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Chapitre 50

Sam vient régulièrement à la maison depuis le mariage. Il a d’ailleurs bien grandi, il va me rattraper si ça continue ! Enfin, je reste le plus vieux, na. Bref ! On s’est beaucoup rapprochés, et c’est vrai que c’est pas trop mal d’avoir quelqu’un d’à peu près mon âge à qui parler.

Et puis… ça me permet de parler de sujets que je ne veux absolument pas aborder avec mon père…


« T’as envie d’avoir une copine, toi ? J’ai remarqué, au lycée, tous les mecs en parlent… Ils sont super relous avec ça.

— Boarf, me répond-il. Je sais pas trop, plus tard, peut-être… pourquoi, pas toi ?

— Bah… Il y a certaines filles que je trouve jolies, mais bon… l’idée même de devoir consacrer du temps à une personne… j’aime bien ma liberté et être tout seul quand je l’ai décidé, en fait…Et puis, le sexe, ça me branche assez moyen…

— Hahaha, c’est marrant, t’es l’exact opposé de ton père à ce niveau-là !

— M’en parle pas, j’en ai assez de les voir se dévorer la bouche à longueur de journée ! Ils sont intenables…

— Sans parler de Tetsu… tu connais les rumeurs sur ton père, non ? Tu dois les entendre au lycée.

— Bof. J’y prête vraiment pas attention, ça m’intéresse pas.

— Bah elles disent qu’il aurait couché avec plus de 100 personnes différentes ! »

« Sérieux ? C’est quoi ces conneries encore ? »

« Ouais, et elles disent même qu’il aurait brisé le cœur de pleins de gens, et même de ta mère.

— Pff, les gens adorent se raconter des histoires et parler dans le dos des autres… et après, on s’étonne que je veuille rester tout seul… Mes parents se sont séparés d’un commun accord parce que ça marchait plus, voilà… »


Sam détourne le regard.


« Quoi, encore ?

— T’es sûr de ça ?

— Bah je crois… Je me rappelle que c’était pas rose, et puis elle est partie, alors…

— Moi j’ai entendu que ton père lui a fait tellement de mal qu’elle a failli… se suicider. Et ce ne sont pas des rumeurs, ça. … J’ai… J’ai surpris une conversation entre papa et maman, un jour… J’ai pas tout compris, mais… »


J’ai l’impression que mon cerveau se déconnecte.


« Attends, attends, attends… Je l’aurais su si ma mère avait failli mourir, quand même… Papa me l’aurait dit… »

« Peut-être pas. Si c’est de sa faute, après tout… moi non plus j’aurais pas voulu le dire… »

Mon cœur se serre. Je refuse de penser que mon père a pu avoir un comportement aussi abject. Mais malheureusement, je me rappelle aussi bien de la longue période pendant laquelle je n’ai pas eu de nouvelles de maman…



Sam s’est excusé d’avoir abordé le sujet en voyant ma tête. Il a dit qu’il avait probablement mal compris ce dont parlaient ses parents, et que je devais pas en tenir compte. Un peu tard pour ça… Il est parti peu de temps après, me laissant seul avec mes pensées. J’ai probablement passé une bonne partie de l’après-midi dans ma chambre. Je suis tiraillé entre la colère et le doute… J’ai toujours eu une image exemplaire de mon père, et là, je me retrouve à devoir caser au milieu un épisode qui ne correspond pas du tout avec ça… Sam aurait-il réellement mal interpréter les propos de tonton Raphaël et de tatie Mariko ? Ou est-ce que je me suis fourvoyé tout ce temps… ?

Je décide de descendre et de travailler sur ma fusée au lieu de broyer du noir. Il faudrait que j’en parle à papa, quand même…

Mais qu’est-ce que je lui demande ? Comment ? Argl… Ou alors j’en parle à maman… ? Non, si c’est vrai, je n’ai pas envie de lui réveiller de mauvais souvenirs… Bon sang… Je sais même pas pourquoi ça me prend autant la tête, y’a prescription, non ? … Mais je sais pas, je me sens trahi…


On dit que la nuit porte conseil. On verra bien…



Mais le lendemain, je ne suis toujours pas décidé. Alors je retourne bricoler. Papa est dans le salon en train d’apprendre à faire du théâtre, « pour occuper mon temps libre », comme il dit. Et il n’est même pas à la retraite… !

Aussi sympathique ce passe-temps soit-il, ça me fait surtout penser que déjà, en étant politicien, il est forcément bon acteur. Et un bon manipulateur… J’veux dire, aussi bon qu’il soit dans son métier de Leader National, il a quand même fallu convaincre les gens, à un moment donné… et en plus, il était très jeune quand c’est arrivé. Je me dis que son charisme ne vient pas de nulle part, il a dû pratiquer…


Cela dit, qu’il ait été avec cinq, dix ou même cent personnes différents, je m’en contrefiche. Ce dont je me fiche moins, par contre, c’est de l’attitude qu’il aurait pu avoir avec ses précédentes conquêtes… avec maman.


Je profite du temps qui se gâte pour aller fouiner un peu sur internet. J’ai un peu peur de ce que je vais y trouver, mais bon…

Je n’ai pas à chercher longtemps avant de tomber sur de vieux articles relatant ses frasques amoureuses. Allons bon… Je fouille un peu plus et me rends compte que les articles arrêtent à peu près de parler de ça quelques mois avant ma naissance. Donc soit il est devenu discret, soit il a arrêté de faire coucher à droite et à gauche quand il a rencontré maman, et je pense que c’est plutôt ça.


Je continue de parcourir les pages web et je trouve une photo assez flou de maman partant de la maison, traînant deux valises derrières elle… elle a l’air de pleurer… l’article parle du mariage écourté et annulé par… papa… « Selon nos informations, Gabriel Berry aurait abandonné sa fiancée devant l’autel, ne souhaitant plus s’engager avec elle, et ce en pleine cérémonie devant la famille de ce dernier. »


D’accooord… Donc si je résume, il a attendu qu’ils soient sur le point de se marier pour la jeter comme une vieille chaussette et la foutre dehors ? Est-ce que j’ai bien lu ?


Respire Aurèle, respire… Je me lève et vais me mettre devant la télé. Il faut que je me calme…

Mais c’est sans compter sur le talent d’observateur de mon géniteur qui répète juste à côté.


« Aurèle, ça va ? »


Putain.


« T’as l’air pâle. Tu n’es pas malade, au moins ? Et si quelque chose ne va pas, tu peux me le dire, tu sais… »

… Je suis incapable de le détester. C’est mon papa… Mais en même temps… Je suis en colère… Je me sens trahi… Alors je lui crie dessus. Je lui dis des choses horribles que je ne pense pas. Je lui jette aussi à la figure tout ce que je viens d’apprendre. Je lui dis que c’est un monstre.


Et je monte dans ma chambre, regrettant déjà ce que je viens de faire. Je me couche sur mon lit et pleure, en silence.


• BONUS •



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