Avec la naissance des jumeaux et ma convalescence, je n’ai absolument pas eu le temps de voir Tray, et il me manque terriblement. On communique un peu par messages, mais très peu pour ne pas paraître suspects. Cela dit, il a quand même jugé utile de me tenir au courant des examens qu’ils ont fait avec Rose, puisque le verdict est tombé : l’infertilité vient d’elle, et non de lui. La pauvre est dévastée, et malgré le fait que je ne la porte pas spécialement dans mon cœur, je compatis énormément. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si on m’avait dit que je ne pourrais pas avoir d’enfant… D’après mon obstétricien je ne peux plus d’ailleurs, avec ce qu’il s’est passé, mais j’en ai déjà trois, c’est largement suffisant.
Tray essaie de la soutenir moralement, mais c’est difficile, et d’après lui, leur relation bat encore plus de l’aile qu’avant le diagnostic.
Depuis qu’il m’a dit ça, j’éprouve un sentiment… complexe. Suis-je ravie d’entendre qu’il sera peut-être bientôt célibataire ? Triste pour lui ? Soulagée que ça ne soit pas à cause de moi que leur couple s’effondre ? Je n’en ai aucune idée. Peut-être un peu de tout cela à la fois.
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Les jumeaux ont grandi extrêmement vite, j’ai à peine vu le temps passer. Je n’aurais pas dû être autant surprise après Lotus, mais il faut croire qu’on ne s’habitue jamais à voir ses enfants grandir… !
Azalea a eu très vite besoin de lunettes, mais elle s’en accommode bien visiblement. Bon, la majeure partie du temps elle oublie de les mettre, mais une fois sur son nez elles ne bougent (presque) pas, ce qui est un exploit vu son âge.
Lotus prend son rôle de grand frère à cœur. Il leur explique des choses, que je ne suis pas sûre qu’ils comprennent, et joue avec eux.
C’est assez impressionnant parce qu’ils ont quelques années d’écart quand même, et Lotus a bientôt l’âge d’aller à l’école primaire. Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’intéresse autant à eux. Cela fait se gonfler d’amour mon cœur de mère. Voir ses enfants ne pas s’entendre doit être une des pires choses en tant que parents.
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Tray et Rose ont divorcé. C’est ce que vient de m’annoncer Tray alors que je suis venu lui rendre visite un soir. La stérilité de Rose lui pesait trop, et elle a décidé qu’elle serait mieux toute seule, du moins dans un premier temps. Tray a bien essayé de la convaincre de rester, qu’ils allaient pouvoir passer outre, tous les deux, ensemble, mais visiblement elle n’a pas été convaincue du tout. Je ne vais pas la juger, ce qu’elle traverse doit être extrêmement compliqué, pour elle qui voulait tellement un enfant. Mais Tray me fait beaucoup de peine.
« Je m’y attendais, je ne sais pas pourquoi je suis si triste… Et puis, je t’ai, toi. »
Je secoue légèrement la tête.
« Ce n’est pas la même chose. Tu l’aimais, n’est-ce pas ? »
Il baisse les yeux mais hoche la tête.
« Tes sentiments sont tout à fait normaux. Tu as le droit d’être triste. Ne culpabilise pas. Pas pour ça… »
Il renifle et m’attrape pour me serrer dans ses bras. Je le laisse faire et passe tendrement la main dans ses cheveux. Je ne peux empêcher le sentiment de possessivité qui pointe le bout de son nez dans un coin de mon cerveau. C’est absolument hypocrite, puisque je suis moi-même mariée, mais de savoir que Tray n’est qu’à moi maintenant… est une sensation assez plaisante.
Je suis une personne vraiment horrible…
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Seulement quelques jours après cette entrevue qui m’a un peu chamboulée, c’est l’anniversaire de Lotus, qui devient un grand garçon.
Est-ce que j’aurais l’impression qu’il est né hier à chacun de ses anniversaires ? On dirait bien… Et ça sera pareil pour les jumeaux, c’est évident.
J’ai une petite boule au ventre dès que Lotus prend de l’âge… Est-ce que Leslie va se rendre compte de quelque chose ? Si oui, va-t-il le montrer… ? Pour l’instant je ne remarque rien, mais Lotus n’est encore qu’un enfant.
Cela dit… moi je le vois bien, qu’il ressemble à son père…
Je commence à me demander s’il ne va pas falloir que je confirme à Tray que c’est bien son fils. Surtout que j’ai de la peine pour lui de ne pas avoir réussi à avoir des enfants avec Rose. Mais si je le lui dis, est-ce que ça ne lui fera pas plus de mal que de bien ? Puisqu’il ne pourra pas le voir.
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