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Chapitre 23

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

Ça vous ait déjà arrivé de sentir à nouveau une sensation que vous croyiez avoir oubliée ?

Des mains qui vous parcourent, un souffle chaud…


Moi, si. Et ça me donne envie de pleurer.



Un soir, Edward et moi nous sommes mis d’accord pour aller parler à Gabriel. On a décidé que c’était mieux que, de nous deux, ce soit lui qui le fasse, pour avoir une conversation d’homme à homme, si vous voulez. Mais évidemment, ça n’allait pas être une discussion facile…


Edward, après y avoir été invité, est entré dans la chambre de Gabriel et s’est assis à côté de lui, sur son lit. Gaby affichait un sourire qui sonnait faux, mais mon mari a décidé de ne pas en tenir compte. Peut-être aurait-il dû…


« Je peux te parler, mon chéri ?

— Bien sûr, papa. Qu’est-ce qui se passe ? »

« Eh bien… C’est… compliqué à aborder, comme sujet… Tu… Tu vois quelqu’un, en ce moment ?

— Euh… Peut-être bien, oui, pourquoi ?

— Ah ! fait Edward, mimant la surprise. Je suis content de savoir que tu reprends du poil de la bête, après Tetsu.

— Papa, ça va bientôt faire un an et demi, c’est bon, je suis grand. »


Edward ignore le fait que Gabriel détourne les yeux un instant, indiquant qu’il ment.


« Je suis content d’entendre ça, Gaby, mais… je t’avoue que je suis un peu… circonspect par ta méthode.

— Ma méthode ?

— Pour… oublier Tetsu.

— De quoi tu parles ? »


Son sourire s’est effacé. Il ne semble plus du tout avoir envie de faire semblant d’aller bien. Mon bébé…

« Je vais être franc… Je t’ai vu, l’autre jour, avec Sarah, et le même soir, ta mère t’as vu avec Neelesh… Nous sommes inquiets, Gaby… »


Nous aurions dû prendre en compte le fait que notre fils a une fâcheuse tendance à s’énerver rapidement. Ce qui peut rendre les discussions un peu… difficiles…


« Attends, tu rigoles là ? J’ai des comptes à te rendre sur ma vie amoureuse ?

— Ce n’est pas exactement ce que je dis, mais…

— Mais quoi ?! En quoi ça te regarde, exactement ? Et qui te dit que c’est pour oublier Tetsu ? C’est bon, Tetsu c’est fini, dans ma tête, depuis longtemps ! Là je m’amuse ! Alors lâche-moi ! »

Edward est d’abord choqué de la manière dont Gabriel lui parle, mais il est toujours plus inquiet qu’autre chose.


« Mais enfin, Gabriel, tu es sûr que c’est un mode de vie sain ? Est-ce que Neelesh et Sarah sont au courant, d’ailleurs ? Et je suis désolé, mais tant que tu vis sous ce toit, c’est un peu mon problème aussi… !

— Mais y’a pas de problème ! »


Premier mensonge.


« Et oui, Sarah et Neelesh sont au courant ! »


Deuxième mensonge.


« Et je sais exactement ce que je fais, merci ! »


Et c’est au troisième et dernier mensonge qu’Edward décide d’arrêter d’être précautionneux.


« Gabriel, ça suffit. Tu me parles sur un autre ton, s’il-te-plaît. Ensuite, il faudrait voir à ne pas prendre tes parents pour des abrutis, d’accord ? On a tous eu une jeunesse. Mais je suis persuadé que tu n’enchaînes pas les partenaires – oui, parce que tu auras beau dire, je pense qu’il y en a plus que deux – par pur plaisir, mais parce que tu essaies de masquer une souffrance, de combler un manque. »

« Alors par pitié, arrête de me mentir. Déjà, parce que ça me vexe. Mais aussi parce que je ne suis pas dupe. Et ta mère non plus. Nous sommes tes parents, nous faisons notre boulot de parents. Et nous inquiéter pour toi en fait partie.

— Papa…

— Je ne vais pas essayer de t’empêcher de faire ce que tu veux. Ça serait complètement irréaliste, je sais que tu trouverais toujours un moyen de sortir de la maison sans qu’on le sache, et je n’ai pas envie de devenir un parent-flic. Mais je veux que tu me promettes plusieurs choses.

— … Quoi ?

— Premièrement, tu me promets de faire attention lorsque tu couches avec des gens.

— Mais je fais déjà attention, je suis pas bê–

— Deuxièmement, je veux que tu restes concentré sur tes études, le plus important. J’ai remarqué à nouveau une légère baisse dans tes efforts…

— Pff… Ouais…

— Et troisièmement… Arrête de nous mentir, s’il-te-plaît. »

Les joues de Gabriel ont rougi. Il a baragouiné un « ouais, ouais », et Edward s’en contenta.


« Je te laisse réfléchir quand même à ce que je t’ai dis. Si tu as besoin de parler, on est là. »


Et il est sorti, laissant notre fils seul.



Je crois que papa ne comprend rien. Je sais qu’il a déjà eu une peine de cœur similaire, mais il n’a jamais eu à gérer ses parents en même temps… Il a dit qu’il ne me fliquerait pas, mais dès que je sors pour aller retrouver des amis (ou petits-amis), il me lance un regard réprobateur. A. Chaque. Fois.


Aujourd’hui, en l’occurrence, il vient de se lever (comme il rentre du travail très tard), alors que je m’apprête à franchir la porte d’entrée.

« Quoi, qu’est-ce qu’il y a encore ?

— Mais rien, fiston.

— Rien ?! Rien ?!! T’as dis que tu me fliquerais pas, mais tu fais pire ! Tu me fais me sentir comme une merde !

— Gabriel !!

— Quoi ?! C’est pas vrai, peut-être ?! Tu veux la vérité ?! Ok, tu vas l’avoir ! Ce que j’éprouvais et éprouve toujours probablement pour Tetsu était exceptionnel. Merveilleux et puissant. C’est un sentiment que je meurs d’envie d’éprouver à nouveau, d’accord ?! Alors oui, je fréquente beaucoup de gens, pour maximiser mes chances d’y arriver un jour ! »

« Ce… Ce n’est pas comme ça que ça marche, mon chéri…

— Je m’en fiche ! Je ferais en sorte que ça soit le cas ! Alors lâche-moi la grappe ! »


Et je suis parti en claquant la porte. Il est hors de question que je me laisse manipuler par mon père et par ses belles paroles. Zut.

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