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Chapitre 21

Les semaines passent, et Gabriel ne sort que très rarement de sa chambre quand il est à la maison. Il continue d’aller au lycée, mais ses notes commencent à chuter… Il se renferme, et je ne sais pas quoi faire. J’en ai parlé à Edward, il a été surpris d’apprendre qu’il était aussi amoureux sans que lui, en tant que père, ne s’en rende compte. Le fait que ça ait été d’un autre jeune homme ne l’a finalement même pas étonné.


« Maman, pourquoi Gabriel veut plus jouer avec moi… ? me demande souvent Raphaël qui se retrouve exclu de l’univers de son aîné.

— Il traverse une période difficile, mais tu n’y es pour rien, d’accord ? Il faut juste être patient. »



Un dimanche matin, et alors que nous n’avons toujours pas vu Gabriel, Edward me lance un sourire confiant. Il a une idée, apparemment…

Il a appelé Victoria, et ensemble, ils ont décidé d’essayer quelque chose pour faire aller Gabriel de l’avant. Quoi de mieux que de parler des précédents déboires amoureux d’Edward ? Ils sont nombreux…


Ils se sont installés à la table de la cuisine, tous les trois, alors que j’écoute de loin leur conversation, confortablement installée dans mon fauteuil devant l’ordinateur.


« Tu te rappelles de la fille avec qui je suis sorti à la fin du lycée ?

— Qui ça, Stéphanie ?

— Mais noon, pas elle, l’autre, dont je parlais tout le temps !

— Aah, Daphné !

— Voilà ! »

« Eh bien vois-tu, fiston, et ta tante peut confirmer, cette fille m’en a fait voir de toutes les couleurs, haha !

— C’est rien de le dire…

— Chut, laisse-moi raconter…

— T’as dis que je pouvais confirmer, alors je confirme.

Bref. J’étais très, très, très amoureux d’elle. Je pensais qu’à la fin du lycée, et on avait 17 ans donc c’était pas très loin, on allait se trouver une maison ensemble, commencer à travailler, se marier, avoir des gamins… »

« Des rêves de gosses, quoi…

— Vic’, bon sang !

— Pardon.

— Sauf qu’en fait, ce que j’avais pas pris en compte, c’était le fait qu’elle veuille totalement autre chose que moi. Et je parle pas simplement de notre relation, mais aussi… de la ville où vivre, par exemple. Elle rêvait de San Myshuno, et moi je ne faisais que lui parler de Willow Creek ou Brindleton Bay.

— T’as oublié de dire que c’était quand même une sacrée co-

— Oui bon ça va ! Mais ta tante a raison, c’était pas une fille très fréquentable, mais que veux-tu, j’étais raide dingue d’elle. »

Gabriel écoute, mais ne dit rien. Il ne voit probablement pas trop le rapport avec lui.

« Et quand elle m’a quitté la veille de la cérémonie de fin d’année en disant quelque chose comme "c’était sympa, mais maintenant que le lycée est fini, j’ai plus besoin de toi", j’ai cru qu’elle m’avait tué, d’une certaine façon. »


Et là, Gabriel comprend le rapport. Ou, en tout cas, s’il l’avait compris avant, il affiche maintenant une moue que je devine mécontente vu ce qu’il dit après.


« Attends, Tetsu n’a pas fait ça non plus. »

« Ce n’est pas ce que je dis. Mais regarde autour de toi. Regarde à quoi ma vie ressemble maintenant. Tu penses bien qu’à ce moment-là, jamais je n’aurais imaginé tout cela possible, et encore moins avec une autre femme que Daphné. Eh bien ça sert à ça, l’adolescence. Faire des rencontres, tomber amoureux, des fois éperdument… mais s’en remettre, et continuer à vivre. »


Gaby ne dit rien. Il se contente de hausser les épaules. Personne ne s’attend à ce qu’il réponde "oui papa, tu as raison", mais peut-être que cette histoire aura une influence sur lui, quelle qu’elle soit. En tout cas, j’espère qu’il relativisera et reprendra un peu du poil de la bête, après ça.


« Et cette fille, elle a fini avec le nez cassé !

— Vic’…

— Quoi ? Je suis plutôt fière de mon œuvre, pour le coup, héhé. »

Gabriel laisse échapper un petit rire. C’est un bon signe, je présume.



En ce qui me concerne, dès que j’ai du temps libre, je fais des recherches et des analyses. Je sens que je suis proche de mon but concernant ma nouvelle classification des éléments ! Plus que deux, et je serais la scientifique la plus reconnue de son temps !

Et pour en revenir à Gabriel, je crois qu’il va mieux. Il n’est plus enfermé dans sa chambre, et il semble se refaire des amis. Ou en tout cas il fréquente à nouveau ceux qu’il avait avant, comme la jeune Sarah, ou le jeune Neelesh.


Un jour, alors qu’il regarde les informations avec son père, je l’entends lui demander :


« Papa, pourquoi le monde va mal comme ça ?

— Ah, ça… Pour plein de raisons, mais en partie parce que nos politiques ne savent pas gérer correctement une crise, je suppose. »

Je vois notre fils hocher pensivement la tête.


« Tu t’y intéresses, mon chéri ? renchérit Edward.

— Bah… Je sais pas… Je me dis juste qu’on doit pouvoir faire quelque chose, mais avec des idiots pareils au gouvernement…

— Si tu veux prendre leur place, il faut que tu remontes ta moyenne générale, jeune homme !

— Mais papa ! »


J’éclate de rire dans mon coin. Mon fils, dans la politique ? Quelle drôle d’idée.



Avec tout ça, je n’ai pas vu l’anniversaire de ma petite dernière approcher. Déjà, quand elle nous tient une vraie conversation, on en est tout chamboulés…


« Mais… tu parles vraiment bien, ma chérie…

— Mais papa, t’as dis qu’il fallait que je m’ent’aîne, alors je me suis ent’aînée !

— C’est bien ma puce. »

Elle a encore quelques difficultés de prononciations, mais qui seront résolues quand elle grandira, j’en suis sûre !


La perspective de la croissance de sa jeune sœur ne semble pas affecter Gabriel plus que ça. Il est même assez souvent de mauvaise humeur, ces derniers temps. Bon, depuis qu’il est ado, au moins, il a au moins appris à le gérer. Parce que je ne vous en parlais pas, mais quand il était enfant, des fois, il nous piquait des crises pour pas grand-chose, le bout de chou…

Raphaël, lui, a l’air tout excité. En même temps, après elle, c’est lui. Je pense qu’il a hâte d’être au lycée avec son grand frère, alors il faut tout pour que ça se passe sans problème, même si ça veut dire travailler dur.

Ça grandit vite, tout ça… ! J’en ai le vertige !

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