top of page

Chapitre 108

  • Photo du rédacteur: ongatheringsims
    ongatheringsims
  • 21 févr. 2022
  • 5 min de lecture

Aujourd’hui, ça y est, j’ai eu la confirmation : je suis accepté à la fac de médecine de Willow Creek ! Je suis trop content, je vais pouvoir économiser encore pour mon lointain déménagement à Windenburg. Oui, parce que j’en démords pas, hein. Ça sera là-bas ! Bon, y’a une partie de mon argent que je destine à Syrah, comme prévu. Avec papa et maman, on a parlé avec Max, et on a décidé de faire une cagnotte pour l’aider à payer les deux – probables – opérations qu’elle aura à subir. Je suis évidemment très angoissé par les éventuelles complications qu’elle pourrait avoir, mais c’est le cas avec toutes les opérations, donc je vais la soutenir jusqu’au bout, cela va de soi.


J’ai trouvé le courrier dans la boîte aux lettres en revenant du lycée. Je suis tout content, et quand je rentre, je m’empresse d’aller voir maman qui est là pour lui annoncer. Sauf qu’elle pleure. Alors je m’arrête net. Elle a le téléphone dans les mains.


« Maman… ?

— Oh, bonjour mon poussin…

— Qu-qu’est-ce qu’il y a… ?

— Ce… C’est Sonia… Elle est… »


Je n’attends pas qu’elle en dise davantage et je la sers fort dans mes bras.

Et bien sûr, je pense à Aude, aussi… qui vient de perdre sa dernière maman… Elle ne devait pas le savoir quand on s’est vu ce matin. On a l’habitude de se retrouver pour discuter un peu avant notre journée, et le soir, comme elle est en prépa, elle a pas trop le temps, même si c’est dans le même lycée. Elle ne m’a pas envoyé de message mais elle doit avoir bien d’autres choses à penser… Elle se retrouve toute seule, maintenant… Son autre maman est morte il y a quelques temps, mais là… Heureusement, je crois que son oncle (Elliot, il me semble ?) est toujours en vie, il va probablement s’occuper d’elle. C’est sûrement lui qui a appelé maman d’ailleurs. Maman qui elle, perd sa meilleure-amie…


Ça fait froid dans le dos, tous ces décès soudains.



Je suis vraiment un idiot. J’aurai dû me méfier, vous ne pensez pas ? Tous les proches de mes parents qui meurent, les uns après les autres ? Mais eux, qui tiennent encore sur leurs deux jambes ? Forcément que ça n’allait pas durer. Mais en même temps, je n’aurai bien sûr rien pu faire, même si je l’avais su à l’avance…


Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Et je le fête sans eux. Puisqu’ils sont décédés la semaine dernière. A un jour d’écart. Papa a eu une attaque, et maman n’a pas supporté sa mort, alors elle l’a suivi. Je sais qu’elle n’a pas voulu m’abandonner, mais elle est partie à sa suite comme si c’était la chose la plus naturelle du monde…


J’aurai pu inviter Aegis et Syrah, mais j’avais envie de voir personne aujourd’hui, alors voilà. On s’est soutenu mutuellement cette semaine tous les trois, mais ce soir, là, j’ai… envie d’être seul.

Malgré mon deuil, j’ai réussi à me motiver à faire un gâteau et à allumer quelques bougies. Je rentre dans la majorité, ça se fête normalement.


Je passe les doigts sur la poche de mon jean qui contient mon téléphone. Aude m’a envoyé un message pour me souhaiter mon anniversaire, tout en me disant qu’elle comprenait tout à fait pourquoi j’avais envie d’être seul. Et dans le même message, elle me gronde en me disant que j’ai intérêt à le fêter dignement. Cette fille est fantastique, je vous l’ai déjà dis ?


Allez, hop, on n’en parle plus.

Maintenant, j’ai tous les trucs liés à l’administration de la fac à gérer en plus… ainsi que la vente de la maison, même si les filles vont m’aider avec ça. Syrah et Max ont une chambre d’ami, je vais loger chez eux le temps de mes études. Hors de question que je reste tout seul dans cette grande baraque…


Trop de bons souvenirs. Et trop de mauvais, aussi…


Je secoue la tête alors que je sens les larmes remonter. Je devrais m’estimer heureux, ils ont vécu longtemps, tous les deux. J’ai pu profiter d’eux jusqu’à l’âge adulte, ou presque.


