Les mois ont passés depuis mon anniversaire. Je cherche sans relâche du travail dans une station aérospatiale, mais jusqu’à présent, je n’ai pas eu de chance… Pourtant, je mets bien en avant que j’ai construit ma propre fusée ! Sauf que comme je n’ai encore jamais volé avec, ils me prennent pour un fanfaron… Jusqu’à aujourd’hui.
« Papa, papa !! »
Je déboule dans sa chambre alors qu’il est (heureusement) seul.
« Qu’est-ce qu’il se passe, mon garçon ?
— J’ai trouvé un travail !!
— Non, c’est vrai ?! C’est fantastique ! Dans une station aérospatiale ?
— Oui !! C’est un peu loin, mais je m’en fiche de faire le trajet tous les jours, si ça veut dire faire ce que j’aime !! Je suis trop content ! »
« Et tu commences quand ?
— Demain ! Si tu savais comme j’ai hâte, papa !! »
« Hahaha, oui, j’en suis persuadé ! Bravo mon chéri ! »
Il me prend dans ses bras avec force, mais j’en suis ravi. Même encore maintenant, j’aime entendre qu’il est fier de moi… !
« Mais tu sais, tu aurais eu ce job plus rapidement si tu m’avais laissé t’aider…
— Papa, je te l’ai déjà dis, il est hors de question que tu te serves de ta notoriété pour me faciliter la vie ! Tu ne le fais déjà pas pour toi, alors pour moi…
— D’accord, mais ce n’est pas pareil, tu es mon fils, et…
— Je sais, tu veux ce qu’il y a de mieux. Mais ne t’inquiète pas, je gère, tu vois ? »
Il me sourit. J’imagine que c’est dans sa nature de père de s’inquiéter. Maman fait la même chose par téléphone. Elle est aussi très prise par son travail, mais elle prend le temps de m’appeler régulièrement, et ça me fait plaisir.
Bien trop excité pour faire quelque chose de calme, je file ensuite m’occuper de ma fusée. Je vais la terminer, et après je m’envolerai… Ils vont voir !!
Et le lendemain, c’est avec fierté que j’arbore mon casque de technicien ! C’est le début, mais je vais gravir les échelons, j’en fais le serment !
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Bon… Ça aurait pu mieux se passer, très clairement…
Le mec au dessus de moi me considère comme le dernier des newbies alors que la fusée sur laquelle on travaille est la même que la mienne, genre, basée sur les mêmes plans et tout ! Et il le sait en plus ! Mais je crois qu’il apprécie pas trop que ses supérieurs aient embauché quelqu’un de plus talentueux que lui. Alors j’ai morflé toute la journée… ! Mais il va voir de quel bois je me chauffe…
Une bonne douche et un plat de chili plus tard, je suis un peu plus relax. Après tout, sans ce chef débile sur mon dos, j’aurai passé une super journée. C’est passionnant de travailler sur une fusée, même si on n’est pas celui destiné à voler dedans… !
Les semaines qui ont suivi, je me suis donné à fond, et j’ai l’honneur de vous annoncer que maintenant, je suis le supérieur de cet abruti ! Les étoiles me seront bientôt à portée de main !
Le lendemain, je décide de profiter de mon week-end pour sortir au parc, et éventuellement me mesurer à d’autres gens aux échecs. Le printemps vient d’arriver sur Oasis Springs, et ça se sent au niveau de la température, alors ça sera agréable. Bon et puis ça se voit aussi… Non mais de vrais ados, hein, j’y crois pas… !
Je râle mais en même temps j’ai un peu peur, il faut l’avouer… Ils ne sont plus tout jeunes, tous les deux… et même si ça veut dire que je serais libéré de leurs minauderies, je n’ai pas envie qu’ils… je n’arrive même pas à le penser… Je n’arrive toujours pas à croire qu’il n’y en ait pas un des deux qui soit décédé à la suite d’une partie de jambes en l’air trop intense. Ils sont résistants, mine de rien…
Je secoue la tête pour me sortir ces idées moroses de là et me prépare avant d’aller au parc. A peine me suis-je installé à un des échiquiers que quelqu’un s’assoit en face de moi, et nous commençons à jouer, en silence. C’est ce que je préfère… Parler aux inconnus, ce n’est pas trop mon fort…
Très vite, une sorte de tournoi improvisé s’organise. Je gagne toutes mes parties, alors tous les gens qui passent et qui sont un temps soit peu familier avec le jeu me défient. C’est génial, haha. On change tous régulièrement d’échiquier, et à un moment, je me retrouve face à une jeune femme. Que le meilleur gagne…
Ça commence doucement, mais elle gagne du terrain… Je me rends compte très vite que c’est, sans conteste, la meilleure contre qui je me suis mesuré aujourd’hui. Même si elle use de techniques douteuses pour me déstabiliser…
« Oh, regardez, un extra-terrestre !
— Hein ? Quoi ? Où ça ? »
« Mais il n’y a rien du t- »
« Oh, je vois… ! »
Son air faussement innocent la trahit d’amblé. Elle veut la jouer comme ça ? Très bien…
Nous continuons de jouer, et je me montre plus agressif dans mes coups. Apparemment, elle ne s’y attendait pas…
« Et voilà, échec et mat !
— Quoi ? Mais non ! répond-elle en examinant la partie, avant de s’avouer vaincue. »
« Bravo, vous êtes définitivement un très bon joueur, monsieur…
— Berry. Mais vous pouvez m’appeler Aurèle.
— Quel beau prénom… Vous le portez bien. »
Je rougis jusqu’aux oreilles. Je me fais draguer, là, non ? Et par une très jolie fille, en plus…
Argl, mais je sais pas faire, moi, ces choses-là… Elle va me trouver idiot… Elle se met soudain à rire, ce qui me rend à la fois nerveux et heureux.
« Détendez-vous, je ne vais pas vous manger ! Pas pour l’instant, en tout cas, rajoute-t-elle avec un clin d’œil. »
Woh… Mon cerveau est en alerte… Vite, trouvez un truc intéressant à dire… Viiite… !
« E-Et vous, comment vous appelez-vous ? »
Bravo, -18 points pour le bégaiement, Aurèle…
« Je m’appelle Aya. Enchantée de faire votre connaissance, M. le super joueur d’échecs ! »
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