En dehors de son travail de styliste, Aya aime particulièrement la musique. C’est son piano qui se trouve à l’étage, et j’aime bien l’entendre jouer. Surtout comme maintenant, lorsqu’elle essaye de créer quelque chose de nouveau, hésitant un peu.
Je suis content, notre enfant va baigner dans un environnement où la musique est souvent présente. Je pense que ça ne peut avoir qu’un impact positif sur lui.
En tout cas, il y en a un que ça ne stresse pas beaucoup, cette histoire de bébé…
Et puis l’été arrive enfin. Même si ça ne se voit pas trop, pour l’instant… Je n’ai pas l’habitude des temps brumeux et des étés frais. Mais je vais m’y faire, je pense.
La grossesse d’Aya touche presque à son terme. Elle a l’air radieux. Tout comme moi, ses inquiétudes, bien qu’encore présentes, se sont atténuées avec les mois. Maintenant, il nous arrive d’en parler avec excitation.
« Tu as des idées pour le prénom ? Moi j’en ai plein ! Il faut qu’on se décide, Aurèle ! »
Mon cœur bat la chamade rien que d’y penser. Un prénom… C’est une grande responsabilité, en temps que parent. Mais je suis heureux de pouvoir en discuter… ça stimule l’imagination.
Et puis, une nuit, alors que nous dormions tous les deux d’un sommeil profond, je sens Aya se réveiller en sursaut et se redresser.
« Au-Aurèle… Je… Les draps sont trempés…
— Quoi ?! »
Je me lève aussi vite que je peux et attrape le sac d’urgence qu’on avait préparé pour l’hôpital.
« J’appelle un taxi, on y va. »
Il y a de l’orage quand on arrive à l’hôpital de Willow Creek. Autrement dit, ça ne fait qu’augmenter notre stress. Enfin, surtout le mien… Les médecins vont rester dehors comme ça… ?
Enfin je dis ça, mais Aya n’a pas l’air d’être en pleine forme…
« Ils peuvent pas se dépêcher ? C’est super douloureux les contractions… »
Et enfin, elle est guidée en salle d’accouchement. Je trottine pour la suivre. Allez, courage Aurèle, vous allez être des parents formidables !
Je me place derrière le médecin pour observer, mais j’avoue que toute cette procédure ne me rassure pas des masses…
« C’est normal toutes ces machines bizarres… ?
— Mais oui, jeune homme. Laissez-moi faire mon travail et tout ira bien. »
La voix faible d’Aya me parvient de l’autre côté de la pièce.
« Aurèle, laisse le médecin... Ça ira… »
Je me mords les lèvres. Comment est-ce qu’elle fait pour être aussi calme ? Enfin, c’est sûrement l’anesthésiant, mais quand même…
Et puis j’entends soudain des pleurs. Des pleurs de bébé. Oh mon Dieu… !
J’essaie de rester concentrer pour faire rentrer tout ce petit monde à la maison le plus rapidement possible, mais je suis sur un petit nuage… Aya me laisse l’honneur de prendre notre enfant et de le poser dans son berceau, dans sa toute nouvelle chambre que nous lui avons préparée. Je vous présente donc Sélana, la plus belle des petites filles.
Et je l’aime déjà comme un fou !
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« Sélana », en dorien, qui est un dialecte du grec ancien, signifie « lune ». Et ça s’écrit comme ça : σελάνα (en grec ancien classique c’est « Séléné » comme l’une des trois déesses de la lune).
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