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Chapitre 35

  • Photo du rédacteur: ongatheringsims
    ongatheringsims
  • 1 févr. 2022
  • 4 min de lecture

On a décidé de repousser un peu le mariage. Déjà, pour qu’on puisse se remettre tranquillement de la perte de maman, et parce que les élections approchent. C’est déjà compliqué de me concentrer sur mon travail en étant déprimé sans arrêt, mais si en plus je dois m’inquiéter d’un mariage…


Les élections approchent, donc. On élit prochainement le nouveau dirigeant du Monde Libre. Et… j’ai reçu assez de signatures pour pouvoir me présenter !! Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis fier. Je pratique mes discours dès que je peux… !

« Notre pays manque de cohésion ! Nous sommes sans arrêt en train de reprocher des choses aux autres, au lieu de nous améliorer nous-mêmes… Vivre n’est rien d’autre qu’un immense travail d’équipe. Et je sais que nous avons la possibilité d’évoluer vers un monde meilleur, un monde où-

— Tu maîtrises de mieux en mieux la langue de bois, mon chéri. »

« Voyons Kalpita, de quoi parles-tu… »

Me charrier. C’est sa manière à elle de me soutenir. Alala… Qu’est-ce qui m’a pris de me mettre avec une femme aussi blagueuse ?


J’essaie de m’occuper de mon fils, mais c’est compliqué, pour deux raisons. La première, c’est qu’il est assez indépendant, il n’aime pas qu’on le colle trop. Intéressant, pour un bambin… La deuxième, c’est que j’ai vraiment trop de travail, et que Kalpita, qui a récemment quitté son poste dans la politique pour se consacrer à celui de critique d’art qu’elle voulait depuis longtemps, a beaucoup plus de temps libre.


Mais dès que j’ai cinq minutes, je l’observe, mémorisant ses gestes hésitants d’enfant. Même si là, il a une tablette dans les mains, et que ça me plaît moyen… Enfin bon…

J’ai l’impression de ne pas arrêter. Quand je suis au boulot, je cours partout, et quand je suis chez moi, j’envoie des tonnes de mails, je réponds à des tonnes de gens… C’est vraiment très fatiguant. Mon directeur de campagne m’appelle tout le temps, aussi, et pour des trucs des fois pas utiles du tout… Ou en tout cas que je juge comme tel. Enfin bon, je suppose que c’est son boulot.


J’ai aussi pris l’initiative d’aller à la rencontre des gens dans leurs vies de tous les jours, pour essayer de me faire connaître d’une autre façon. Comme quelqu’un d’accessible, par exemple.


Et bientôt, ça fait déjà six mois que je fonctionne comme ça, sans réellement me reposer. Mais ça va payer… ! Enfin, j’espère. Parce que j’en ai marre de stresser et d’être au bord des nerfs sans arrêt…

Je m’énerve déjà facilement, mais alors là… Difficile de souffler. Le seul moment où j’arrive un temps soit peu à décrocher du travail, et donc de mes inquiétudes, c’est en faisant la cuisine. Kalpita n’aime pas trop ça, et moi, eh bien… Ça me fait penser à mon père. Alors j’ai un peu continué à travailler ce… talent, si je puis dire, en sa mémoire. Et ça me plaît bien. Ça me calme… même si je n’ai pas l’occasion de la faire souvent, et encore moins maintenant.

Je sens bien que Kalpita en a marre de me voir courir partout et d’être désagréable sans véritable raison. Elle a d’ailleurs fini par craquer, et on s’est violemment engu.eulé.


« Gabriel, tu te rends compte que ça fait des mois que tu ne rentres presque que pour dormir ? Qu’est-ce que tu fais si tard ?

— Je travaille, bon sang ! Tu sais bien que ce sont les élections dans une semaine !

— Je sais, mais si ça veut dire que tu dois négliger complètement ta famille, est-ce que tu penses que ça vaut le coup ?

— Pardon ? Évidemment !

— Quoi ?! Mais… Je suis sûre que tu ne sais même pas qu’Aurèle a dit sa première phrase complète il y a quelques jours… !!

— Ah bon… ? Je…

— Tu quoi ?! Quel père est-ce que tu as envie de devenir ?! »

« Oh mais putain, Kalpita, je suis peut-être le prochain dirigeant de ce pays, d’accord ? Alors lâche-moi ! J’ai pas besoin d’une source de stress supplémentaire !! »

« Mais je devrais même pas avoir à te rappeler qu’il faut que tu t’occupes de ton fils !! Je suis persuadée que c’est parfaitement possible pour toi de lui faire une place dans ta journée chargée ! Tu ne veux juste pas faire l’effort. »

« Tu comprends pas. Je me répète : non, ce n’est pas possible. Et je ne suis pas en état de m’occuper d’un gamin !

— Pas en état… ? Mais c’est ton fils, merde !

— Ooh, calme-toi… »


Je ne l’ai jamais vue aussi enragée…

Elle a d’ailleurs coupé court à la conversation et s’est réfugiée dans notre chambre où repose son chevalet, pour peindre, probablement. Je n’ai vraiment pas le temps, et elle ne veut pas comprendre. Je remarque soudainement qu’Aurèle est à côté de moi, affichant un air inquiet.


« Oh mince, tu as tout vu… »

J’ai du travail à faire, mais je ne peux pas rester impassible devant sa petite tête. Je le prends alors dans mes bras, et lui fait un gros câlin.


« Ne t’inquiète pas, petit ange, papa et maman t’aiment très fort, même s’ils se font la tête… »

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