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Chapitre 139

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

La pièce est silencieuse. Ni Tony ni notre otage n’ont pipé mot depuis au moins dix bonnes minutes. Ou peut-être que mon impression est faussée parce que je suis impatient qu’il se passe quelque chose. Pour l’instant, ils se regardent en chien de faïence. Même si Tony a une expression plutôt sereine.


On a réussi à le capturer sans trop de problème, il ne se méfiait vraiment pas du tout. Et puis, c’est notre quartier. S’il y a eu des témoins, ils ne diront rien. Le plus dur a été de le forcer à descendre dans le sous-sol de chez Tony et Julian sans lui indiquer où on était. On lui a bandé les yeux, mais il a quand même fallu faire preuve de discrétion.

Je meurs d’envie de m’occuper de lui, mais je fais confiance à Tony pour prendre les mesures nécessaires. De voir qu’il n’a déjà pas l’air super rassuré me fait jubiler intérieurement, je l’avoue.

« J’sais pas c’que vous attendez de moi, mais vous obtiendrez rien par la force, commente-t-il sans qu’on lui ait rien demandé, évidemment.

— On t’a rien demandé alors ferme ta g–

— Kasai, m’interrompt Tony avec force. »


Je me tais. Tch. Il va m’humilier devant lui en plus ?


« Laissez-le moi, je vais le faire parler, renchéris-je, frustré.

— Kasai, combien d’avertissement il te faut ? râle Julian en fond. »

Je me tourne vers lui un quart de seconde et lui lance un regard mauvais qu’il me rend bien. C’est quoi leur problème aujourd’hui ?


Mon regard est à nouveau attiré par notre prisonnier parce qu’il se met à rire.


« Ton chien de garde n’est pas très obéissant, Costello… On manque un peu d’autorité, hein ? »

Tony ne dit rien pendant un moment, puis il se penche vers lui avant de s’arrêter à quelques centimètres de son visage.


« Oh si, il m’obéit. Si ce n’était pas le cas, tu le saurais. Il est plutôt rancunier, et très créatif. »


Je ricane alors que lui blanchit d’un coup. Tony se redresse et croise les bras.


« Pour qui tu bosses ?

— Je t’ai dis que je répondrais pas. »


Il a perdu son air mesquin mais il n’a pas l’air prêt à balancer des infos comme ça, ce qui est logique, s’il est un minimum compétent.


« Pourquoi vous en être pris à Chiyuki Berry sans raison ?

— Sans raison ? C’est le plus gros point faible de celui-là – il me désigne du menton. Vous êtes quand même pas si stupides. »


Je serre les poings mais ne dis rien.


« Me fais pas rire… Si vous aviez vraiment voulu l’enlever vous vous y seriez absolument pas pris comme ça, juste sous mon nez. C’était quoi le but ?

— Je dirais rien j’te dis. »

Tony soupire.


« Si tu parles pas, je te laisse seul à seul avec Kasai ici présent pendant une bonne grosse demi-heure.

— Et ?

— Je suis sûr que sa réputation est parvenu jusqu’à tes petites oreilles. T’es qu’une petite frappe, tu tiendras pas deux minutes. »

Il déglutit, la panique commençant à se lire sur son visage. Est-ce que c’est parce qu’il a effectivement entendu parler de mes… prouesses en terme d’interrogatoire, ou est-ce simplement parce qu’il voit bien que Tony ne bluffe pas ? Enfin, peu importe, s’il sait des choses, il parlera, point.


« Tu me connais pas Costello, tu sais pas de quoi je suis capable. »

Est-ce qu’il est téméraire ou juste bête ? J’ai hâte de savoir.


« Le seul truc, c’est que c’est franchement un enfer à nettoyer après… M’enfin, si tu veux un tête-à-tête avec lui, qui suis-je pour te le refuser, hein ? »

Il jette un regard vers moi et je lui fais un clin d’œil. Ça ne semble pas le rassurer (ça tombe bien c’était pas le but) puisqu’il baisse la tête.


« Alors ? insiste Tony. »

Il relève les yeux vers lui, ses yeux brillant d’un éclat déterminé.


« Je. Dirais. Rien. »


Tony laisse tomber son bras le long de son corps, dépité.


« Bon. Très bien. Kasai, je te le laisse. A toute à l’heure. »


Et ils remontent tous les deux avec Julian. Je me tourne vers le type et lui fait un sourire faussement compatissant.


« D’habitude, j’éprouve pas spécialement de plaisir à faire ça, je suis juste doué, c’est tout. Mais là… t’as touché à mon petit frère… C’est pas d’bol. »


Apparemment, mon visage doit afficher quelque chose de terrible, parce qu’il se recule dans sa chaise, les yeux ronds. Voyons voir ce que tu caches…



Quinze minutes plus tard, après m’être soigneusement lavé les mains, je remonte et retrouve Tony et Julian qui m’attendent.


« Il travaille pour Montès.

— Montès ? Mais… Ça fait des lustres qu’il est canné le vieux.

— Nan pas lui, son fils. Il a repris les rênes du gang. Apparemment, c’est une histoire de vengeance ou je sais pas quoi. Mais je suis pas une cible spécifique. Ils ont attaqué Yuki parce qu’ils l’ont reconnu quand ils sont passés à côté de lui, mais c’était un truc spontané. Tant que ça touche de près ou de loin à ton organisation ils ont pour ordre d’attaquer ou de kidnapper dans la mesure du possible. »


Tony se frotte le visage de ses mains. Il a vraiment l’air inquiet. Ou saoulé. Ou les deux. Pourtant j’ai jamais entendu parler de ces types, ni du clan Montès.


« Il avait un fils, l’enfoiré…, murmure-t-il en laissant échapper un rire jaune. »


Julian lui serre tendrement l’épaule, et j’avoue que je suis largué.


« Pour faire simple, on leur a roulé dessus quand on était qu’une petite organisation y’a trente ans, et c’est comme ça qu’on a acquis tout le pouvoir qu’on a à San Myshuno, explique Julian alors que Tony semble toujours perdu dans ses pensées. »


Il a l’air de vouloir ajouter quelque chose mais il regarde Tony, hésitant. Ce dernier semble le comprendre parce qu’il prend la parole :


« Montès, c’est celui qui m’a fait la belle cicatrice que j’ai au visage. Son cadeau d’adieu, si on veut. »

« C’est également sur ses encouragements qu’un de ses hommes a assassiné mon petit frère. On dirait que son fils possède les mêmes méthodes de pleutre. »


Je ne trouve rien à dire, mais il ne m’en laisse de toute façon pas le temps.


« S’il veut venger son père, qu’il se ramène, je l’attends. Il a aucune idée d’à qui il s’attaque. »

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