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Chapitre 128

Aujourd’hui, étrangement, Tony m’a donné rendez-vous chez lui plutôt qu’au bar. Je dois bien avouer que sa maison m’impressionne… Elle n’est absolument pas discrète, contrairement à ce que j’aurais pensé. Il ne doit vraiment pas être soupçonné des autorités pour vivre dans un endroit pareil…

« Ah, Kasai, je t’attendais ! s’exclame-t-il en ouvrant la porte. Suis-moi, on sera mieux dans le salon.

— Vous avez… une grande et belle maison...

— Merci, c’est une ancienne usine que j’ai faite rénover entièrement, j’en suis plutôt fier. »

Il se dirige vers des escaliers en métal et les emprunte alors que je lui emboîte le pas. Lorsque nous arrivons en haut, j’ai à peine le temps de remarquer que nous ne sommes pas seuls que l’homme assis en face de nous se met à parler :


« Alors c’est lui, le petit chiot égaré que tu as recueilli ? »

Je fronce les sourcils et j’entends Tony qui pousse un soupir à côté de moi.


« Aux dernières nouvelles, j’avais pas spécialement besoin de te consulter, Julian.

— Non, mais bon. Quand c’est pour que tu me demandes de m’en occuper après… »

Comment ça ? Je regarde Tony avec un air interrogatif, alors ce dernier s’approche du dénommé Julian avant de se tourner vers moi.


« Cette andouille, c’est Julian, mon bras droit. Quand t’as une question et que je suis pas dispo pour n’importe quelle raison, il peut répondre. Et c’est aussi lui qui va te former. C’est un abruti mais il est compétent.

— Toujours tant de termes élogieux à mon égard, rétorque Julian, non sans amusement dans la voix. »

Intimidé, je me contente de lui faire un signe de la main. Cependant, ça ne semble pas lui plaire puisqu’il se renfrogne immédiatement.


« Tony. Tu m’as dis prometteur.

— Et c’est vrai ! Laisse-le, le pauvre, tu fais peur, il faut bien l’admettre ! »


Julian se gratte la tête et se lève de sa chaise avant de se diriger vers ce qui semble être la cuisine.


« Ok. Suis-moi, gamin. »


Tony place sa main dans le haut de mon dos et m’invite à obéir. Julian s’installe à table, alors je fais de même, en face de lui. Tony nous rejoint également.


« Tu fais du sport ?

— Euh… Non, pas vraiment… Juste du vélo pendant les livraisons. »


Il jette un œil à Tony qui fait semblant de s’ennuyer. Ce dernier lui lance un sourire charmeur qui le fait soupirer.


« Bon. Il va falloir t’y mettre. J’ai besoin que mes gars soient endurants. »

« Je… Je suis désolé mais… Je ne sais toujours pas à quoi je vais vous servir…

— Pour l’instant, peu importe, j’ai juste besoin que tu sois en forme. Et va falloir que tu travailles un peu ton bagou aussi. Si t’es pas au moins capable de mentir correctement, tu me sers à rien. »


Je ne peux pas m’empêcher de lancer un regard terrifié à Tony, mais Julian claque des doigts devant mes yeux.


« Eh, c’est par là que ça se passe.

— Pardon ! »


Tony lâche un rire et se lève en faisant racler la chaise.


« Bon, je vois que tu as les choses bien en main. Je vous laisse, j’ai des trucs à faire. Si vous me cherchez, je suis dans le bureau à l’étage. »


Et il s’en va. Je me tends encore davantage maintenant qu’il n’est plus là. Julian hausse un sourcil.


« Attends, t’es rassuré quand il est là ? Tu sais que de nous deux, c’est moi le gentil, hein ? »

Je déglutis. J’ai tendance à oublier qui je fréquente, apparemment. Cependant, il ne me laisse pas le temps de méditer ses paroles qu’il repart dans ses attentes me concernant. Il m’incite, entre autres, à rester discret dans tous les contextes, et à bien bosser à l’école parce qu’apparemment, la culture, ça sert dans tous les métiers… Je hoche la tête à tout ce qu’il me dit, faisant de mon mieux pour ne pas l’énerver à nouveau. Ça semble marcher puisqu’il ne me reprend plus.


« Bon, on va se revoir quelques fois avant ta majorité, mais je vais globalement te laisser tranquille. Ta véritable formation commencera quand tu attendras tes dix-huit ans. Malheureusement, j’ai l’impression que tu ne pourras t’endurcir qu’en bossant pour nous à temps plein, donc ça attendra.

— Très bien, acquiescé-je alors qu’un frisson fait se dresser les cheveux sur ma nuque.

— Tu peux filer, je te retiens pas plus. »


Je me lève et lui fais un signe de la tête avant de décamper en vitesse. L’ambiance dans cette maison est encore plus étouffante que dans le bar de Tony…



Un peu plus tard, dans les hauteurs de l’ancienne usine, Julian monte voir Tony. Il le trouve dans la chambre en train de regarder San Myshuno par les grandes baies vitrées.


« Alors, comment ça s’est passé ? demande l’homme blond dont le sourire se reflète sur la fenêtre en face de lui.

— Il s’est passé que tu as encore eu la folie des grandeurs. C’est un gamin ! Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? En quoi est-ce qu’il est prometteur ?

— Ah, mon cher Julian… Il est prometteur pour deux raisons très simples. »

« La première, c’est qu’il a quelqu’un à protéger, et ça le rend très facilement manipulable. La deuxième, et la plus importante, c’est qu’il existe en lui une rage qui ne demande qu’à s’exprimer. »



J’ai écouté Julian. Ça n’a pas été très difficile, puisque Chiyuki est devenu un féru de basket depuis que nous vivons à San Myshuno, et il a été ravi quand je lui ai demandé si je pouvais l’accompagner. Bon, évidemment, il s’est beaucoup moqué de mon manque d’endurance, mais il a fini par prendre son rôle de coach au sérieux, et on a instauré une petite routine sportive à pratiquer tous les deux, ou avec les gens qui passaient par-là.


« Tu verras, ça vient tout seul au bout d’un moment ! T’auras même plus à réfléchir ! »

« Mouais, en attendant j’ai pas mis un seul panier aujourd’hui, l’informé-je en riant. »

« Ah c’est le jeu, on peut pas être bon tout le temps ! Tiens regarde, comme ça… !

— Ok… »

La balle rebondit sur le cerceau métallique et ne rentre pas du tout dedans, ce qui me fait lâcher ma propre balle à cause d’un fou rire soudain. Vexé, Yuki me pousse et je manque de tomber par terre tellement je ris. Finalement, c’est pas plus mal d’être obligé de faire du sport si je m’amuse autant… !

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