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Chapitre 152

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

Visiblement ça s’est bien passé à Moonwood Mill, parce que depuis, Yoa et Jacob sont tellement collés l’un à l’autre que j’ai parfois l’impression qu’il faudrait un pied de biche pour les déloger. Alors c’est cool hein, je suis très contente pour mon jumeau, mais il faut admettre que c’est un peu lourd. Les seuls moments qu’on peut passer ensemble maintenant il ne fait que me parler de Jacob. Et des fois de trucs le concernant que j’ai absolument pas envie de savoir ! (oui vous savez très bien de quoi je parle) Bref, je suis saoulée.

Il s’en rend même pas compte en plus, ce gros niais. Est-ce que je suis comme ça avec Cora aussi ? Je crois pas… On se comporte exactement comme avant qu’on sorte ensemble, juste on est un peu plus tactiles l’une avec l’autre. Et majoritairement pas en public, contrairement aux deux autres zozos.


Par contre, je pensais pas que papa et maman grilleraient aussi vite, parce qu’il est un minimum intelligent et ramène pas Jacob à la maison. J’ai moi-même pas ramené Cora depuis qu’on sort ensemble, même si je pense qu’on serait bieeen plus discrètes qu’eux deux. Sauf qu’un matin, alors qu’il était devant la télé, papa m’a dit « il faudra que vous invitiez Jacob et Cora à manger un de ces quatre, non ? ». Je l’ai regardé bouche-bée. Comment il sait ? J’en sais toujours fichtrement rien, parce que je lui ai pas répondu et je suis partie en courant au lycée, le visage en feu ; Yoa sur mes talons, probablement pas dans un meilleur état.



Tainn m’a fait la morale pour avoir demandé aux enfants d’inviter Jacob et Cora avant même qu’ils ne se soient confiés à nous. Eh mais je suis pas fou, je sais qu’ils auraient jamais rien dis ! Et c’est ça d’avoir un père dans la mafia, rien ne m’échappe. Enfin, ils ont pas besoin de le savoir… mais du coup c’est effectivement bizarre que je connaisse l’identité des deux jeunes avec qui sortent mes enfants. Bah… ils s’en remettront. Tainn en revanche me fait un peu la tête… C’est pas méchant mais elle me lance des piques régulièrement sur le fait que je surveille trop notre famille.


Elle finit par me prendre à part dans notre chambre un soir alors que les enfants sont dans le salon en train de regarder un épisode de leur série du moment.


« Kasai, je pense qu’il faut vraiment que tu apprennes à lâcher du lest les concernant. Dernièrement c’est leurs amoureux respectifs, mais qu’est-ce que ça sera après ? Tu vas continuer à les épier jusqu’à ta mort ? Ce n’est sain ni pour eux, ni pour toi. »

« Mais enfin Tainn, tu sais qui je suis, rien que d’être mes enfants ils sont en danger… ! Je peux pas les laisser sans surveillance comme ça !

— Arrête… Que tu les fasses surveiller quand ils sont dans des lieux publics, donc vulnérables, c’est une chose, mais tu vas beaucoup plus loin que ça, ne dis pas le contraire. »


Je soupire. Comment je suis censé faire confiance aux gens qu’ils fréquentent si je ne sais pas qui ils sont et ce que font leurs familles, hein ?


« Tu devrais être fier de moi, j’ai rien fais à Jesse alors que c’était pas l’envie qui manquait. »

Elle me regarde avec un air mi-blasé, mi-dégoûté. Bon… Ma petite blague n’est pas passée, on dirait.


« Je devrais te féliciter de ne pas t’en être pris à un adolescent ? Tu rêves ?

— Je plaisante, jamais j’aurais fait ça… même si j’ai failli lui faire un peu peur. »


Elle se prend l’arrête du nez entre les doigts, comme si elle avait soudainement très mal à la tête. C’est si abusé que ça ce que je lui dis ?


« Kasai. Tu ne peux pas être en contrôle de tout, tout le temps. C’est impossible. Et en plus, c’est irrespectueux pour Yûya et Yoa ! Ils pensent vivre leurs vies tranquillement dans le dos de leurs parents comme tous les ados, mais tu les fais espionner presque 24h/24. Je te demande d’arrêter, s’il-te-plaît. »

Je reste un moment sans rien dire et détourne le regard.


« T’as pas peur qu’il leur arrive un truc… ? demandé-je, penaud.

— Si. Comme tous les parents. »


Elle me prend tendrement la main dans les siennes.


« Mais comme tous les parents, il faut qu’on accepte qu’on ne peut pas contrôler leurs vies. Ils auront leurs lots de souffrance, comme nous tous, et prendrons à leur tour de mauvaises décisions par moment, comme de bonnes. On ne peut rien y faire, à part être là pour eux quand ils auront besoin de nous, et les guider du mieux possible. Ok ? »

Je sais qu’elle a raison. Je pense que j’ai été bien plus traumatisé qu’eux par leur enlèvement. Probablement parce que je ne peux pas me détacher de la sensation de culpabilité qui y est liée. C’est ma faute, après tout, pour avoir choisi de rester dans cette voie dangereuse.


