top of page

Chapitre 130

Photo du rédacteur: ongatheringsimsongatheringsims

Bon ben voilà, on y est… Je vais être majeur aujourd’hui… Arthur et Maël nous ont invités chez eux pour l’occasion. J’ai pas mal discuté avec Arthur depuis que je l’ai croisé au bar, et il a été scandalisé quand il a appris que j’allais fêter mon anniversaire seul avec mon frère. Si vous voulez mon avis, il en fait un peu trop, mais bon… Je suppose que c’est sa manière à lui de renouer avec mon père, quelque part.


Nous avons ainsi dégusté l’excellent gâteau qu’avait préparé Maël une fois mes bougies soufflées, et ensuite nous nous sommes installés au salon pour discuter.


« Vous avez pris beaucoup de votre mère, mais je reconnais quand même pas mal Aran en vous…, murmure Maël en nous observant à tour de rôle.

— Chéri, tu as un manque de tact affligeant, des fois… »

Je ne peux m’empêcher de sourire. Même si c’est toujours assez douloureux de parler de nos parents, c’est quand même agréable d’entendre parler d’eux avec autant de douceur.


« Oh, excusez-moi les garçons…

— Ne t’inquiète pas, y’a pas de mal ! le rassure Yuki avec sa gentillesse légendaire. Vous pouvez… nous parler un peu d’eux ? Si tu es ok, Kasai…

— Oh. Oui, bien sûr. C’est vrai que tu ne dois pas te rappeler ni d’Arthur ni de Maël, tu étais trop petit au mariage de papa et maman… »


Arthur me regarde et ajoute :


« C’est vrai que même toi, tu n’étais pas bien grand… Le mariage doit être la dernière fois que j’ai vu tes parents en votre présence. Pareil pour Maël. Il faut dire que nous étions pas mal occupés, avec nos carrières respectives… »

« Tu dansais avec papa, alors ? demande Yuki. C’est comme ça que tu l’as rencontré ?

— Oui. Enfin, je le connaissais avant, de réputation. Votre père est quelqu’un qui a beaucoup aidé la communauté transgenre, vous le savez, n’est-ce pas ? »


Yuki affiche une expression surprise, montrant son ignorance, et moi je hausse les épaules.


« Je savais qu’il allait dans des centres d’accueil pour les personnes LGBT en situation précaire pour administrer des soins gratuitement, mais j’avoue que ça ne va pas plus loin…, avoué-je, légèrement gêné d’ignorer une grande part de sa vie comme ça. Lui et maman nous ont élevés dans la tolérance d’autrui, et je sais qu’avant d’être danseur professionnel papa était médecin, mais je ne connais pas vraiment les détails… »


Il y a un court silence, puis Maël prend la parole :


« Votre père a toujours été un altruiste ! Lorsqu’il était adolescent, il s’est dégoté un petit boulot pour aider votre tante Syrah à payer son opération de transition. Il s’est lancé à fond dans la médecine pour pouvoir combattre la discrimination que subissent les personnes trans. »

« J’ai été honoré de le rencontrer, continue Arthur. Ma transition remontait à bien avant notre rencontre, mais je connaissais beaucoup de gens qu’il avait aidé. Vous pouvez être fier de lui. »

On a parlé de maman aussi, comme quoi elle avait aussi aidé beaucoup de gens via son métier d’avocat. Elle allait aussi souvent conseiller des gens sur ce qu’ils pouvaient faire en terme de recours juridiques au même endroit où papa pratiquait bénévolement la médecine.


Je suis fier d’être leur fils, c’est certain. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne pourrait pas être plus différents…



« Comment ça, c’est pas possible ?

— Tu peux pas venir me voir et me donner un délai aussi court ! Je fais comment moi ? Tu te rends pas compte Julian. »

« Tu rigoles, j’espère ? Ça fait trois mois qu’on te le demande, tu crois vraiment que je vais avaler tes conneries ?

— Oui mais… C’est pas si simple…

— Pas si simple ? Tu veux que je t’envoie t’expliquer avec Tony, plutôt ? »


Je suis de dos donc je ne vois pas l’expression de Stan, mais je devine qu’il vient de blanchir comme un linge.


« N-Non, attends, Julian, on peut discuter, non ?

— On fait que ça, et ça donne rien. J’ai plus trop de recours, hein.

— Ok, ok… Je… Demain. Demain, ça sera fait. »


Bon… Ils en ont encore pour longtemps… ? J’en ai marre de faire le guet…

Des voix provenant de l’autre côté de la rue attirent mon attention. Oh, oh…


« Le temps se gâte, annoncé-je, coupant Stan au milieu de sa phrase alors qu’il tente de se dépêtrer de la situation peu enviable dans laquelle il s’est fourré. »


J’entends Julian soupirer et dire à son interlocuteur de déguerpir. Ce dernier n’hésite pas une seconde et s’enfuit sans demander son reste. Je suis rejoins par mon formateur pile au moment où les deux policiers passent devant la ruelle. Ils se tournent vers nous, et contre toute attente (du moins, la mienne), ils sourient.


« Julian ! Bah alors, ça pour une surprise ! s’exclame la femme. T’as pas changé d’un pouce ! »

« Arrête de me flatter Saïma, j’ai pris des rides, je le sais… !

