Vous vous souvenez quand j’avais un peu de kilos en trop ? Moi non plus !
Non pas que j’en ai quelque chose à faire… mais je n’aurai jamais pensé aimer autant faire du sport. J’ai commencé par obligation, et puis j’y ai pris goût… et ça se voit ! Enfin bref, je vais arrêter de jouer au narcissique, ce n’est jamais bon… !
Mais en même temps… Aya ne tarit jamais d’éloge à mon égard aussi, alors c’est difficile de garder la tête froide. On a même… remis le couvert, une ou deux fois, depuis… Ce n’est toujours pas mon activité préférée, mais… c’est sympa, de temps en temps. Même si je suis toujours timide dès qu’on aborde le sujet…
Petite anecdote marrante, d’ailleurs. J’ai terminé de construire ma fusée il y a un moment maintenant. Il ne me manque plus qu’à installer un générateur de trous de ver, mais ce n’est pas important pour la faire voler… Enfin voilà. Toujours est-il que j’ai proposé à Aya de m’accompagner pour la tester la première fois. Elle a dit oui, bien sûr.
Ce que je n’avais pas prévu, c’était qu’aller dans l’espace pour la première fois, réaliser mon rêve le plus cher j’entends hein, réveille en moi des envies un peu… folles. Et ça, pour le coup, c’était magique.
Mais bref ! C’était il y a des mois, tout ça… (et je vous vois venir, mais on a fait attention, cette fois-ci !) J’y suis retourné seul, et je peux vous dire que c’est vraiment extraordinaire… ! Les étoiles, les planètes, les amas rocheux, les météorites… tellement de choses. Alors j’y retourne dès que je peux. C’est plus simple de mon côté, puisqu’au travail, ils insistent pour tout bien préparer, donc il s’écoule beaucoup de temps entre les différents voyages. Pourquoi pas hein ! Mais bon, j’ai soif d’aventures, moi…
Je commence même à rapporter des souvenirs.
Et même ma princesse me parle de voler !
« Un zour, z’irais aussi dans ‘espace, ‘omme toi, papa !
— Ah bah il va falloir pratiquer avant ‘Lana !
— Viii ! »
Elle grandit vite, ça me fait presque peur… !
Et puis, un jour, alors que nous sommes en train de dîner, Aya entame la conversation sur un sujet qui me surprend un peu, je dois l’avouer.
« Dis-moi, Aurèle, est-ce que tu… est-ce que tu serais contre l’idée d’avoir un deuxième enfant ? »
Je la regarde, intrigué, et réfléchis. Sélana a été un accident, c’est vrai, mais maintenant que nous en avons un premier, ma première pensée n’est pas de me dire que c’est « trop tôt ». Je lui souris.
« Eh bien, si tu en veux un autre, je ne suis pas contre, non…
— D’accord… Mais je suppose que j’ai mal formulé ma question… Est-ce que tu en voudrais un autre ? Il ne s’agit pas uniquement de ce que moi je veux. »
Elle a raison, mais en même temps, elle est tellement radieuse quand elle me pose cette question, comment est-ce qu’elle veut que je refuse ? Et puis, après une petite aussi mignonne que Sélana, comment ne pas avoir envie de renouveler l’expérience… ?
« Je te promets d’y réfléchir sérieusement, mais je pense que ma réponse sera positive. On va attendre que Sélana grandisse un peu, et à ce moment-là… »
Je ne termine pas ma phrase mais lui fais un sourire taquin, ce qui la fait rire.
•
Ça fait déjà quelques mois que nous avons eu cette conversation, et j’avoue avoir pensé « quelques années » quand j’ai dis qu’on allait attendre que Sélana grandisse un peu, mais… je crois qu’en tant que parent, je ne me rends juste absolument pas compte de la vitesse à laquelle notre fille grandit… Regardez-la, elle danse déjà toute seule sur de la musique ! En chantant, en plus ! Elle ne babille presque plus, elle fait des phrases complètes…
Me rendre compte qu’elle grandit quand je la prends sur mon dos est une chose, mais me rendre compte qu’elle parle et se déplace sans soucis, c’est autrement plus… impressionnant et terrifiant à la fois.
Mais c’est tout de même encore une enfant, qui se fatigue vite à courir partout.
Elle a encore bien besoin de nous, et ça me fait me demander si j’ai envie d’avoir à m’occuper de deux jeunes enfants en même temps.
Attendez… Moi, refuser un challenge ?! Jamais ! Où est Aya ?!
Ah, oui, au travail.
…
Calme-toi, Aurèle.
•
J’ai été mettre Sélana dans son lit pour qu’elle soit plus à l’aise pour sa petite sieste de milieu d’après-midi, et j’ai patiemment attendu le retour d’Aya. J’étais tellement pris dans ma partie d’échec contre moi-même que je ne l’ai même pas entendue rentrer, d’ailleurs ! Je suis descendu lorsque le son de la télévision m’est parvenu.
« Bonjour ma chérie, comment a été ta journée ? lui demandé-je en commençant à lui masser les épaules.
— Ooh, je suis gâtée dès que je rentre aujourd’hui… ? »
« Disons que j’ai eu une petite révélation tout à l’heure en voyant Sélana danser.
— Ah ? Quoi donc ? »
Je ne réponds pas et me contente de l’embrasser.
Elle semble comprendre parce qu’elle finit par me demander en chuchotant :
« Tu es sûr… ?
— Oui. Mais à une condition, lui signalé-je avec un sourire en coin.
— Laquelle ? »
Je rougis jusqu’aux oreilles et n’arrive plus à parler. Super. J’opte pour lever les yeux au ciel, littéralement. Elle éclate de rire et me prend la main.
« Allez, viens, on y va… »
Je me lève précipitamment et la tire vers le jardin où ma fusée n’attend que nous.
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