Les premiers jours se sont bien passés. Je prenais mes marques au bureau, j’écoutais tranquillement les conseils de M. Ignis pour fournir le meilleur travail possible. J’ai croisé Mme la Maire plusieurs fois, mais elle est tellement occupée qu’on n’a jamais eu le temps d’échanger quelques mots.
Ça se passe si bien que je ne vois pas les jours passer, et finalement, M. Ignis m’annonce qu’ils ont besoin d’aide dans le bureau de la maire, et me demande si ça m’intéresserait. J’ai balbutié un peu trop je crois, mais il ne m’en a pas tenu rigueur, apparemment, parce qu’un mois après mon arrivée, j’étais promu !
Je suis rentré en courant ce soir-là, et je l’ai annoncé à la première personne sur qui je suis tombé : mon père.
« Papa, papa ! Je vais travailler officiellement pour la maire d’Oasis Springs à partir de maintenant !
— C’est vrai ? Mais c’est fantastique ! »
Je sais ce que vous pensez. Je suis encore chez mes parents. Eh bah en fait, je vais rester jusqu’à l’anniversaire de maman… c’est dans pas longtemps, et j’ai pas envie de partir de manière précipitée. Je leur ai dis et ils avaient l’air ravis de ma décision. Même si j’ai eu l’impression que maman vivait assez mal le fait que je sois déjà adulte…
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Je ne m’autorise aucune seconde de répit. Je sais que je devrais ralentir sur mon investissement dans mon travail, mais je n’y arrive pas, c’est plus fort que moi !
Je pourrais avoir envie de sortir, mais vu le temps qu’il fait depuis plus d’une semaine, très peu pour moi…
Et puis… Peut-être que j’évite un peu Gabriel, aussi… Je sais qu’il s’en va bientôt, et je n’arrive pas à me faire à l’idée. Alors quand je le vois sur l’ordinateur en train de chercher des petites annonces pour un logement dans le coin, ça me fait me sentir mal… Pourtant, je devrais m’estimer heureuse qu’il ne déménage pas à l’autre bout du monde !
Et donc, dès que je ne suis pas au travail, j’ai l’impression de passer ma vie sur cette machine ! Que ce soit pour l’utiliser ou la nettoyer, d’ailleurs…
Enfin, je suis bien obligée de sortir de mon trou pour satisfaire les besoins d’un sim normal… comme manger, par exemple.
« Ah, maman, je savais bien que je te trouverai là.
— Ah, Gabriel. Bonsoir… tu n’étais pas censé dormir… ?
— Si, mais comme tu m’évites depuis plusieurs jours, j’ai décidé de mettre un réveil au milieu de la nuit pour avoir une chance de tomber sur toi. Et bingo. »
« Maman… Je crois savoir pourquoi tu te terres dans ton labo… T’as pas envie que je m’en aille, c’est ça ? »
Je soupire.
« Non, c’est plus compliqué que ça… Je sais que tu dois t’en aller, c’est la vie, mais… c’est un changement très brusque pour moi, de dire au revoir à mon premier enfant, tu comprends ?
— Mais si tu m’évites, on passe encore moins de temps ensemble…
— Je sais, mais comme ça quand tu partiras, ça fera moins mal. »
« Maman… »
Je crois apercevoir un air triste sur son visage. Je me doutais que je le faisais souffrir en agissant comme ça, mais de le voir, c’est autre chose…
« Aaah… Viens dans mes bras… »
« Je vais essayer de prendre sur moi, d’accord ?
— Maman, je ne pars pas loin, on pourra se voir souvent, si c’est ce que tu veux… !
— Je sais… »
On a repris nos places, et je lui ai posé la question fatidique.
« Tu as trouvé quelque chose, alors ?
— Tu veux vraiment le savoir ?
— Bah oui, sinon je te demanderai pas…
— Oui, j’ai trouvé, je signe le contrat d’achat dans une semaine, et j’emménage… tu sais quand. »
J’ai été étonnée de ne pas ressentir plus de peine que ça. Au moins, il aura quelque chose de sûr, je suis contente.
Il est retourné se coucher, apparemment heureux d’avoir pu me parler, et j’y ai été aussi, une fois mon plat terminé. Bon, j’ai toujours du travail, mais je vais essayer de passer plus de temps avec ma famille, tant qu’elle est au grand complet… !
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Au fait, je vous ai pas dis, mais ça y est, Mariko est venue à la maison et a rencontré mon petit frère ! Pour l’instant, ça a l’air de bien se passer, elle vient régulièrement et ils discutent… Bon, ça avance pas assez vite à mon goût, mais ils font ce qu’ils veulent, hein…
Maman, quant à elle, tient sa promesse. Elle passe plus de temps avec nous, même si elle est toujours souvent fourrée dans son labo… ! Elle a beaucoup de travail, qu’elle dit… !
Mais je lui pardonne, elle a toujours été une bourreau du travail, alors c’est pas étonnant. Et je pense que j’ai un peu hérité ça d’elle, d’ailleurs.
Celui qui m’inquiète, maintenant, c’est papa. Il a l’air heureux, hein, mais je trouve qu’il se fatigue de plus en plus vite… ça me fait peur. Et s’il disparaissait alors que je viens tout juste de quitter la maison ? J’ai vraiment peur de l’effet que ça aura sur maman, en plus. Reste avec nous encore un peu, papa…
Pour essayer d’oublier tout ça, je fais comme maman, je me plonge dans le travail. Et ça paye bien, puisqu’on parle déjà un peu de moi sur internet, comme me faisant une place importante dans mon parti… Oui, j’ai rejoins un parti, je vous l’avais pas dis ? En tout cas, pour se faire apprécier, rien de mieux que les réseaux sociaux ! Rester en contact avec les gens, tout ça… Et ça marche plutôt bien !
Et comme ma vie semble être fait de changements en ce moment, la veille de l’anniversaire de maman, Gaëlle m’a demandé de rester jusqu’au sien, qui se trouve être juste après.
« Allez, s’il-te-plaît !
— Je ne sais pas, Gaëlle… J’ai déjà convenu de la date d’emménagement avec l’ancien propriétaire de ma nouvelle maison… Et puis, je viendrai, le jour de ton anniversaire !
— Mais ça sera pas pareil !! Alleeeez, s’teupléééé !
— … Bon, s’il est d’accord pour décaler la remise des clés, ok.
— Ouiiii ! »
« T’es le plus chouette des grand-frères ! s’exlame-t-elle en me serrant dans ses bras.
— Eh ! s’offusque faussement Raphaël non loin. »
Je ris, et demande à Raphaël s’il veut que je reste jusqu’au sien, tant qu’on y est.
« Nan t’inquiète, je suis pas accro à toi à ce point-là.
— Ah bah merci ! »
Nous rions tous de bon cœur, et hop, nous voilà partis, eux pour l’école et moi pour le travail. C’est vrai qu’ils vont me manquer, tous les deux, aussi…
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