Lana, profitons de cette journée, d’accord ? Si tu as envie de faire autre chose que du sport, tu me le dis !

— Ok, alors allons prendre une douche et manger un morceau, j’ai faim !

— Haha, je te suis. »

Nous allons déjeuner dans un petit restaurant, et ensuite nous passons tout le début de l’après-midi à marcher et à discuter, avant de prendre le bus pour retourner à Brindleton. On descend à son arrêt et on se dirige lentement vers sa maison. Cette fois-ci, nous sommes tous les deux silencieux. Est-ce qu’on a vraiment pris la bonne décision ? Est-ce que rester ensemble tout en vivant loin de l’autre sera vraiment plus supportable que de rompre, là, maintenant ? Je ne sais pas, je ne sais plus…


Lorsque la maison se dessine devant nous, je sens les larmes qui montent. Non, je ne pourrais pas le quitter aujourd’hui, c’est impossible…

« Allez Lana, fais pas cette tête-là, la journée n’est pas encore terminée ! »

Je ne peux m’empêcher de rire. Il n’y a bien que lui pour me faire des avances en sous-entendus dans un moment pareil.


« Tu as raison. Je vais essayer d’oublier, au moins jusqu’à ce soir. »


Il me fait un sourire tendre avant de m’attirer à lui pour m’embrasser sur la joue. Non, je ne peux pas le quitter… Même si ça sera dur, je veux essayer.


1 vue0 commentaire

Comments


bottom of page