Ma grande fille devient une adulte aujourd’hui… Ça ne fait que quelques mois que Syrah est adulte, et la voilà suivie de prêt par Aegis ! Ça pour un coup de vieux, c’est un coup de vieux… ! Mais je veux que tout soit parfait, alors je m’attèle au repas dès l’après-midi. On va manger tous ensemble dehors, en espérant que le temps gris ne se transforme pas en temps pluvieux, et ensuite elle soufflera ses bougies… et sera officiellement une adulte.
Le pire je crois, c’est que Théo sera là, et elle repart directement avec lui, le soir même. C’était le plus simple… mais ça veut aussi dire que tout va aller très vite. Mon pauvre petit Aran, qui ne supporte déjà pas trop l’idée de voir une de ses deux grandes sœurs partir…
Une fois que le repas est au four, je monte dans la chambre d’Aegis pour vérifier que tout est prêt. Je constate que c’est le cas. Ça fait bizarre, quand je compare à avant…
Mais bon. Je ne vais pas l’empêcher de voler de ses propres ailes, quand même ! Et elle m’a assurée qu’elle viendra nous voir autant que possible. J’y compte bien, mademoiselle, lui ai-je répondu. C’est qu’elle oubliera sa vieille mère ! Bon, j’ai encore quelques temps devant moi avant d’avoir des cheveux blancs, mais ça ne saurait tarder… Maintenant, c’est Aran qui va me rappeler tous les jours que je vieillis ! Rah, il faut que j’arrête de focaliser là-dessus.
Et voilà, tout le monde va arriver, et je suis assez fière de ma table !
En plus, mon plat au poisson sent extrêmement bon. J’espère qu’Aegis va l’aimer !
Les invités arrivent petit-à-petit, et Albae et Olivier sont désolés de m’apprendre que Maël est malade, et qu’il a dû garder le lit. C’est le frère d’Olivier qui le garde. Je suis déçue pour Aran, qui aurait eu un enfant de son âge pour jouer, mais bon. Il faut bien qu’il se repose, le petit père !
« Wouah maman c’est trop bon ! s’exclame ma fille la bouche pleine, soutenue immédiatement par mon autre fille qui hoche la tête aussi, le nez penché sur son assiette. »
Aran semble se régaler aussi, alors je me laisse tenter également. Théo fait tomber sa fourchette par terre et lorsqu’il se lève pour la ramasser, Aegis se moque en lui disant que les cheveux gris, ça ne le réussit franchement pas.
« Non mais dites-donc jeune fille, vous allez avoir un peu plus de respect pour votre vieux père ? répond-il en riant et en se rasseyant. Attention, sinon, tu dors sur le perron, et pas dans la maison !
— Mouais, j’suis sûre t’es même pas cap’ de me mettre dehors !
— Bien sûr que non, et c’est bien triste. »
Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire en même temps qu’Aegis et Syrah, tandis qu’Aran nous regarde sans comprendre.
« Mais pourquoi tu voudrais faire dormir Aegis dehors, Théo ? C’est pas gentil !
— C’est une blague mon grand…
— Oh, d’accord… »
De l’autre côté de la table, Valentin et Olivier semblent engagés dans une grande discussion.
Je ne sais pas ce que c’est, mais ça fait rire mon mari. Si tout le monde s’amuse, c’est tout ce qui compte ! Le repas se passe tranquillement, puis vient l’heure du soufflage de bougies. Je me lève et vais chercher le gâteau que je positionne sur la table. Sans attendre, Aegis se lève et éteint toutes les petites flammes d’un seul coup, sous les encouragements de son petit frère et de sa grande sœur.
Ça y est, c’est une adulte, et elle a l’air ravi !
« Tu vas me manquer ma chérie, mais je te souhaite de réussir à faire ce que tu veux de ta vie.
— Merci maman, mais ne t’inquiète pas, je ne serais jamais vraiment bien loin ! »
Je cache l’unique larme que je n’arrive pas à empêcher de couler et me recule pour la regarder. Elle est devenue une très belle et intelligente jeune femme, je ne peux qu’être fière.
Est arrivée finalement l’heure du grand départ. Tout le monde a aidé à charger la voiture de Théo, et ils s’apprêtent maintenant à partir. C’est qu’ils ont un peu de route à faire, donc il ne faut pas qu’ils tardent trop. Théo nous dit au revoir et nous laisse entre nous pour les adieux, décidant d’aller attendre dans la voiture.
C’est bien sûr Aran qui lui a sauté dans les bras en premier.
« Tu vas trop me manquer Ae’ !!
— Toi aussi tu vas me manquer bonhomme. Mais t’inquiète, on va se revoir vite !
— J’espère… »
Il la lâche et étouffe un bâillement. Je l’encourage à aller se coucher et c’est ce qu’il fait, un peu à contre cœur quand même, je le vois bien.
Aegis se tourne vers Syrah qui lui fait un grand sourire.
« Je crois que je n’aurai pas pu rêver meilleure sœur que toi. Tu ne sais pas à quel point tu m’as aidée, vraiment.
— Arrête Syrah, on dirait qu’on va plus jamais se voir quand tu parles comme ça… !
— Aha, c’est vrai, mais même, j’avais besoin de te le dire.
— Occupe-toi plutôt de devenir une programmeuse de génie !
— Ça marche. »
Elle se prenne dans les bras aussi après, puis Aegis se tourne vers nous deux.
« Val, maman… Vous allez me manquer. Et Val, change rien, t’es un super type et un super papa, même si t’es pas le mien.
— Merci Aegis, ça me touche ce que tu dis. »
Moi, j’ai déjà plus ou moins eu mes au revoir tout à l’heure, mais on se refait un câlin quand même, parce qu’on n’en fait jamais trop à sa mère, hein !
On échange encore quelques mots tous les quatre, et elle finit par prendre son dernier sac avec elle et quitter la maison avec de grands signes. Un chapitre qui se termine, et un autre qui commence…
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