J’essaie de me répéter ça, mais ça ne rend pas la chose plus facile… Depuis que je suis rentré au lycée, j’ai toujours eu l’impression d’être submergé, entre les devoirs, le petit boulot, la danse. Mais là, devoir continuer de m’occuper de plein de choses parce que rien ne peut attendre juste après la mort de mes parents, c’est pire que tout.

Heureusement que j’ai le soutien d’Aude et de mes frangines. Je sais pas comment j’aurai fais sinon…



« Tu es sûr que tu as tout ce qu’il te faut ?

— Mais oui Syrah… C’est Roy et Eyleen que tu dois materner, pas moi. J’ai vingt-cinq ans, tu sais ?

— Aah, oui, je sais, mais mon petit frère adoré va entrer dans le monde impitoyable du travail hospitalier… J’ai le droit de m’inquiéter non ? »

Je la lâche et lui souris. Je ne lui serais jamais assez reconnaissant de m’avoir accueilli à bras ouverts comme elle l’a fait. Certes, je suis son petit frère, mais quand même, c’est quelque chose, d’avoir une bouche en plus à nourrir ! Surtout un étudiant ! En plus, quand les enfants sont arrivés… Enfin bref.


« Bon, tu m’envoies un message quand tu arrives, hein. Je vais m’inquiéter sinon.

— T’inquiète pas. Aude me rejoint à la gare, je risque pas de me perdre !

— Tu es sûr de vouloir te mettre en colloc avec elle ? Je sais que tu es am–

— Taratata, on verra comment ça se passe, mais je suis parfaitement capable de contenir mes sentiments, s’ils existent encore ! On s’est vu que quelques fois ces sept dernières années, ça a peut-être changé, qui sait… »

Je n’y crois pas du tout, je sais que mon amour pour Aude n’a jamais diminué (malgré les quelques personnes que j’ai fréquentées pendant mes études) … Elle ne sait rien de tout ça, mais je ne voulais pas faire un pas vers elle alors qu’on n’étudiait même pas dans la même ville !


Syrah me regarde en haussant un sourcil. On dirait qu’elle non plus n’y croit pas du tout ! Mais elle ne dit rien et se contente de s’adresser à la porte de la troisième chambre de la maison.


« Roy ! Eyleen ! Venez dire au revoir à tonton ! »


Les monstres déboulent soudainement, Eyleen un peu à la traîne puisqu’elle a encore du mal à se déplacer sur ses deux petites jambes.


« ‘Veux pas que tonton i’s’en aille… »

« Oooh, mais ne t’inquiète pas petite princesse, on va se revoir très vite, d’accord ? lui dis-je en la prenant dans mes bras. »

« P’omis ?

— Promis. »

« Tu m’dis quand t’as fini le favoritisme tonton ! s’exclame Roy qui s’est mis à jouer à l’ordinateur en attendant.

— Oh mais c’est qu’il est jaloux de sa petite sœur ? Tu veux un gros câlin toi aussi ?

— Eh, non, j’suis plus un bébé ! »


J’entends Max et Syrah rire alors que je pose la petite par terre pour aller voir mon grand neveux.


« Alors comme ça, maintenant que t’as eu sept ans, t’es plus un bébé, hm ? Donc… pas de câlin d’au revoir ?

— Euh, je… en fait si ! »

C’est bien ce qu’il me semblait. Chenapan… !


« Tu vas trop me manquer tonton, j’aimais trop danser avec toi !

— Tu vas me manquer aussi mon grand. Mais tu vas devoir réquisitionner tes parents pour ça maintenant ! »

Il rigole en disant que c’est pas pareil parce que eux, ils sont nuls, et s’éloigne de moi pour pouvoir me faire un check. Je me tourne ensuite vers Max qui s’adresse à moi :


« Tu es le bienvenu quand tu veux Aran, c’est chez toi ici. Si jamais la pression de l’internat te pèse trop, tu sais que tu peux revenir ici peu importe le jour ou l’heure, ok ?

— Oui, merci beaucoup Max. Ça veut dire que je garde le double des clés ?

— Évidemment, quelle question ! »

Je leur fais à tous une dernière embrassade, et j’attrape ma valise avant de quitter la maison. Direction la gare ! Mais pas pour Windenburg pour l’instant. Il faut que je fasse un petit arrêt à Oasis Springs d’abord.

Comentarios


bottom of page