Je me suis rendu compte que ça faisait une éternité que je n’avais pas vu mon frère et ma sœur en même temps. J’ai donc décidé d’organiser un repas en famille. Tetsu est au travail, mais il se joindra à nous en rentrant.
Mariko et Raphaël commencent d’amblé alors que je suis en train de préparer le repas en me disant qu’ils attendent un deuxième enfant.
« On a hésité, parce que Sam est très difficile comme bambin… mais on en veut vraiment un deuxième, m’explique Raphaël, radieux. »
Le petit ventre de Mariko se voit à peine, c’est tout récent, mais je suis heureux pour eux. Moi, les enfants, c’est fini, j’ai donné ! Gaëlle, elle, est venue avec son petit-ami, Victor. Depuis le temps qu’elle devait me le présenter !
« Ça fait un an et demi que j’entends parler de vous, et maintenant je sais enfin à quoi vous ressemblez !
— Hahaha, je ne peux pas dire que c’est pareil pour moi, mais j’avais également hâte de faire votre connaissance.
— Oh mais vous avez de l’humour, j’aime ça ! »
Gaëlle en a profité aussi pour tisser des liens avec son neveu.
« Tu ressembles beaucoup à ta grand-mère dans tes idées, Aurèle, c’est chouette.
— C’est vrai ? J’aurais vraiment aimé la connaître ! »
« Frangin, j’veux pas dire, mais tu t’es drôlement amélioré en cuisine ! s’extasie Raphaël en regardant rêveusement son assiette dont le contenu disparaît plus vite que la lumière.
— Héhéhé, merci… ! Mais laisses-en à Tetsu, tu veux, il va bientôt rentrer !
— Ça vaaa, j’suis pas un ogre non plus ! »
Et justement, voilà que Tetsu arrive. Il passe se changer vite fait et s’installe à table.
« Bonjour tout le monde ! »
« Sers toi mon chat, sinon Raphaël ne va pas t’en laisser une miette.
— Eh ! »
On rit tous de bon cœur et Tetsu mange avec nous. Je me lève pour débarrasser ensuite, refusant toute l’aide qu’on me propose.
La soirée se termine sur un café, et ils finissent par rentrer, Raphaël et Mariko étant les premiers à partir, puisqu’ils devaient libérer leur nounou. Je me sens bien après cette petite réunion de famille… ça m’avait manqué. Je suis ravi de voir que tout le monde est heureux. J’ai essayé de demander à Gaëlle si elle comptait aussi faire de moi un tonton de son côté, mais elle a juste levé les yeux au ciel en me traitant de « gros lourd ». J’aime ma petite sœur… !
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Aujourd’hui, je dois construire un système solaire à base de polystyrène et d’argile, c’est super trop bien ! Le prof de sciences ne nous a jamais donné des devoirs qui m’ont autant fasciné ! Papa et Tetsu se sont proposés pour m’aider, et j’ai pas eu le cœur de leur dire que j’avais absolument pas besoin d’aide… C’est gentil de leur part, en même temps !
« Aurèle, ce soir, on va au restaurant avec Tetsu, tu vas devoir manger tout seul. Ça ira ?
— Mais oui, papa… C’est bon, je suis plus un bébé, tu sais ?
— Oui, mais bon, quand même…
— Ça ira, j’te dis ! »
Il me fait rire, mon père. C’est pas la première fois qu’ils vont au restaurant tous les deux et que je mange tout seul, mais à chaque fois il fait tout un cirque !
« Bon, si tu le dis. »
Tetsu ne dit rien, il se contente de jouer avec l’argile, comme s’il n’écoutait pas. Je me demande ce qu’il a dans la tête… Probablement la conversation qu’on a eue l’autre jour ! Il est ailleurs, depuis. J’imagine que c’est ça, il se prend encore la tête. Puis, soudain, je le vois afficher un air déterminé. Aurait-il pris une décision… ?
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« Vous nous mettrez deux boissons du chef, un Monte Cristo et un curry au tofu.
— Pas de problème, M. Berry. C’est parti ! »
Quelle bonne idée, ce petit restaurant ! Quand Tetsu m’a proposé d’y aller, j’ai tout de suite pensé à ma mère, puisqu’ils ne servent que de la nourriture végétarienne. Et de penser à elle, ça m’a aussi fait réaliser qu’elle aurait voulu que je sois heureux, dans tous les sens du terme. Elle avait beaucoup apprécié Tetsu, je suis sûr qu’elle est heureuse de nous voir comme nous sommes, de là où elle est. C’est pour ça que, dans ma poche, j’ai la bague de fiançailles que je suis allé chercher avant de rentrer du travail, toute belle et resserrée à la taille des fins doigts de Tetsu. Mon cœur bat la chamade, mais j’ai aussi extrêmement faim, alors ça attendra la fin du repas…
C’est délicieux, ça ne pouvait pas me mettre dans de meilleures dispositions ! A la fin du repas, après avoir échangé des blagues et des regards tendres toute la soirée, je me lève pour l’embrasser avec tout l’amour que je lui porte. Il semble d’humeur romantique aussi… Parfait.
« Gaby… Je t’aime tellement, tu n’as pas idée. Je suis vraiment triste d’avoir raté toute une partie de ta vie, mais en même temps, sans cela, Aurèle n’aurait pas vu le jour, et je n’aurai donc pas rencontré le plus gentil et le plus intelligent jeune garçon qui soit.
— Oh, Tetsu…
— Mais ces années qu’on a passées loin l’un de l’autre n’ont fait que renforcer mon amour pour toi, et j’ai vraiment envie qu’on devienne une vraie famille, tous les trois. »
Attendez, c’est moi où il me pique la vedette, ce soir… ?
« Tetsu, tu-
— Attends, laisse-moi finir, s’il-te-plaît. »
Il prend une profonde inspiration. C’est pas vrai…
« Gabriel Berry, me ferez-vous l’immense honneur d’accepter de devenir mon époux ? »
Non mais… Tetsu !! … Il n’y a vraiment que lui qui peut faire capoter toute ma soirée et, en même temps, faire de moi le plus heureux des hommes. Bon sang…
« Tu… Je… Je sais tellement pas quoi dire… »
Je prends la bague entre mes doigts et l’observe. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’ondes, tous les deux… et rien ne pourrait mieux prouver que nous sommes faits l’un pour l’autre.
« Oui, bien sûr que j’accepte de t’épouser, idiot. C’est quoi cette question ridicule ? »
J’entends Tetsu soupirer de soulagement. Alors il avait vraiment peur que je dise non ?
« Je t’aime, Gaby…
— Moi aussi, Tetsu, moi aussi… »
« Tu sais que je m’apprêtais à faire exactement la même chose… ? »
Il me regarde un instant avec les yeux ronds comme des billes, puis nous éclatons de rire tous les deux. Décidément, je ne pouvais pas tomber sur mieux que lui pour moi, et mon cœur le savait depuis tout ce temps…
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