— Mais non, tu es toujours aussi charmant ! »


Et ils rient, tous les deux. Ils se mettent à prendre des nouvelles l’un de l’autre, pareil avec l’autre policier qui semble moins bien le connaître mais un peu quand même. La conversation s’éternise un peu, puis ils prennent congés, expliquant qu’ils doivent continuer leur ronde dans le quartier.


J’avoue être… surpris.


« Évidemment que vous avez pas de problème avec les flics si vous les avez tous dans la poche comme ça…, commenté-je en les regardant s’éloigner.

— C’est très important d’avoir des amis bien placés, Kasai, me répond-il en se mettant en marche. »

Je lui emboîte le pas, et il ajoute :


« On va retourner voir Stan. Je ne voudrais pas qu’il se sente trop en sécurité. »


Je ne peux pas m’empêcher de ricaner. Ça fait trois semaines que je suis Julian partout, et je crois que je ne me suis jamais autant amusé de ma vie. En plus, je sais que jamais Yuki ne sera embêté par personne à San Myshuno, puisque je comprends de plus en plus qu’ils ont la main sur littéralement tout ici. C’est tout bénef. Tony me l’avait dit déjà, mais de le voir de mes propres yeux c’est assez… impressionnant.


« Ce que je veux avant tout, c’est que les gens de cette ville soit en sécurité. Bien sûr, je demande une petite compensation en échange, mais c’est rien du tout par rapport à la paix que je leur apporte, tu peux me croire ! Ça marche plutôt bien. Ce qui est arrivé à tes parents… Jamais ça se serait produit ici. Alors oui, ça implique de faire peur à quelques personnes de temps en temps, et à utiliser certains moyens pas très légaux pour les tenir à carreaux, mais ça vaut carrément le coup. »


Voilà ce que me répète Tony de temps en temps, formulé plus ou moins différemment. Je sais qu’ils demandent des services à certains personnes aussi, comme Stan, mais de manière générale, la violence pure, ils aiment pas trop. Enfin, de toute façon, moi, tant que Yuki est en sécurité, le reste, je m’en tape, et je m’adapte.



Travailler en compagnie de Julian, ça veut aussi dire un peu se plier à ses quatre volontés… et je l’apprends régulièrement à mes dépends. Ce soir, on est au Blast, le bar de Tony, et on joue en attendant qu’il ait fini de s’occuper d’un client.


« Eh, Kasai.

— Hm ? murmuré-je en réfléchissant à mon prochain coup. »

« Ma nièce vient d’emménager en ville. J’aimerai que tu la lui fasses visiter. »


Je redresse la tête, les cartes toujours en main, et hausse un sourcil.


« T’as rien de mieux à me confier… ?

— Non, répond-il avec un sourire narquois.

— Il va falloir que tu me fasses un peu plus confiance que ça hein… Sinon je ne progresserais jamais. »

« Tu penses que je mettrais ma nièce entre les mains de n’importe qui ? »


Je sens mes joues s’enflammer. J’aurais vraiment dû me taire.


« Je…

— Joue. »



C’est comme ça que, quelques jours plus tard, je me retrouve à attendre au milieu du quartier des arts que la nièce de Julian me rejoigne. Il ne m’a même pas donné son prénom, cet abruti ! Je vais avoir l’air malin moi. Et je sais pas non plus à quoi elle ressemble, sinon c’est pas drôle.

Alors que j’essaie d’imaginer une version de Julian avec des traits plus doux et des cheveux longs, j’entends une voix m’interpeler.


« Bonjour, vous êtes bien Kasai ? »


Je tourne la tête, un peu encore dans mes pensées, et mes yeux tombent sur une paire de mains manucurées.

Je remonte les yeux immédiatement, réalisant que ce n’est pas très poli de ne pas regarder les gens dans les yeux, et je sens mon souffle se couper.


« Excusez-moi, je suis un peu en retard. »

« Y-Y-Y’a pas de mal… »


C’est quoi ça ?! J’ai jamais autant galéré à formuler une phrase de ma vie… Elle penche la tête sur le côté, intriguée. Oh merde… elle est beaucoup trop mignonne. Et moi j’ai l’air d’une andouille. Reprends-toi Kasai ! Commence par le début ! Que les leçons de Tony te servent, bon sang !


« J-Julian m’a demandé de vous faire visiter la ville, mais il ne m’a même pas donné votre prénom…

— Ah, ça lui ressemble bien d’oublier un détail si important…, répond-elle en riant. Je m’appelle Tainn.

— Très bien. Alors, enchanté de faire votre connaissance, Tainn. »


Et sans bégayer, hop !


« Vous comptiez me faire visiter le musée ? demande-t-elle, apparemment amusée par ma formalité, en pointant l’édifice derrière moi.

— Oh, euh… Je me suis dis que c’était un bon point de départ, mais… on peut aussi se balader dans le quartier, ou… ou autre chose. C’est comme vous voulez.

— C’est très bien, ne vous inquiétez pas ! »


Elle commence alors à se diriger vers l’entrée avant de tourner la tête dans ma direction. Je me force à rester attentif et trottine pour la rattraper et lui emboîter le pas.


« C’est la première fois que je viens ici, c’est un peu une découverte pour moi aussi…, annoncé-je un peu gêné.

— C’est encore plus amusant alors, de découvrir un lieu ensemble ! »

Je ne peux m’empêcher de sourire. Peut-être que ça sera moins une corvée que prévu, de jouer le guide touristique.

3 vues0 commentaire

Comments


bottom of page