Je me retourne dans mon lit et ouvre les yeux, mais je ne distingue rien de plus que mon réveil qui affiche 3h42 du matin. Je soupire, bouge un peu pour essayer de retrouver une position confortable, mais je me rends vite compte qu’il faut que j’aille aux toilettes. Je me redresse alors en me frottant le visage. Est-ce que Kasai est rentré, d’ailleurs ? Quand je suis allé me coucher il y a quelques heures, il n’était toujours pas là, alors qu’il ne travaille pas aujourd’hui. Ça commence à devenir récurent…
Je me lève, me dirige vers la porte, et alors que je me demande ce qu’il peut bien faire de ses soirées en ce moment, je m’arrête net après avoir ouvert. Oh waw.
Oh. Waw.
Mon cerveau court-circuite quelques instants alors que je peine à détacher mes yeux de son joli postérieur, et je reprends mes esprits au moment où elle ouvre la porte de la chambre de Kasai pour y rentrer avec son verre d’eau.
Un grand sourire étire mes lèvres alors que la porte se ferme doucement derrière elle. Mon envie de faire pipi totalement oubliée, je retourne dans ma chambre et me met à rire. Y’a pas à dire frangin, tu me surprends de plus en plus !
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« Il faut que j’aille travailler…
— Nooon, reste… Encore un peu… »
Je sens le souffle de son rire dans mes cheveux qui me fait frissonner.
« Tu es un vrai bébé des fois, Kas… Je croyais que tu ne voulais pas tout de suite en parler à ton frère. Il va se lever bientôt, non ?
— C’est vrai… Mais bon…
— Ne t’inquiète pas, on va se revoir bien assez vite. »
Je la regarde un instant et m’approche pour l’embrasser.
Elle pose ses lèvres un peu trop délicatement contre les miennes, et je la soupçonne de se retenir pour ne pas abîmer son maquillage. Puis, elle m’enlace avec force.
« On dirait que moi aussi je vais te manquer, la charrié-je en riant.
— Tais-toi… »
Quelques instants plus tard, je referme la porte d’entrée derrière elle avec un soupir. Et j’entends quelqu’un se racler la gorge juste derrière moi. Je sursaute et me retourne, découvrant Yuki les bras croisés avec un sourire en coin aux lèvres.
« Elle est mignonne. »
« Je t’avais pas vu… »
« Je l’ai pas vue non plus là maintenant. En revanche, cette nuit, quand elle est sortie de ta chambre pour aller se chercher un verre d’eau… »
Je vois dans son regard qu’il se remémore les évènements. Instantanément, je vois rouge.
« Eh ! Je t’ai pas élevé comme ça ! On se rince pas l’œil sans le consentement de la personne ! T’es sérieux ?! »
Il lève tout de suite les mains en l’air en signe de défense.
« Non mais t’inquiète pas ! J’ai juste été extrêmement surpris de voir une si jolie fille en petite tenue dans notre cuisine… Loin de moi l’idée de lui manquer de respect, je te jure. »
Je me calme un peu suite à cette explication. Je le connais, je sais bien qu’il n’est pas comme ça, mais d’un autre côté, c’est aussi un adolescent plein d’hormones, alors…
Il soupire en voyant que je suis encore un peu sur mes gardes et m’attrape le poignet pour me traîner jusqu’au canapé. Il me force à m’asseoir avec lui.
« Ça fait combien de temps ? »
Ah, c’est parti pour l’interrogatoire…
« Quelques semaines.
— Et vous vous connaissez depuis combien de temps ?
— … Quelques semaines. »
Cette réponse le fait éclater de rire.
« Wouah, je pensais pas que t’étais un tombeur Kasai ! »
Je ne peux m’empêcher de rire aussi.
« Ben alors, te fais pas prier, raconte !
— Euh… Comment dire… C’est la nièce d’un de mes supérieurs en fait, et il cherchait quelqu’un pour lui faire visiter la ville parce qu’elle vient d’emménager ici, alors je me suis porté volontaire, expliqué-je en modifiant légèrement la réalité. »
Il n’a pas besoin de savoir que j’ai pas eu le choix, haha…
« Et en fait, je sais pas, il s’est passé un truc quand je l’ai vue… J’ai cru au départ que je la trouvais simplement très jolie, mais… on a visité la galerie du quartier des arts, et… on a très vite commencé à flirter. Ça s’est fait très naturellement, j’ai presque rien vu venir. »
Je souris en voyant son air faussement scandalisé, et continue.
« J’ai jamais eu personne, et elle, elle a juste eu un copain au lycée pendant quelques mois, mais c’est tout. On n’avait aucune idée de ce qu’on faisait. On a été boire un verre après le musée, et une chose en entraînant une autre…
— Ah, je veux pas ces détails là hein !
— J’allais pas te les donner, t’inquiète… »
Yuki hoche la tête, l’air de réfléchir, puis demande :
« Pourquoi tu me l’as pas dis avant ? J’aurais rien dis… J’aurais même été content pour toi. Comme je le suis maintenant. »
Je lui fais un sourire rassurant.
« Ce n’est pas contre toi. J’avais simplement envie qu’on garde ça pour nous dans un premier temps, voir où ça nous menait… Tu comprends ?
— Oui, je crois.
— Et puis… Moins de personnes sont au courant, mieux c’est. Tu sais, je t’ai dis que c’était la nièce d’un de mes supérieurs. Et ben… Si jamais il estime que je suis pas assez bien pour elle, je pourrais avoir des soucis au travail (ou des soucis beaucoup plus sérieux, mais hors de question que je le dise à Yuki, évidemment) et je peux pas me permettre de perdre mon boulot alors que maintenant on a presque de quoi refaire la peinture et colmater les fissures de cet appartement moisi ! »
Ma dernière remarque a au moins le mérite de le faire pouffer.
« Ça serait quand même pas cool de sa part de réagir comme ça… J’veux dire, je la connais pas, mais elle est adulte, elle est assez grande pour prendre ses propres décisions !
— Oui, c’est évident, mais avec lui, je me méfie… Je préfère être trop prudent que pas assez.
— Ok… Et elle s’appelle comment, au fait ? Je t’ai même pas demandé ! »
Je repars alors dans mes explications, je lui parle de Tainn, ce que j’aime chez elle, ses petites habitudes que je commence à reconnaître, ses expressions trop mignonnes…
Il m’écoute avec un sourire tendre, et je me rends compte qu’en fait, j’avais besoin de partager mon tout récent bonheur avec quelqu’un. Je suis vraiment content d’avoir Yuki près de moi.
Bientôt, il doit mettre fin à notre conversation pour se préparer à aller au lycée, mais il me fait promettre de la lui présenter un de ces quatre. Je hoche la tête. Ça sera plus facile maintenant qu’il est au courant, en tout cas.
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