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Chapitre 40

Maintenant qu’Aurèle a sa propre chambre, Tetsu et moi pouvons faire l’amour quand bon nous semble. Dans le placard ou dans le lit, on a l’embarras du choix !

Mais malgré tout, nous faisons notre possible pour être discrets, même (et surtout) dans nos regards et nos gestes quotidiens l’un envers l’autre. Aurèle a l’air d’être un garçon très intelligent, et je n’ai pas envie qu’il l’apprenne comme ça, juste parce qu’il l’a deviné, parce que nous n’avons pas fait attention. Mais c’est difficile. C’est plus facile de tromper les médias, et c’est dire…


Et puis un jour, alors que je continue d’enseigner à Aurèle les règles des échecs en pratiquant dans sa chambre…


« J’aime beaucoup la déco’ qu’on a faite, papa, c’était chouette !

— J’aime bien aussi, mais je vois que tu as déjà mis le bazar… !

— Oh ça va, c’est rien ça…, me répond-il en rougissant, sans se dépêtrer de son sourire. »

« Tu es intrigué par l’espace, alors ?

— Oui ! J’adore regarder les étoiles par la fenêtre avant d’aller dormir. J’ai une vue super d’ici. Tu crois qu’il y a combien d’étoiles dans le ciel ?

— Oh, des milliards et des milliards… !

— Wouah… Ça fait beaucoup de possibilité d’exploration…

— Tu voudrais aller voir les étoiles de plus près ?

— Et les planètes ! Il doit y avoir plein de planètes, comme il y a plein d’étoiles ! »


Ce gamin m’étonne, vraiment. C’est le digne petit-fils de sa grand-mère.

« Dis, papa…

— Oui ?

— Tu… Tu crois que maman va bientôt revenir… ? »


Je m’attendais à cette question. Il me la pose régulièrement, et à chaque fois, je ne sais pas trop quoi lui dire. J’ai essayé de joindre Kalpita, mais elle ne me répond pas.


« Je ne sais pas, mon grand… Bientôt, oui, j’espère. Elle te manque, j’imagine…

— Oui, beaucoup. Mais je vous ai, toi et Tetsu, alors ça va. »


Je manque de m’étouffer avec ma salive. Comment ça, moi et Tetsu ? Non, calme-toi, Gabriel, c’est parfaitement innocent, ce qu’il dit…


« Tu… Tu l’aimes bien, c’est vrai ? Ça me fait plaisir, c’est un de mes meilleurs-amis, après tout. »

Aurèle ne répond tout d’abord pas, et me regarde avec un air malicieux. Ça sent pas bon, ça…


« Tu me prends pour un idiot, papa…

— Quoi ? Mais non, pas du t-

— Je sais bien que c’est ton amoureux. »

Un silence s’installe. Aurèle sourit, apparemment ravi d’avoir réussi à me déstabiliser.


« C-Comment tu…

— Je vous ai vu vous faire un bisou quand je suis rentré de l’école un jour. J’ai pas trop compris, mais j’en ai parlé à des copains le lendemain, et ils m’ont dit que c’était sûrement parce que c’était ton amoureux. »


Et il prend une pièce pour la bouger, me mettant en échec.


« Aha, échec, papa ! »

Ce n’est pas possible, on a fait si attention… Quels abrutis nous sommes… Enfin, cela dit, il a l’air de le prendre plutôt bien…


« Ça… Ça ne te gêne pas ?

— Non. Tu as l’air super heureux, en ce moment, plus que quand j’étais plus petit…. Quand maman était encore là. Je m’en rappelle, tu sais.

— Aurèle…

— Elle me manque beaucoup, et c’est vrai que j’aimerai avoir mes deux parents avec moi, mais j’ai compris que c’était pas possible, je suis pas bête. Je veux juste qu’elle revienne me voir de temps en temps… »

Une note de tristesse se distingue dans sa voix. Il faut vraiment que j’arrive à joindre Kalpita… (inutile de vous dire qu’il m’a battu aux échecs ce jour-là)



Lorsque j’en ai parlé à Tetsu alors qu’il passait à la maison après le travail, il a été aussi étonné que moi, mais content de savoir qu’Aurèle n’en était pas plus choqué que ça.


« Ça ne m’étonnerait pas que ton fils soit un surdoué, tu sais… Il est bien trop brillant pour son âge ! »

C’est vrai que ses résultats à l’école sont excellents, et il m’a avoué passer plus de temps à la bibliothèque que dans la cour avec des copains pendant les récréations. Je me demande si c’est parce qu’il aime vraiment étudier, ou si c’est parce que ça lui permet de ne pas penser à sa mère. Les deux, peut-être.


J’ai essayé une énième fois d’appeler Kalpita, après ça.

Et contrairement à ce que je m’imaginais, elle a décroché.


« Allô ?

— Kal ! C’est Gaby… Tu… Ça fait un moment que j’essaie de te joindre…

— Je sais, désolée… Je crois que je n’étais pas prête à t’entendre à nouveau.

— Et maintenant… ?

— C’est mieux… Comment tu vas ?

— Ça va. C’est Aurèle qui m’inquiète.

— Oh non ! Que lui arrive-t-il ?

— Tu lui manques.

— Oh… Mon poussin…

— Tu penses que tu vas pouvoir revenir nous voir prochainement ?

— J’espère… Mais mon père est tombé malade. Il est à l’hôpital. Je vais attendre qu’il aille mieux, avant de venir.

— Je suis désolé…

— Non, c’est moi… Je… Je vais te laisser. Embrasse Aurèle très fort pour moi.

— Je n’y manquerai pas. Prends soin de ton père, et rappelle-moi dès que tu en sais un peu plus.

— D’accord. A bientôt, Gaby.

— A bientôt. »

Ce n’est pas encore ça, mais c’est une avancée. J’ai attendu qu’Aurèle rentre de l’école et je lui en ai parlé.


« J’ai eu maman au téléphone !

— Ah… ? »

Ce n’est pas exactement la réaction que j’espérais…


« Tu… Tu n’es pas content… ?

— Si, mais… Quand est-ce qu’elle vient ?

— Je ne sais pas… Et elle non plus. »


Il soupire, et on s’installe à table pour en discuter.


« J’en ai marre, on dirait qu’elle veut pas me voir… ! »

« Mais si, Aurèle, voyons ! Elle t’aime très fort, et tu lui manques beaucoup à elle aussi. Mais il se trouve que son père, ton grand-père, vient de tomber malade, et elle ne peut pas partir alors qu’il est à l’hôpital…

— Oh…

— Sache, quand même, qu’elle t’embrasse très fort, et qu’elle espère de tout son cœur qu’elle pourra bientôt venir nous voir. »


Il hoche la tête, et je suis content de voir un semblant de sourire sur ses lèvres. Je me lève et vais l’enlacer.


« Tu verras, ça viendra plus vite que tu ne le crois ! »


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