« Ok. Je vais les laisser tranquilles. Je laisserais un de mes hommes les surveiller quand ils se baladent dans des espaces publics, mais je ne lui demanderais plus de me faire de rapport, juste d’intervenir s’ils sont en danger. Et je ne ferais plus de recherches sur leurs fréquentations. »


Tainn me fait un grand sourire et me prend dans ses bras.


« Tu vois quand tu veux. Et n’oublie pas que je suis là aussi pour ça, pour t’aider à partager tes inquiétudes. »



Ça fait presque un an que Cora et moi sommes ensemble. Le temps passe si vite, on est déjà en dernière année… Rien que de me dire qu’il va bientôt falloir trouver du taf, ça me déprime. Si je pouvais, je passerais plutôt mes journées à écrire.


« Et t’as eu une réponse de la prof par rapport au devoir de la semaine prochaine ? me demande-t-elle alors qu’on est toutes les deux dans ma chambre, sur mon lit, un soir où Yoa est chez les Volkov.

— Oui ! Elle m’a dit qu’on pouvait aborder des sujets hors-programmes sans problème, à partir du moment où on a fait les recherches pour appuyer nos propos, avec des sources et tout.

— Ouais normal. Mais c’est cool, ça nous laisse vachement plus de libertés ! »

Cette année, on a des profs vraiment cools, et comme on est dans la même classe avec Cora, on peut s’entre-aider. Perso je fourmille d’idées !


On change de sujet et on continue de parler de tout et de rien, puis on finit par se rapprocher, un peu comme à chaque fois. Elle m’embrasse avec beaucoup d’ardeur.

Et aujourd’hui, comme certaines autres fois, ses mains finissent par devenir un peu… baladeuses. Je les arrête net et les repose à un endroit décent, mais cette fois-ci Cora stoppe ses baisers et s’éloigne de moi, l’air contrarié.


« Ok… Qu’est-ce qui ne va pas Yûya ? Est-ce que je fais quelque chose de mal ?

— De quoi tu parles ? demandé-je, rouge pivoine. »


Elle pousse un soupir.


« A chaque fois que… j’essaie d’initier quelque chose de plus intime entre nous tu… me repousses. Sans explication. J’avoue que ça commence à me blesser.

— Oh… Je… Je suis désolée, je… j’ai juste… pas envie ?

— Mon timing est toujours mauvais ?

— N-Non c’est pas ça. Je… J’ai jamais eu envie de faire ça avec qui que ce soit. »


Elle me regarde un instant, interloquée.


« Comment ça ? »


Olala, je m’attendais pas à avoir cette conversation aujourd’hui…


« Ben… Je… Je sais pas, juste j’ai pas envie ? Quand j’entends Yoa en parler j’ai l’impression qu’il me parle une autre langue. C’est vraiment un truc qui… m’intéresse pas du tout.

— … Tu veux dire, qui ne t’intéresse pas pour l’instant ?

— Non, qui ne m’intéresse pas tout court. Je… Je peux rien affirmer à 100% mais c’est très probable que ça ne m’intéresse jamais… »

« Oh. »


… J’aime pas ce « oh » … Elle frotte ses mains contre son pantalon puis se gratte l’arrière de la tête, vraisemblablement gênée.


« D’accord… Hm… Il va de soi que jamais je ne te forcerais à faire quoi que ce soit que tu n’as pas envie de faire, mais… je… c’est important pour moi. Si tu m’avais dis que tu n’étais juste pas prête j’aurais été satisfaite d’attendre jusqu’à ce que tu le sois, à condition de savoir qu’un jour ça sera possible…

— Ok… ? Qu’est-ce que tu essaies de me dire ?

— Que… Qu’on est probablement incompatibles, Yûya.

— M-Mais on s’aime ! »


Elle me fait un sourire triste.


« Oui, mais… pour moi la partie physique est aussi importante que le reste, et… si tu me dis qu’il n’en sera jamais question, je… je sais pas trop quoi penser. »


Je sens les larmes me monter aux yeux. Cette conversation ne peut définitivement pas bien se terminer. Je sens mon cœur qui se sert, et j’ai envie de vomir.


« Eeh, non, pleure pas… »

Elle me serre dans ses bras et je me laisse faire, mais je ne réagis pas beaucoup plus. J’attends qu’elle finisse de parler.


« Surtout ne pense pas que je dis tout ça pour te forcer, ok ? Jamais de la vie. Mais… Peut-être… Peut-être qu’on serait mieux avec des gens qui… nous ressemblent plus ? »


Je m’éloigne d’elle d’un coup et la force à me lâcher.


« Si tu veux me plaquer dis-le, au lieu de faire des jolies tournures de phrases ! m’exclamé-je, frustrée des pincettes qu’elle prend qui sont en fait pires que tout.

— Yûya…

— Non, va-t-en, je crois que ça vaut mieux. »


J’enfouis mon visage dans mes mains alors que je me mets à pleurer silencieusement. Je l’entends soupirer et se lever. Elle pose sa main sur mon épaule mais je fais un mouvement pour me dégager.


« J’espère que tu trouveras quelqu’un qui t’aimeras sans condition, Yûya. »


Et elle s’en va. Dès que j’entends la porte de ma chambre se refermer, j’éclate en sanglots.

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