« Aurèle, aujourd’hui, on va visiter l’endroit où on va peut-être se marier, avec Tetsu… Tu veux venir ?
— C’est vrai ? Je peux ?!
— Bien sûr ! »
L’enthousiasme de mon fils pour le plus beau jour de ma vie me fait vraiment chaud au cœur. Il veut que je sois heureux, apparemment… Raphaël nous a dit que les réservations allaient bon train, mais qu’il y aurait éventuellement une possibilité pour bientôt. Il m’a dit que le meilleur moyen de savoir, c’était d’aller sur place directement, et de rencontrer le prêtre. Bon, ça ne m’enchante pas des masses, mais après tout, c’est une église…
« Tu es sûr hein ? C’est à Magnolia Promenade, c’est pas tout à côté, on a quelques heures de route devant nous.
— Pas grave ! Je viens ! »
Nous avons donc pris la route et sommes finalement arrivés à l’église de Magnolia Promenade. Et la première impression fut… plutôt bonne.
« Wouah… C’est beau… s’extasia Aurèle.
— Je peux vous aider ? »
Avant même que nous puissions avancer davantage, un homme âgé nous interpelle. Il semble tout juste arriver, comme nous.
« Oh, bonjour. Vous êtes le Père Faure ?
— C’est cela même.
— Nous venons visiter votre église… et vous demander s’il était possible d’y organiser un mariage ! »
« Un mariage, vous dites ? Bien sûr ! Les décorations du précédent sont encore accrochées, si vous voulez aller voir. »
Nous le remercions et nous le précédons à l’intérieur du grand édifice. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pas mal du tout…
« Wouah…, fit à nouveau Aurèle.
— Vous avez un planning de réservation serré ? demandé-je, me tournant à nouveau vers le prêtre.
— Assez, oui, mais il me reste quelques créneaux. Pour quand souhaiteriez-vous prévoir la cérémonie ?
— Eh bien… Assez rapidement… »
« Donc le prochain créneau de libre vous irait, j’imagine ? »
« Tout dépend de la date, je suis assez occupé, mais je suppose qu’on peut s’arranger…
— Attendez, votre tête me dit quelque chose… »
Je le vois ajuster ses lunettes. Et moi qui pensait que c’était parce qu’il m’avait reconnu qu’il nous avait adressé la parole.
« Ah oui… ? »
« Vous êtes acteur, peut-être ? »
Il m’a l’air un peu gâteux… Je décide d’ignorer sa question.
« Vous venez vous assoir, qu’on puisse discuter des dates ?
— Oh, oui, bien sûr… »
Nous nous asseyons sur un des nombreux bancs, et soudain, son visage de fige dans la surprise. Et c’est parti…
« Oh ! Oh doux Jésus ! Pardonnez-moi, M. le Président… C’est que… Ma vue n’est plus ce qu’elle était, et…
— Ne vous en faites pas, ce n’est pas grave du tout ! »
Des fois, j’aimerai vraiment qu’on ne me reconnaisse pas.
« Vous souhaitez donc épouser votre compagnon dans la maison de Dieu ? Je ne peux que vous le recommander !
— Ce n’est pas spécialement ça, je vous avoue… Nous cherchons simplement un lieu joli mais pas trop grandiloquent, et il semblerait que votre église corresponde bien.
— Je comprends. Je serais ravi de vous accueillir… mais la première date que j’ai de disponible est dans six mois.
— Six mois ? En plein automne ?
— Oui, je suis navré. Vous voulez que j’essaie de m’arranger pour… ?
— Ah non, surtout pas. Tetsu ? Ça te va ? »
« Oui, c’est parfait ! Les arbres auront une jolie couleur, même s’il fait un peu froid. »
Décidés, nous faisons tout de même un tour complet du propriétaire avant de signer les papiers. L’arrière de l’église est même pourvu d’un endroit pour recevoir les invités !
Puis, comme il se faisait tard et que nous avions plusieurs heures de route, nous nous sommes mis en chemin, après un dernier remerciement au Père Faure, et un dernier regard vers l’église.
En arrivant, je fais remarquer à Aurèle que, du coup, son anniversaire aura lieu avant le mariage.
Et alors que je lui demande s’il voudra une fête d’anniversaire avant, Tetsu m’interrompt :
« Et le tien aussi, Gaby. »
De quoi, le mien ? Oh. OH. Je n’y pensais plus…
« Oh non… Tu vas accepter de te marier avec un vieux crouton ?
— Hahaha ! Arrête, je ne suis pas beaucoup plus jeune que toi.
— Ouais, mais quand même…
— Qui est-ce qui me disait que mes cheveux blancs me donnaient un air sexy ?
— Oh, oui, c’est vrai…, réponds-je en rougissant.
— Berk, allez faire vos cochonneries ailleurs ! s’exclama Aurèle avant de se diriger vers la maison, nous faisant rire tous les deux. »
Comentários