La rivière du temps coule sous les ponts, et Edward passe de plus en plus de temps chez moi. Victoria n’essaie même plus de savoir si je lui fais du mal ou pas. Elle doit bien voir qu’Edward est heureux. Et moi aussi, d’ailleurs. Nous n’avons toujours pas officialisé notre relation, mais j’en ai de plus en plus envie. Après tout, je reconnais très bien ce sentiment que j’éprouve en sa présence…
Un matin, j’ai décidé d’aborder le sujet avec lui.
« Edward… Ça fait un moment qu’on se fréquente… et… Je me sens bien, avec toi.
— Moi aussi, Solange. Où veux-tu en venir ? »
« Eh bien… On pourrait… Officialiser… non ? Dire à Victoria que c’est sérieux… ? Je ne sais pas…
— Tu veux que je devienne officiellement ton petit-ami ?
— O-Oui… »
Pourquoi je rougis comme ça ?! Je devrais être à l’aise avec lui, depuis le temps ! Ça fait déjà 4 mois, quand même !
« Avec plaisir, me répond-il en me souriant amoureusement. »
Amoureusement ? Oui, je crois pouvoir l’affirmer.
« Ça veut dire que tu n’as plus peur de Victoria ?
— Oh tais-toi… »
Et il rit. C’est devenu un sujet de plaisanterie entre nous.
J’ai envie de lui demander autre chose, dans la foulée… Alors je le fais :
« Et… Comme tu passes plus de temps ici que chez toi… Tu pourrais… Venir vivre ici, carrément, non ?
— Oh, tu es sûre ?
— Évidemment, sinon je ne te demanderai pas…
— Je vais réfléchir. Après tout, ça veut dire laisser Vic’ toute seule…
— Elle est grande, non ?
— Oui, mais elle n’a jamais vécu seule. Moi non plus, d’ailleurs, mais je vivrai avec toi. Alors qu’elle…
— D’accord, parles-en lui avant si tu veux. »
Je suis un peu déçue, même si je comprends sa réponse.
Ils ont été tellement traumatisés par la perte de leurs parents si jeunes (ils avaient à peine 15 ans) qu’ils n’ont jamais voulu vivre séparés, même après leur majorité. Une manière de pouvoir toujours compter l’un sur l’autre. Je respecte cela sans problème. J’ai moi-même perdu mes parents jeune. J’aurai aimé avoir quelqu’un sur qui me reposer de temps en temps. Cependant, une partie de moi aimerait avoir Edward toujours avec moi, ou presque…
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Au boulot, le même jour, j’ai croisé Victoria (évidemment, me direz-vous). Je me suis retenue de justesse de la supplier de laisser Edward partir. Ce n’est pas comme ça qu’on procède avec Victoria O’Riley…
« Bon, Solange, vous allez être Séquenceuse de Sérums, à partir de maintenant. Tenez, une paire de lunettes de protection, vous en aurez besoin.
— Oh, merci…
— Ne me remerciez pas, vous avez aussi davantage de responsabilités. Mais je sais que vous en êtes capable… »
Oui, vous avez bien lu, elle m’appelle enfin par mon prénom, après de longs mois. J’espère qu’elle me tutoiera enfin après avoir appris que je suis officiellement la petite-amie de son frère.
En attendant, elle vient de me confier un nouveau poste, et ça, c’est pas de la rigolade. Quelque chose me dit que je vais faire des heures supplémentaires, les jours qui viennent… La première raison étant que j’ai maintenant des rapports à rédiger sur chacune des expériences que je fais.
En plus de cela, Pirus est tombé en panne, et il n’est pas simple à réparer, ce petit coquin ! J’y ai passé mon après-midi.
Au moins, ça me permet de penser à autre chose, au lieu d’appréhender bêtement la réaction de Victoria.
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Les jours passent, jusqu’à un soir où Edward vient me voir.
Il entre, et m’annonce d’amblé :
« Elle est d’accord. Elle a même levé les yeux au ciel quand je lui ai dis que j’osais pas aborder le sujet depuis une semaine. Et elle a dit, je cite 'Ah parce que vous étiez pas vraiment en couple ? J'comprends rien...' haha. »
Après avoir bien ris avec lui, un sentiment de plénitude m'a envahie ! Je suis tellement contente !
On a fêté ça dignement sous la couette, et il a posé ses valises chez moi le lendemain matin, avant que je ne parte au travail. Une nouvelle vie commence !
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Ma joie est vite retombée quand j’ai commencé à me sentir mal quelques semaines plus tard. D’accord… Respire, Solange, c’est peut-être rien… Parce que même si notre nouvelle vie commune se passe très bien, il est peut-être encore un peu tôt pour… le reste… Oulala… Il faut que j’aille vomir…
Je suis malgré tout allée travailler après un rapide passage aux toilettes et un brossage de dents de dernière minute, mais j’ai été embêtée toute la journée par une vessie de faible contenance et un estomac trop gourmand…
Ça n’a pas empêché Thierry d’être fier de mon travail et de me promouvoir dans la foulée, mais qu’est-ce que j’avais faim en rentrant !
Je me suis précipitée sur le frigo, sous l’œil interrogateur d’Edward.
« Bah alors, qu’est-ce qui t’arrives ? me demande-t-il une fois que je me suis installée. »
Je crois que je suis enceinte… Non, je peux pas lui répondre ça… Pas avant d’être sûre… Inutile de le faire paniquer…
« Rien, j’avais juste très faim ! Ta journée s’est bien passée ?
— Oh, comme un jour de congé classique… Et toi ? Ma tortionnaire de sœur ne t’a pas trop fait de misères ? »
Si seulement ça avait été Victoria mon soucis aujourd’hui, ma journée en aurait été bien meilleure…
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