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Chapitre 145

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

Sebastian nous a déposé dans une rue pas loin de chez nous, et on a fait le reste du chemin à pied. On a eu peur, mais finalement c’était pas si terrible…


On arrive devant la porte de l’appartement, et au moment où je m’apprête à appuyer sur la poignée, j’entends les voix de papa et maman. Ils se disputent.


« Je sais pas ce que tu veux que je te dise Tainn ! On les cherche activement, Tony et Julian n’ont pas dormi de la nuit parce qu’ils se sont pas arrêtés, mais ça fait plus d’un an qu’on n’a plus eu aucune nouvelle piste sur lui, je sais pas comment on va faire… »


J’ai l’impression que la voix de papa tremble, comme s’il allait pleurer. Maman aussi, mais elle c’est plus clair… Il faut pas qu’ils pleurent, on va bien, et en plus c’était rien ! J’ouvre en grand la porte en faisant exprès de faire du bruit. Papa et maman tournent d’un coup la tête dans notre direction. Maman a les yeux rouges et ma casquette serrée entre ses mains, et papa a les yeux brillants. Pendant une seconde, il ne se passe rien, puis ils crient tous les deux « Les enfants !! » avant de se précipiter sur nous. Yoa saute dans les bras de maman et papa m’attrape aussi en me serrant très fort et en me faisant tourner.


« Aaah, papa, tu m’étouffes ! »

Il ne me lâche pas, évidemment.


« Ta mère et moi avons eu la peur de notre vie, alors laisse-nous vous serrez dans nos bras pour être sûrs que vous êtes bien rentrés… !

— … Ok. Juste pour cette fois alors. »

C’est vrai que j’ai eu peur un peu quand même au début, et je suis contente de voir que papa n’a rien. Je lui demande quand même :


« Ta tête, ça va ? »


Il perd son sourire et me repose.


« Oui, ne t’inquiète pas, j’avais un peu de vertiges en me réveillant mais maintenant plus rien. Et vous ? Vous n’êtes pas blessés ?

— Non, non, on n’a rien du tout ! »


Maman repose Yoa et je vois que papa et elle échangent un regard perplexe.


« Je vais appeler Julian, annonce-t-elle avant de partir dans leur chambre. »


Papa affiche un air un peu bizarre et nous demande de nous installer à table.


« Vous devez avoir faim, je vais vous préparer quelque chose. Mais d’abord… vous pouvez me dire si… enfin… ce qu’il s’est passé ?

— Euh… »


Est-ce qu’on lui dit ? Sebastian nous a dit de pas en parler, mais… c’est papa, c’est pas pareil, il sait garder un secret.


« Il faut pas que tu le répètes si on te le dit, déclaré-je alors que Yoa hoche la tête.

— … D’accord… Je ferais de mon mieux. »

On dirait qu’il trouve bizarre ce que je dis, mais quand il aura entendu l’histoire ça ira mieux ! Yoa et moi on se lance alors dans le récit, mais en vrai, y’a pas grand-chose à dire. Mais… à la fin de l’histoire papa se prend la tête dans les mains.


« Papa… ?

— Les enfants… Je suis désolé de vous annoncer ça, mais cet homme n’était absolument pas un policier.

— Mais… Il avait un badge et tout… ! Et il était gentil !

— Ma chérie, un policier sous couverture ne doit sous aucun prétexte se faire découvrir. Tu penses bien qu’ils n’ont pas leur badge sur eux quand ils jouent leurs rôles de criminel… »


Oh.


« S’il avait vraiment été un policier sous couverture, il ne vous l’aurait jamais dis. Seules quelques personnes bien précises savent quand un agent est envoyé infiltrer une organisation criminelle, et personne d’autre ne doit le savoir, pas même des enfants comme vous. »


Je déglutis.


« Qui c’était alors ? O-On lui a dit des choses sur oncle Nino, je… »


J’ai envie de pleurer. Je sais pas si ce qu’on lui a dit était si important que ça, mais rien que de me dire que j’ai pu dire des choses à un criminel, je…


« Eeeh, non, ne pleure pas, il a été très malin. Et même si vous aviez su que c’était un criminel, ça ne change rien. Je préfère que vous lui donniez les informations qu’il demande et qu’il ne vous arrive rien en retour, d’accord ? »


J’enlace Yoa aussi qui s’est également mis à pleurer. Mes pauvres enfants… Est-ce que je leur mens en leur disant que ce qu’ils ont dit n’a de toute façon aucune importance… ? Quel fumier… Ce n’est probablement pas le genre d’informations qu’il s’attendait à avoir, et je me demande s’il n’avait pas prévu de les questionner pendant encore quelques jours, mais il faut bien admettre qu’il a mis le doigt sur une information en or.


