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Chapitre 138

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

J’aurais dû m’en douter, mais ce n’est pas si simple de mettre la main sur les agresseurs de Yuki. Tony pense qu’ils travaillent pour une organisation rivale, et si c’est le cas, ils sont probablement loin d’être idiots, et ont pris des précautions pour ne pas être retrouvés. Ça me met les nerfs en pelote, mais ils ne perdent rien pour attendre… on ne s’attaque pas à ma famille sans conséquence.


J’essaie de me changer les idées en passant du temps avec mes enfants qui grandissent à vue d’œil. Eux aussi il va falloir que je les protège quand ils seront plus grands… je pense que déjà, ça passera par un déménagement. Il faudra qu’on se trouve un logement dont seules les personnes de confiance connaîtront l’emplacement.

Yûya est assez indépendante, elle fait beaucoup de choses toute seule, ou en tout cas sans l’aide d’un adulte, c’est assez amusant de la voir évoluer comme ça. Yoa a davantage besoin d’aide, mais il n’en est pas moins vif. Il adore courir partout dans l’appartement après le bain avant qu’on ait eu le temps de lui enfiler ses vêtements, ce sacripant. Regardez-moi cette frimousse toute fière.

Bon, il prend quand même généralement le temps de mettre ses chaussons. Il a retenu qu’il risquait d’attraper froid sans. Est-ce que je lui dis pour les vêtements aussi… ?


Par contre, comme je suis à cran en ce moment, ‘faut vraiment pas me chercher… ma voisine en a fait les frais. Elle m’a sorti du lit (pas pour la première fois en plus) avec des bruits de crac-crac après une nuit de recherches, donc déjà j’étais pas super content, mais en plus elle a eu l’audace de même pas avoir l’air gênée en m’accueillant en serviette de bain. Elle a même dit que « j’exagérais ».

J’vous jure que j’ai failli lui en coller une.

Mais ça m’a aussi fait des frissons jusque dans le bas du dos, de la voir aussi apeurée… Je suis donc rentré chez moi très satisfait. Elle ne devrait pas recommencer de si tôt.



Yoa et Yûya semblent tous les deux avoir une imagination sans borne. Quand je leur lis des histoires, ce n’est pas rare qu’ils me surprennent à me poser des tas de questions sur les personnages ou sur l’environnement dans lequel elles se déroulent… questions auxquelles bien sûr je n’ai pas de réponse dans un livre pour bambin. Je me retrouve donc souvent à inventer des choses à la volée, et je dois admettre que ça stimule bien ma créativité à moi aussi !

En réalité, je ne sais pas si c’est lié, mais récemment, j’ai fais preuve de… d’ingéniosité, au travail. Pour le plus grand bonheur de Tony. Bah, je ne vais pas m’en plaindre, peu importe la raison ! Surtout si ça participe à me voir confier des missions délicates.


Quand on trouvera les deux fuyards, ça va bien me servir, croyez-moi.



Kasai est tendu, en ce moment. Avec moi ça va, et les enfants aussi, mais je le vois bien. Quand il revient du travail, il a cette moue qui me fait dire qu’il a passé une mauvaise journée. Enfin… mauvaise nuit. Je n’ose pas trop lui demander de détails, j’ai peur de ne pas vraiment aimer la réponse. Je ne suis pas totalement naïve sur ce qu’il se passe là-bas, après tout, c’est un milieu que je connais bien grâce à, ou à cause de, Julian, mais je sais aussi que plus Tony fait confiance, plus il confit des responsabilités dangereuses à ses hommes.


Quand je vois Kasai passer du temps avec nos enfants, je me rassure au moins en me disant qu’il essaie vraiment de créer une relation avec eux, les petits ne manquent pas d’attention paternelle.

Mais le revers de la médaille, c’est que s’il lui arrive quelque chose, ils seront inconsolables. Moi aussi, bien sûr, mais je suis une adulte, je sais comment gérer un deuil. Mais je sais également l’impact qu’a une perte aussi proche quand on est très jeune…


Je décide donc d’aborder un peu le sujet avec lui, un soir avant qu’il parte au travail, une fois les petits couchés. Je ne veux pas spécialement de détails, mais j’aimerais qu’il me rassure, au moins un peu. Si c’est possible…


Je débarrasse nos assiettes après la fin du repas et reviens m’asseoir près de lui.


