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Chapitre 33

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

Je ne me suis pas approché du berceau. Je sais à peine à quoi ressemble mon fils, et il a déjà un mois. Mais je n’arrive pas à m’y résoudre. Je ne le vois que comme une gêne qui m’empêche de vivre ma vie comme je l’entends. Et qui me réveille en pleine nuit, aussi.


C’est Kalpita qui se lève pour le calmer, toujours. Et même si ça a l’air de lui faire plaisir de s’occuper d’Aurèle, je vois bien qu’elle me jette de temps en temps des regards tristes.

Le temps s’est calé sur mon humeur, aujourd’hui, morose et indécis. En ce premier jour d’automne, il neige à Oasis Springs.

C’est bien la première fois que j’enfile mon manteau d’hiver et un bonnet dans cette ville.


C’est dimanche, et c’est aujourd’hui que maman, Raph’, Mariko et Gaëlle viennent faire la connaissance d’Aurèle. Avant cela, nous avons tous les deux été très occupés par nos travaux respectifs. Cette journée aura au moins le mérite de me faire souffler.


J’ai allumé un feu avant leur arrivée pour chauffer la maison. Je pensais qu’elle allait juste servir de décoration, cette cheminée, mais non !

J’ai été tellement content de les voir arriver ! J’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’avais pas vu mon frangin et ma petite sœur… !


« Salut, toi !

— Gabyyy !! »

Bon, j’ai dû attendre avant de pouvoir enlacer mon frère, Mariko lui a sauté dessus avant… Au moins ils sont toujours aussi amoureux, ça fait plaisir à voir.

« Raah, vous vivez ensemble non ? Vous pouvez pas faire ça chez vous ? Dans mes bras, frangin !

— Oh que t’es lourd, Gaby… ! »


Mais il a dit ça en riant.

Et puis vient le tour de maman… et elle, je sais qu’elle va pouvoir lire en moi comme dans un livre ouvert.


« Bah alors, mon chéri, pourquoi cet air tout triste… ? »

« Maman… »


Alors je lui raconte tout. Mes insécurités depuis la naissance d’Aurèle, le fait que je me sens coupable de ne rien ressentir à part de la frustration quand je regarde ma progéniture…


« Je vois… Tu n’arrives pas à faire le deuil de l’idée que tu te faisais de ta vie.

— Non…

— Mais dans la réalité, ta carrière n’est en rien entravée par la présence d’Aurèle, tu le sais, ça ?

— Je sais, mais… il est tellement petit pour l’instant… C’est normal…

— C’est ton fils, tu ne peux rien y changer. Il n’a pas demandé à naître, mais maintenant qu’il est là, il faut que tu fasses partie de sa vie, c’est ainsi. »

Je sais qu’elle a raison, mais c’est beaucoup plus compliqué que ça…


Elle a tenu à voir son petit-fils, alors je l’ai emmenée dans la chambre. Il ne dort pas. Mais au même moment, il se met à pleurer. Kalpita est occupée avec ma fratrie, alors ma mère me lance un regard qui dit « qu’est-ce que tu attends ? ». Alors pour la première fois, sous le regard insistant de maman, je prends mon fils dans mes bras et lui donne le biberon.

C’est étrange, cette chaleur qui se propage en moi, comme ça. J’observe minutieusement la bouche de ce petit être rose téter avec attention le bout du biberon. Il est… mignon. C’est vrai, c’est mignon, un bébé. Non ? Je ne peux m’empêcher de sourire.


« Tu as encore faim… ? chuchoté-je. »

Je me retourne légèrement et voit maman qui m’observe depuis mon lit avec un regard satisfait.


« Tu es toujours sûr de ne pas éprouver d’amour pour ton fils ? »

Je n’ai pas répondu. J’en ai marre qu’elle ait toujours raison.


Au même moment, j’ai eu l’impression qu’on m’observait de l’extérieur.


Mais quand j’ai regardé par la fenêtre, il n’y avait personne. J’ai dû rêver.



Je ne suis pas devenu papa-poule pour autant après cette visite. Mais je vais voir Aurèle de temps en temps, quand même. Kalpita a l’air ravie. Tellement ravie qu’elle m’a surprise un matin à me poser une question qui m’a presque fait tomber de ma chaise.


« Et si on se mariait ? »

« Euh… Bah… J’y avais jamais réfléchi…

— Comme ça, on sera une vraie famille ! »


Elle me prend un peu de court, là… Mais… C’est vrai, pourquoi pas, après tout ? Je ne suis pas malheureux, avec elle. Je pense même que j’ai plutôt de la chance de l’avoir. Et maintenant, on est parents…


« Bon bah… D’accord. »


Je ne sais pas si c’est un signe quelconque, mais au même moment, un coup de tonnerre fait trembler les murs de la maison.


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