Il va falloir agir vite.



Le soir même, je suis allé voir Tony et Julian chez eux en catastrophe. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que Montès ne trouve un moyen de faire se retourner l’entièreté de la pègre contre eux. Il faut trouver une solution. Malheureusement, Julian n’est pas très optimiste.


« Et tu veux qu’on fasse quoi, exactement ? C’est terminé Kasai, si notre réputation est fichue en l’air, on pourra rien faire pour rattraper ça, même si on découvre qu’il nous reste quelques alliés dans l’organisation. Ça ne sera jamais assez ! »

J’ouvre la bouche, prêt à rétorquer qu’il doit bien y avoir quelque chose à faire, lorsque Tony nous interrompt.


« Je me sens vieux. Pas toi, Julian ? »


On se tourne tous les deux vers lui, les yeux ronds. De quoi il parle ?


« Je sais qu’on n’en a pas l’air, mais on a presque soixante piges tous les deux. Je serais pas contre une petite retraite anticipée. Surtout que maintenant… »


Il pose une main sur mon épaule et la serre.


« J’ai quelqu’un à qui passer le flambeau. »


Je le regarde un instant comme s’il avait perdu la tête, mais lorsque je regarde à nouveau Julian pour lui demander si Tony n’est pas malade, je le vois qui le regarde amoureusement. Je retourne lentement la tête vers Tony.


« Tu… Vous voulez vous barrer et me laisser gérer la catastrophe ? Au cas où vous auriez pas remarqué, les gens savent que je suis proche de vous. A aucun moment ils ne vont me laisser prendre le contrôle de l’organisation sans broncher ! »

Tony passe devant Julian pour aller s’installer sur le canapé de l’autre côté de la pièce, nonchalant, tout en me répondant :


« Il faut la jouer fine, c’est sûr. Mais j’ai ma petite idée sur la question…

— Ah oui ? Quoi ?

— Tu vas nous répudier publiquement.

— Comment ça ?

— Une fois que je me serais débrouillé pour simuler notre mort, tu vas annoncer à l’organisation que tu avais des doutes sur notre… mode de vie, mais que tu ne pensais pas que c’était à ce point, et tu vas bien insister sur ton dégoût. Cependant, il faudra quand même que tu te montres touché par notre disparition. Il faut que Montès croie à notre mort ; ça ne sera pas le cas si la rumeur dit que c’est toi qui t’en es occupé. »


Je sens ma mâchoire se décrocher.


« Tu veux que je mente à ce point ? C’est… C’est contraire à tout ce que je crois !

— Je sais Kasai. Mais si tu veux sauver le gang, et notre vie au passage, on n’a pas beaucoup de solutions, et le temps presse. »


J’ai envie de répondre, mais… mais quoi ? Je n’ai aucune autre idée, et ça me rend triste, mais la sienne peut marcher. D’autant plus que bien mentir est une des premières compétences que j’ai acquises ici. J’en suis parfaitement capable.


« Eh, ne fais pas cette tête. On ne va pas mourir pour de vrai, et vous pourrez tous les quatre venir nous voir de temps en temps. On masquera bien nos traces, et ça ne devrait pas poser problème. »

Je me frotte le front, le début d’un mal de tête pointant le bout de son nez.


« Et Montès ? J’en fais quoi ?

— Ce n’est pas à toi qu’il en veut. Une fois la nouvelle de ma mort répandue par certains de mes ennemis qui ne se priveront pas de s’en venter, il devrait être satisfait et se tenir tranquille.

— Il s’en est pris à mon frère. Et à mes enfants… !

— Mais ils n’ont rien, n’est-ce pas ? »


Il se relève et époussète son pantalon alors que je lui jette un regard mauvais.


« Fais ce que tu veux Kasai, mais regarde où la vengeance nous a mené. La mienne, puis la sienne. Profite du fait que Yuki et les petits vont bien, et oublie cette histoire, tu n’en dormiras que mieux la nuit, fais-moi confiance. »

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