top of page

Chapitre 135

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

Étant donné que Tainn attendait plus d’un bébé, l’obstétricien nous avait dit qu’il allait déclencher l’accouchement quelques semaines avant la naissance prévue, pour des raisons de sécurité, à la fois pour Tainn et pour les enfants. L’avantage, c’est qu’on avait su avec plus de précisions quand est-ce qu’elle serait libérée de sa grossesse, mais ça ne nous avait pas spécialement permis de nous préparer plus à l’idée non plus… Je crois qu’on n’est jamais prêt à devenir parent, et encore moins de jumeaux.


Ils sont bruyants, c’est certain, mais… qu’est-ce que je les aime déjà. Bien sûr, je me suis empressé de mitrailler le téléphone de mon frère de photos dès qu’on a eu notre premier moment de répit. Si j’en crois les emojis avec des cœurs dans les yeux de ses réponses, il les aime aussi.


Voici le petit Yoa…

… et la petite Yûya.

Julian n’a pas tardé à montrer le bout de son nez après la naissance. Il a fait tout un cirque, mais je crois que c’était surtout pour la forme… si j’en crois son comportement avec nos enfants.


« Qui c’est qui est la plus belle petite puce de l’univers ? »

Ugh, je vais vomir. Et il est pas mieux avec Yoa.

« Et ça va, tu te remets bien de l’accouchement ? »


Alors par contre, je comprends pas trop pourquoi Tony vient à chaque fois avec Julian… J’veux dire, ok, Tainn l’aime bien parce que c’est le patron de son oncle (et le mien), mais quand même. Non pas que ça me gêne hein, j’adore Tony ! Et c’est vrai que Chiyuki peut plus trop débarquer à l’improviste de toute façon…


J’en ai quand même parlé à Tainn, un soir après l’une de leurs visites. Elle m’a regardé très étrangement, genre « t’es sérieux ? ». Quoi ? C’est quand même pas idiot comme question, si ? Elle a eu un rire gentiment moqueur et s’est contentée de me répondre « Demande à Tony. ». Comme si c’était facile ! Et je lui demande quoi moi, au boss ? « Pourquoi vous filez le train H24 à Julian ? » Bonjour l’irrespect…



« Et tu es sûr qu’ils ont réellement accepté et qu’ils ne vont pas nous la faire à l’envers dans deux jours, hein ? me demande Tony en fronçant les sourcils.

— Mais oui ! Ils étaient super intéressés ! Et dans le pire des cas, j’ai pris des précautions.

— Des précautions… comment ? »


Je sors de ma poche un papier plié en quatre et le lui tends. Il le prend, l’ouvre et le parcourt des yeux.


« Oooh Kasai, tu n’as pas osé… ! s’exclame-t-il alors avec un grand sourire.

— Tu m’as demandé de prendre des risques, non ? »

« Oui mais là… bravo. Avec ce genre d’informations entre mes mains, ils vont y réfléchir à deux fois avant de tenter quoi que ce soit contre nous.

— Je le répète mais de mon point de vue ils avaient vraiment l’air chaud. J’veux dire… pour eux aussi c’est avantageux comme deal.

— Je vois déjà l’argent couler à flot… ! »

Je ricane en le voyant si content, et il me tape gentiment l’épaule pour me féliciter.


« C’est du bon boulot Kasai, je te pardonne cette visite à l’improviste ! Tu vas pouvoir – »


Il s’interrompt alors que de légers bruits de pas se font entendre dans les escaliers en métal qui mènent à l’étage. Son visage blanchit d’un coup, et on tourne tous les deux la tête pour voir Julian descendre les dernières marches :


« Caro*, tu n’as pas vu ma chemise blanche ? »

« Je la cherche part– Oh. Kasai. »


Un silence s’installe alors que tout le monde se fige. Bon bah j’aurais pas à trouver comment aborder le sujet avec Tony, finalement… même si j’aurais préféré ne pas voir l’oncle de ma copine à moitié défringué.


« … Elle doit être de mon côté de la penderie, regarde.

— Ok. »


Et avec un dernier regard nerveux dans notre direction, Julian remonte.

Tony pousse un gros soupir et s’adosse au canapé.


« Je comprends pas pourquoi vous me l’avez pas dis avant, commenté-je, mettant les pieds dans le plat. Vous savez qui étaient mes parents non ? Dans aucun monde possible je réagis mal. »

Tony secoue légèrement la tête et me regarde.


« Est-ce que tu sais en quoi consiste mon travail, Kasai ?

— Euh… Ben… Oui ? Enfin, peut-être pas tous les détails mais… oui.

— Tu sais alors que j’ai beaucoup, beaucoup d’ennemis. »


Je me redresse et l’observe avec un sourcil haussé. Où veut-il en venir ?


« Dans ce milieu, si tu montres la moindre faiblesse, c’est comme si tu signais ton arrêt de mort. Et ma plus grosse faiblesse… c’est Julian. »


Oh.


« Actuellement, les autres mafieux ne voient en Julian que mon bras-droit. Un bras-droit compétent, à qui je délègue beaucoup, certes, mais juste un bras-droit. Ils n’ont aucun intérêt à essayer de lui faire du mal ou à le kidnapper pour me faire chanter, parce que ça ne marchera pas. Ce n’est que mon bras-droit. J’en ai quinze qui peuvent le remplacer. Butez-le si ça vous chante. »


Il soupire encore.


« Sauf que c’est faux. Et si ça vient à fuiter, de quelque manière que ce soit… »

Je détourne les yeux.


« Mais… Vous savez que je dirais rien, hein ?

— Bien sûr, Kasai. Je te fais confiance, mais ce n’est pas tellement la question. Plus de gens ont connaissance d’un secret, plus il a de risque de s’ébruiter, c’est statistique. Tainn est la seule personne au courant. Même son père, le frère de Julian, n’en sait rien.

— Et vous l’avez dis à Tainn parce que… ?

— Parce qu’on n’a pas eu le choix. Elle nous a été confiée par les services sociaux de ses treize à ses quatorze ans, avant qu’ils estiment que son père pouvait la récupérer. Elle était suffisamment grande pour comprendre, et c’est difficile à cacher sous le même toit, comme tu viens de le constater assez aisément. Heureusement, elle n’avait aucun intérêt à en parler à quiconque, et elle a promis de garder ça pour elle.

— De ses treize à ses… Attendez… Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble avec Julian ?! »


Le regard de Tony se perd un peu dans le vague, comme s’il se remémorait des souvenirs, et un sourire doux prend place sur ses lèvres.

Il se tourne ensuite vers moi, et son sourire se transforme en rictus.


« Ça fait seize ans qu’on est mariés, Kasai. »


Ma tronche doit valoir le détour, puisqu’il explose de rire.


• BONUS •


* « chéri » en italien.



Je me suis servie des termes japonais « yoake » (夜明け) et « yûyake » (夕焼け) pour nommer les petits, j’ai juste enlevé le son « ke » (け) que je trouvais pas joli pour des prénoms. Le premier signifie « aube » et le deuxième « [embrasement du] soleil couchant ». J’aimais bien les significations opposées pour des jumeaux (ce qui ne veut pas dire qu’ils seront forcément des opposés en grandissant), et comme le soleil, quand il se lève ou se couche, rend souvent le ciel et les nuages roses… j’ai trouvé ça parfait.

5 vues0 commentaire

Comments


bottom of page