« Kasai… Tout va bien au travail ?

— Ah… T’as remarqué.

— … Oui. Ton air renfrogné ne dépasse pas souvent le pas de notre porte, d’habitude… »


Il fronce les sourcils et se met à me parler de Yuki qui a été victime d’une agression la dernière fois qu’il est venu. J’en suis très étonnée, je n’ai rien remarqué de bizarre. Il m’explique qu’ils sont à la recherche des agresseurs mais qu’ils font chou blanc pour l’instant.


« Le pire, c’est qu’on pense – Tony, Julian et moi – que c’est plus gros que juste moi. Ils ont voulu s’en prendre à moi en essayant de kidnapper Yuki, du moins, c’est notre hypothèse, mais on pense que c’est simplement parce que je commence à faire beaucoup parler de moi dans le milieu. »

« Tu veux dire qu’il y a des chances pour que tu ne sois pas une cible particulière ?

— Hm… Je reste un membre important, et ça commence à se savoir.

— Oh. »

« Hey, non, pleure pas…, murmure-t-il en attrapant ma main sous la table. Je ne prendrais pas de risque inutile, et je suis très bien protégé, ne t’inquiète pas. Il faudrait vraiment un manque de chance sans précédent pour qu’il m’arrive quelque chose. C’était un peu pauvre comme tentative ce qu’ils ont fait ces mecs, en plus juste devant le bar de Tony, donc pas si bien préparée que ça. S’ils voulaient vraiment engager un conflit, ils auraient réussi leur coup, ça ne fait aucun doute. »


L’entendre me dire ça me rassure un peu, mais Kasai a déjà été bien naïf par le passé. Certes, sur des sujets moins sérieux, mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’il minimise sûrement la dangerosité de la situation. Peut-être que c’est à Tony et Julian que j’aurais dû parler…



« C’est pas super mouvementé ce soir, commenté-je après avoir observé les alentours.

— Il est encore tôt. Je préfère venir quand il n’y a pas beaucoup de monde, ça soulève moins de questions, m’explique Tony, même s’il sait que j’ai simplement dis ça pour faire la conversation. »

Aujourd’hui, c’est jour de pêche, comme il les appelle. C’est le jour du mois où on passe dans tous les établissements sous notre contrôle pour récolter notre… salaire. Pour la protection, tout ça. Si tout va bien, le gérant, qu’on a déjà salué, devrait revenir avec une enveloppe bien garnie.


Tony détourne les yeux, et son regard se perd apparemment sur les nombreuses chaises encore vides. Moi, je repense à la première fois où il m’a amené là, pour me « faire un caractère » ou je sais plus quoi. Je repense aussi à Arthur, que j’ai revu pour la première fois cette fois-là. Je soupire. Il est décédé il y a quelques jours. Maël était inconsolable au téléphone, ça m’a fait de la peine…


Je vois soudainement Tony se tendre du coin de l’œil et pousser un juron de surprise dans sa barbe. Alors que je m’apprête à lui demander ce qu’il se passe et à me retourner, il m’intime d’un geste de la main de rester immobile.


« J’ai un des agresseurs en plein dans ma ligne de vue. Ne fais rien de stupide. »


Rien de stupide… ? Je serre le point sur le bar alors que je m’apprête à me lever.

Tony place une main sur mon épaule, m’en empêchant.


« Si tu ne veux pas qu’il nous file entre les doigts, évite de nous faire remarquer.

— Vous inquiétez pas, j’allais rien faire de tel, le rassuré-je en terminant de me redresser. »


Je me lève et me poste à côté de lui. Il me montre du doigt notre cible qui est en train de draguer dans un coin de la piste de danse, et mes yeux se fixent sur lui. C’est plutôt lui qui a eu un comportement stupide en se montrant ici. Ça fait plusieurs mois et il ne s’est rien passé depuis, certes, mais il va découvrir que je suis très, très rancunier.


Je sens le regard de Tony sur moi. Je sais qu’il me surveille. Mais je m’en fous.

Je vais être sage, si ça augmente nos chances de mettre la main sur lui. Mais après… pas de quartier.


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