Chapitre 64

Vous pouvez me dire pourquoi les premières contractions se déclenchent, semble-t-il, systématiquement lorsque la femme dort ? La pauvre… Enfin, là, le petit a quand même attendu le matin pour vouloir sortir, contrairement à Sélana, même s’il est encore tôt.

Comme la dernière fois, c’est un taxi qui nous emmène. J’appelle Gaëlle, m’excusant de la réveiller, et lui demande s’il est possible de déposer Sélana chez elle, ce qu’elle accepte aussitôt. Le taxi fait un crochet, et bientôt nous voici à l’hôpital pour la deuxième fois.

Sauf que les ennuis semblent commencer quand on arrive.

« Il y a quelqu’un… ? »

Super. Personne à l’accueil. C’est quoi cet hôpital ?! Aya a besoin d’un médecin, ou d’une sage-femme, et vite !

On finit par avoir quelqu’un qui nous envoie tout de suite en salle d’accouchement. Bon… Mais pourquoi je me sens beaucoup plus stressé que la dernière fois ?! Respire, Aurèle, respire, ça va bien se passer…

J’oublie en effet bien vite ma panique dès que j’aperçois les jolis yeux de notre fille… Comme elle est belle. Aussi belle que notre petite Sélana… Bonjour Albae…

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Quand je la regarde, je me dis que ça valait vraiment le coup d’avoir de nouveau des couches à changer… N’est-elle pas adorable ?

Comme avec Sélana, Kallen passe beaucoup de temps devant le berceau. Ce chien aime les enfants, en fait. Tout l’inverse de beaucoup d’animaux qui les trouvent trop brusques et bruyants…

Je soupçonne Sélana de ne finalement pas être tout à fait ravie de cette nouvelle colocation… Forcément, elle est devenue très indépendante dernièrement, et Albae, elle, a besoin de nous. Ou alors c’est peut-être parce que sa sœur la réveille régulièrement en pleurant ?

Mais voilà que tout ça se termine, puisque c’est l’anniversaire de Sélana, aujourd’hui. Déjà… Je n’en reviens pas de me dire que mon bébé va bientôt rentrer à l’école…

J’ai fais un joli (et bon, j’espère) gâteau pour elle, et elle est toute excitée à l’idée de souffler ses bougies.

« Fais un vœu, ma puce ! »

Et voilà, c’est fait, Sélana est une vrai petite fille maintenant ! Je me penche pour lui faire un bisou mais elle s’écarte en riant.

« J’suis plus un bébé, papa !

— Ooh, mais tu seras toujours mon bébé ! »

Elle pouffe et va enlacer sa mère.

« Olala, comme tu es grande, ma puce…

— Bientôt je te dépasserai !

— Eh, pas tout de suite, d’accord ? »

Et puis bien sûr, elle n’a pas oublié son meilleur-ami…

« Regarde Kallen ! Je peux jouer avec toi maintenant ! »

Je maintiens que ce chien a la capacité de sourire…

Elle ne va pas davantage voir sa sœur, cela dit, malgré sa poussée de croissance. Elle préfère la compagnie du piano. Elle a hérité ça de sa maman, c’est sûr. En même temps, je ne serais pas étonné que nos deux filles aient le goût de la musique, avec Aya qui joue souvent, et donc forcément quand elle était enceinte, les deux fois.

Bon, des fois, elle joue un peu tard…

« Sélana, il faudra penser à aller te coucher, ma chérie…

— Oui maman, deux minutes ! »

Alors, j’ai peut-être parlé un peu vite… Sélana va voir sa sœur. Pas souvent, et pas longtemps, mais quand même. Elle a l’air de l’apprécier un minimum, et c’est déjà bien.

« J’espère que tu vas vite grandir pour qu’on puisse jouer ensemble… »

Elle m’en a parlé, un matin.

« Papa, c’est quand qu’Albae grandit ?

— Ah, il faut être patient, ma chérie, ça ne se fait pas en quelques mois… !

— Mais c’est nul, là, elle me répond même pas quand je lui parle…

— Tu es sûre ? J’ai cru la voir te sourire, pourtant. C’est une forme de réponse, tu sais. »

Je ne sais pas si je l’ai convaincue, mais elle hoche la tête et finit son petit-déjeuner.

En dehors du piano, elle s’est aussi prise d’affection pour l’échelle horizontale que nous avons décidé d’installer dans le jardin. Les enfants sont plein d’énergie, je me suis dis que ça ne pourrait pas être de trop comme activité, et apparemment, j’ai vu juste !

Qui sait, elles joueront peut-être dessus toutes les deux un peu plus tard ?

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Albae est une des déclinaisons du latin albus qui, en plus d’être le prénom de Dumbledore, veut dire « blanc » (si vous voulez tout savoir, c’est du féminin, singulier au génitif et au datif, et pluriel au nominatif et au vocatif, voilà, voilà). Pour la petite histoire, j’ai été assez peu inspirée pour les prénoms de fille, donc j’ai galéré à trouver celui de la petite miss (j’ai dû me rabattre sur « blanc » donc, au lieu de « gris » ou « argenté » comme je le voulais). En revanche, j’avais trois prénoms de garçon qui ne demandaient qu’à être utilisés… Tant pis hein ! Pour un troisième, peut-être… ?